Nadal : "Ravi de m'en être sorti"
Ca été un match délicat. Tu as du t'employer pour l'emporter. Quelle a été la clé de ce succès?
Rafael Nadal : En effet, ça été un match très âpre aujourd'hui. Il frappait sur toutes les balles, dès la première même, donc je n'ai pas eu beaucoup d'occasions. Je n'ai pas souvent eu les occasions pour mettre mon jeu en place. Il m'était impossible de jouer comme je voulais puisqu'il a pénétré sur le court avec cette tactique en tête. Et comme l'exécution a suivi, ça m'a posé des problèmes. J'ai été un peu nerveux à 4/3 dans la première manche. A 40-15, j'ai raté le break et ensuite, il m'a pris mon service. Il est doté d'un très grand service et il a très bien servi aujourd'hui. Avec beaucoup de puissance. Donc je suis ravi de m'en être sorti aujourd'hui.
Ce match a-t-il été frustrant?
R N : Vous pensez que c'est frustrant ? J'ai essayé de trouver des solutions pendant le match, je n'ai pas le sentiment d'avoir été frustré. Je contrôlais ce que je faisais et j'avais l'esprit clair. Je me suis accroché mais lorsque vous frappez des coups qui ne sont pas mauvais et qu'en retour vous avez des bombes, c'est dur... Je savais que le match allait durer, donc j'ai attendu. Au deuxième set, j'ai plusieurs fois raté l'occasion de breaker. Si vous êtes mené deux sets à zéro contre un tel joueur, avec le niveau de jeu qu'il a pratiqué aujourd'hui, vous allez au-devant de véritables problèmes. À deux sets zéro, j'aurai peut-être eu ma chance de toutes façons, mais j'aurais joué avec beaucoup de pression pendant tout le reste du match. Donc j'ai trouvé les solutions et profité de son erreur de revers dans le tie-break (à 3-2, ndlr). Et puis j'ai effectué deux jolis coups à 5-4 (un coup droit décroisé et un revers long de ligne) qui ont fait tourner la rencontre.
"Je ne comprends pas son classement"
As-tu été surpris par le niveau de Brands?
R N : Je savais qu'il est doté d'un service énorme, je m'y attendais. Je me suis dit que je pouvais jouer avec d’avantage de confort à partir de la ligne du fond du court mais ça n'a pas été le cas. Je ne l'ai pas vu beaucoup jouer par le passé. Ceci dit, avec un tel niveau de jeu, je ne comprends pas pourquoi son classement est le sien à l'heure actuelle (59e mondial, ndlr). Je ne sais pas quel est son classement, mais il ne peut pas être 60ème en jouant comme cela, je ne le crois pas. Il a joué à 100 % toutes ses balles, tous ses services. Il a eu une inspiration phénoménale.Quand tu joues comme cela contre quelqu'un, contre lequel tu n'as rien à perdre, tu prends des risques car tu joues à l'extrême. Aujourd'hui c'est ce qui s'est passé. Il m'a fait énormément souffrir et je le félicite.
Tu as dit chercher des solutions durant la rencontre, mais lorsque vous êtes mené 3-0 dans le tie-break, on vous sent un peu désespéré...
R N : Je ne pensais pas vraiment. Je perdais 3-0, mais le tie-break n'était pas encore perdu. C'était seulement un mini-break. Mais seule solution était de gagner, j'avais beaucoup de pression.On n'est pas très à l'aise pour jouer, je peux vous le dire, mais il y a des moments où tu sens ta main un peu plus forte. Chacun ressent ce genre de sensation. Son revers dans le filet à 3-2 lui a coûté. Après le tie-break, il a très bien joué aussi, mais remporter cette deuxième manche a été une vraie bouffée d'air pour moi. Ça m'a ôté un peu de pression. Puis le match a pris un tour différent, j'ai commencé à prendre le dessus. Mon retour a été bien plus performant, par exemple, dans les deux manches suivantes.
"La pression, on se la met tout seul"
Rafa, tu parlais de pression. Tout le monde s'attend à ce que tu gagnes ici. Est-ce difficile à gérer?
R N : Non, cela fait tellement d'années que je joue ici que ceci n'a pas beaucoup d'impact sur moi. Je suis très habitué aux commentaires des gens. Et si tu m’avais dit en 2005 que je ne pouvais pas gagner, c'est très bien, mais quand on connaît ma carrière, écouter ce commentaire... Je sais très bien que vous, vous devez écrire et moi, je dois jouer. La pression, on se la met tout seul. Ce n'est pas quelqu'un d'autre qui nous l'impose. Ma seule pression, c'est de jouer le mieux possible chaque jour, faire les choses le mieux possible, c'est exactement ce que j'ai fait, ce que je fais toujours et ce que je continue à faire. Nous sommes ici pour jouer un tournoi extrêmement difficile, parmi les plus difficiles du monde. On joue, parfois on gagne, parfois on perd.
C'est difficile de revenir à un format Grand Chelem, surtout en étant mené un set à zéro?
R N : La seule différence est que le match était un peu plus long, mais j'ai joué avec la même intensité en 3 sets qu’en 5. Sinon, la situation reste la même. Je suis très heureux de pouvoir rejouer un Grand Chelem, c'est la vérité, après avoir été éloigné des courts aussi longtemps. Je suis très heureux de jouer ici, à Roland Garros. J'ai été très heureux aussi de jouer à Viña del Mar par exemple, à l'Open 500 à Acapulco, à Monte Carlo. Ce tournoi est encore une étape, je suis très heureux de la situation telle qu'elle est. Il y a quelques mois seulement, personne dans mon équipe n'aurait pensé que je serais là aujourd’hui. C'est pourquoi je profite vraiment de chaque instant. Ce qui est passé est derrière moi. J’ai un peu moins de tension avec les jours qui passent et je pense que j'ai fait bien plus que je n'aurais rêvé il y a quelques mois.
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