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Yannick Agnel sur la polémique Sun Yang : "Je ne peux que saluer le geste de Mack Horton"

La polémique enfle aux championnats du monde de natation à Gwangju, après que l’Australien Mack Horton a refusé de monter sur le podium du 400m en compagnie du Chinois Sun Yang. Ce dernier est accusé de s’être soustrait à un contrôle antidopage en septembre dernier, et pourrait être suspendu à vie par le Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Notre consultant et ancien champion olympique Yannick Agnel revient sur cet épisode pour France tv sport.
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Que pensez-vous de la réaction de Mack Horton, qui a refusé de monter sur le podium avec Sun Yang ?
Yannick Agnel : "Ce qu’il a fait est osé, et courageux. Je ne peux qu’être d’accord avec quelqu’un qui milite pour un sport propre. De là à dire que j’aurais réagi comme lui, que j’aurais eu le courage de le faire, je n’en suis pas certain. Mack Horton a envie que justice soit faite, et je ne peux que saluer son geste. Concernant Sun Yang, il est difficile d’émettre un jugement. Je ne connais pas les circonstances précises de ce contrôle antidopage donc il faut éviter d’hurler avec les loups".

Donc selon-vous, Horton a eu raison d’agir comme il l’a fait ?
Y.A : "Horton a surtout eu raison de dénoncer la manière dont la Fédération Internationale de natation (FINA) a géré cet événement, mais il aurait clairement fallu que lumière soit faite sur cette affaire avant les championnats du monde, afin d’éviter un tel imbroglio. Sun Yang n’est pas le seul athlète de ces Mondiaux a avoir déjà été contrôlé positif. Seulement, cela vient ajouter une ligne à son palmarès de frasques. Et sa personnalité forte, qui n’est pas forcément bien vue en Chine, cristallise tous les regards, et attise ces moments de tension. Je pense que la seule raison de cet imbroglio est que le TAS n’a pas statué avant la compétition. Cela met Sun Yang dans une situation inconfortable et crée une situation rocambolesque". 

Les deux nageurs n’en sont d’ailleurs pas à leur première discorde…
Y.A : "Oui, Mack Horton n’en est pas à son premier coup de gueule envers Sun Yang. Il faut aussi se mettre à sa place. Si les faits sont avérés, il recevra sa médaille d’or par la poste. C’est complètement différent. Il n’y aura pas l’ambiance du bassin, du public, le moment de la victoire. Et cela aura aussi un impact économique important du point de vue des sponsors, de l’image et de la visibilité du nageur".

Est-ce que cela a un impact négatif sur l’image des Mondiaux et de la natation en général ?
Y.A : "C’est clairement l’image qui va rester de cette semaine de compétition. Mais je pense que l’impact restera positif car les athlètes sont vraiment solidaires entre eux. Ils ont réservé une ovation à Horton dans la cafétéria quand il est revenu du bassin, après le podium. Tout le monde soutient les actions des fortes têtes pour un sport propre. Les fautifs, ce ne sont presque pas les nageurs mais plutôt le fonctionnement tardif des instances qui auraient dû régir avant".

Sun Yang sera auditionné devant le TAS  en septembre après que l’Agence mondiale antidopage (AMA) a fait appel de sa non-sanction. Il mérite une sanction selon vous ?
Y.A : "Il ne faut pas juger seulement sur des faits qui sont des rumeurs. La FINA a autopsié Sun Yang, en le dédouanant. Ensuite il y a eu cet appel de l’AMA et il risque désormais une suspension à vie. Encore une fois, je ne connais pas toute la situation, mais Sun Yang a déjà été suspendu pour dopage. C’est inadmissible. S’il s’avère que cette histoire d’échantillon brisé est vraie, s’il s’est vraiment soustrait à un nouveau contrôle parce qu’il continue son programme de dopage, évidemment que je soutiens le fait qu’il soit sanctionné à vie". 

Vous avez récemment dit dans une interview qu’il fallait tout de même respecter la carrière et la personnalité de Sun Yang. Vous le pensez toujours ?  
Y.A : "Il ne faut pas oublier que Sun Yang a démocratisé la natation dans son pays, en Chine, auprès d’un milliard et demi de personne. Il est loin des standards chinois qui sont un peu sérieux, effacés. Il vit, il provoque, et il est peut-être un né dans le mauvais pays pour cela. Il a commis des frasques et eu des comportements qui sont plus habituels en occident que chez lui. Et ça n’a rien fait pour arranger les choses par rapport à toute la lignée de frasques qu’il a pu vivre. Mais cela n’excuse en rien les faits de dopage. S'ils sont avérés, il méritera sa sanction. Je militerai toujours pour un sport propre". 

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