Natation aux JO de Paris 2024 : Léon Marchand avait bien failli tout arrêter, quatre ans avant son épopée olympique

Le Français a déjà décroché trois médailles d'or, sur 400 m 4 nages, 200 m papillon et 200 m brasse, à l'occasion des Jeux olympiques de Paris 2024.
Article rédigé par Quentin Ramelet - à la Paris La Défense Arena
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Français Léon Marchand savoure, la médaille d'or autour du cou, après un troisième sacre olympique glané sur le 200 m brasse, le 31 juillet 2024, à Paris La Défense Arena. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Et si tout ça n'avait jamais existé ? Et si Léon Marchand n'était resté qu'un simple jeune homme discret et réservé de 22 ans, arpentant les allées qui contournent Paris La Défense Arena incognito, à l'occasion des Jeux olympiques de 2024 ? Rassurez-vous, en cinq soirées passées dans l'écrin polyvalent de Nanterre, le prodige des bassins est bel et bien devenu le roi de la natation mondiale, s'emparant de trois sacres olympiques, dont deux le même soir (400 m 4 nages, 200 m papillon et 200 m brasse). En revanche, ce destin exceptionnel, qui l'a déjà propulsé très haut dans l'histoire du sport français, aurait pu prendre une tout autre tournure il y a un peu plus de quatre ans.

Nageur brillant et déjà médaillé lors des précédents championnats du monde juniors de Budapest en 2019, le très jeune Léon - 18 ans - s'embourbe psychologiquement dans une phase très difficile, juste quelques semaines avant que la crise sanitaire du Covid-19 ne paralyse le globe. Il ne sait plus si la natation le fait vibrer, au point même de se demander s'il ne doit pas arrêter, lui qui, enfant avait déjà pris une pause de "deux ou trois ans". Le premier confinement est le tournant de sa carrière puisqu'il entame une introspection personnelle en même temps qu'un nouveau programme d'entraînement, les JO de Tokyo étant repoussés d'un an, qui lui permettent de relancer la machine.

Proche du burn-out, Léon Marchand décide alors de faire appel à un préparateur mental. Depuis quatre ans, Thomas Sammut ne le quitte plus. "Léon fonctionnait un peu à contre-courant avant qu'on commence à échanger ensemble. Il était justement dans ce culte du résultat et il n'y avait que le résultat qui comptait", se souvient-il pour l'AFP. "Après, quand on a commencé à échanger et qu'il en souffrait, il me disait : 'Mais est-ce que c'est ça le haut niveau ? Ou est-ce qu'on peut faire autrement ?' Je lui ai répondu : 'Bien sûr !'"

Pour son préparateur mental, qui accompagne également d'autres sportifs comme Florent Manaudou ou les footballeurs du Stade brestois, c'est à partir de ce moment-là que le poulain de Nicolas Castel a pu réellement se réaliser en tant que sportif. "Lorsqu’il a ressenti tout ça, on a été confinés donc il l’a vécu un peu de son côté, nous confiait son coach à Toulouse depuis ses débuts il y a près de quinze ans. Mais il n’avait pas forcément verbalisé ce souhait de peut-être arrêter. Et c’est avec le travail qu’il a fait avec Thomas Sammut après qu'il a pu repartir."

"Ce n'est qu'ensuite, après la crise du Covid, que nous avons pu discuter et que j’ai pu me rendre compte de certaines de mes erreurs, et des siennes. Je ne sais pas si je peux parler de 'tournant dans notre carrière' mais en tout cas, ça a été une amélioration de notre vision de la performance."

Nicolas Castel, entraîneur de Léon Marchand aux Dauphins du TOEC

à franceinfo: sport

Plus qu'un tournant, et avec le recul de ces quatre dernières années exceptionnelles pour l'héritier de Michael Phelps, c'est un déclic. "Il s'est rendu compte, qu'effectivement, plus il se bonifiait en tant qu'homme, plus il avait une perception de lui qui reflétait la réalité, plus il s'amusait, assure Thomas Sammut toujours à l'AFP. C'est comme ça qu'il est devenu le Léon Marchand d'aujourd'hui. C'est hyper simple, en fait."

Confirmation avec le tout récent triple champion olympique, interrogé sur le sujet de la santé mentale le 17 juillet dernier à Vichy : "A l’époque [avant le Covid], les sportifs avaient peur d’aller voir ce genre de personnes [les préparateurs mentaux], parce que ça montrait une faiblesse mentale je pense. Moi, je n'ai jamais eu cette peur, j’ai toujours voulu m’améliorer dans mon sport et avoir le sourire, surtout dans ma vie de tous les jours." Et ce sourire communicatif, tout le monde en redemande.

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