Y a-t-il trop d'épreuves aux Mondiaux de natation ?
Papillon, brasse, dos, crawl. Le tout sur 50, 100, 200, 400, 800 et 1 500 m, sans oublier les relais. Il y a de quoi s'y perdre.
Neuf jours de compétition et quarante épreuves. C'est le programme – chargé – des Mondiaux de natation, qui se déroulent du 27 juillet au 4 août à Barcelone (Espagne). D'où une certaine impression de tournis pour le néophyte. Accrochez-vous : chacune des quatre nages (brasse, crawl, papillon, dos) dispose de plusieurs courses (50, 100, 200, 400 m…), avec des relais et des épreuves combinées, comme le 4x100 m quatre nages, qui récompense les sportifs les plus complets. Faut-il limiter le nombre d'épreuves ?
Non, car le public (et la télé américaine) en redemande
"A chaque fois qu'on propose de la natation, les audiences sont très bonnes", reconnaît le directeur des sports du Comité international olympique (CIO), Christophe Dubi, cité par USA Today (en anglais). La natation a rattrapé l'athlétisme dans le cercle fermé des sports de catégorie A – comprenez ceux à qui le CIO reverse le plus d'argent. Le triomphe de Michael Phelps aux JO de Pékin figure toujours au panthéon des meilleures audiences de la télévision américaine.
Non, car les disciplines n'ont rien à voir
Un Michael Phelps, qui brillait dans plusieurs nages sur des distances entre 100 et 400 m, demeure une exception. C'est l'avis de l'ex-entraîneur de Yannick Agnel, Fabrice Pellerin. Dans une interview au Monde en avril (article payant), il déclarait : "On est allés vers une telle spécialisation des organismes, de la motricité et de la préparation, que quand on gagne sur une distance, il est difficile de gagner sur une autre. Regardez les finalistes du 200 m à Londres : aucun d'entre eux, à part Yannick, n'est sur la finale du 100 m. Certains étaient sur 200 et 400, mais il n'y a pas eu de doublé. Même la combinaison 50-100, je ne suis pas sûr que ça soit facile à mettre en œuvre." Lors des Mondiaux de Barcelone, seule l'Américaine Missy Franklin a réussi une moisson de médailles, avec quatre breloques en or pour autant de courses.
Oui, car le nombre de courses n'arrête pas de croître
Le programme est plus copieux qu'aux Jeux olympiques. A Londres, en 2012, n'étaient programmées "que" trente-six épreuves, sans oublier la natation synchronisée, les concours de plongeon et les courses en eau libre de plusieurs kilomètres.
Et ce n'est pas fini. Pour les JO de Rio (Brésil), en 2016, la Fédération internationale d'athlétisme a proposé de rajouter d'autres épreuves, relève le site spécialisé Swimming World Magazine (en anglais). Notamment celles de sprint pur, comme le 50 m, en brasse et en papillon, où brillent les nageurs brésiliens. Simple hasard ? Au Comité international olympique de décider, lui qui essaie de respecter un équilibre entre les épreuves de natation et celles d'athlétisme, les deux temps forts des Jeux.
Oui, car trop de médailles sont en jeu
Au total, 10% des médailles distribuées aux JO de Londres concernaient la natation. Pas étonnant que les Chinois aient particulièrement ciblé cette discipline dans leur programme d'Etat pour dépasser les Etats-Unis au tableau des médailles.
Oui, car cela dilue la performance des nageurs
Forcément, l'athlète le plus médaillé de tous les temps est un nageur, l'Américain Michael Phelps, avec 22 médailles entre 2004 et 2012. Il s'est aussi payé le luxe de décrocher huit médailles aux JO de Pékin, battant le vieux record de Mark Spitz, sept médailles aux Jeux de Munich en 1972 – en natation. Mais pour un Phelps, combien de très bons nageurs qui décrochent plusieurs médailles dans leurs catégories respectives sans jamais attirer l'attention des médias ? Connaissez-vous par exemple le Chinois Sun Yang, aux portes d'un triplé historique sur 400, 800 et 1 500 m ?
L'impression de tournis donnée par l'accumulation des finales à Barcelone est peut-être due à une autre spécificité de ce sport : la très grande rotation au plus haut niveau. Une étude française (PDF, en anglais) a montré que le pic de forme pour un nageur se situe à 21 ans. Michael Phelps a raccroché le bonnet à 27 ans et Ian Thorpe, le phénomène australien du début des années 2000, à 24 ans. Si l'on compare les Mondiaux de Rome aux JO de Londres, seul 20% des médaillés de 2009 ont décroché un podium en 2012.
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