Nadal, Federer, Sharapova, les Français: sept points d’interrogation à un mois de Roland-Garros
Roger Federer viendra-t-il ?
Le meilleur joueur de l’histoire tentera-t-il le coup ? Se présentera-t-il au départ de ce Roland-Garros dont il n’a plus atteint le dernier carré depuis 2012 ? Capable de très bien jouer sur la terre battue parisienne –quatre finales perdues plus un succès inoubliable en 2009-, Roger Federer sait pertinemment que ses meilleures chances de gagner un 19e Majeur restent moins élevées à Paris qu’à Wimbledon ou New-York. Zapper le French lui traverse clairement l’esprit même s’il a déjà manqué l’édition précédente et qu’il sait ses fans très nombreux en France. Sans tournoi de préparation, il semble tout de même capable de rallier (au moins) les quarts pour peu que son entame de tournoi ne lui offre pas un match piège. Mais risquer une blessure en glissant sur terre plutôt que de tout mettre en œuvre pour redevenir le meilleur spécialiste du gazon ne paraît pas être la tendance. Verdict le 10 mai.
Maria Sharapova sera-t-elle invitée ?
Suspendue quinze mois à la suite d’un contrôle positif au meldonium, Maria Sharapova effectue une rentrée prometteuse sur les courts en terre de Stuttgart. Victorieuse de Roberta Vinci puis de sa compatriote Ekaterina Makarova –à chaque fois en deux sets-, la Russe de 30 ans ne semble pas perdre de temps pour son grand retour. Décriée par certaines joueuses, la Slave refait parler sa puissance sur une surface qu’elle a mis du temps à apprivoiser avant d’y obtenir des résultats probants notamment deux sacres et une finale Porte d’Auteuil entre 2012 et 2014. L’ex numéro 1 mondiale sera directement qualifiée pour les qualifications de Roland-Garros si elle continue d’engranger les succès. Avec de bons espoirs de s’adjuger un sixième Grand Chelem début juin sur le Court Philippe-Chatrier.
Nadal s’offrira-t-il sa decima ?
Revenu à un très bon niveau quoique pas encore au top, Rafael Nadal réalise une première partie de saison très convaincante qui aurait même pu s’avérer éblouissante sans un certain Roger Federer. Battu par son rival suisse en finale à Melbourne puis à Miami, défait par Sam Querrey en finale à Acapulco, l’Espagnol a vaincu le signe indien en remportant son 10e Masters 1000 de Monte Carlo consécutif lords du premier grand rendez-vous terrien de la saison. Il visera aussi la decima à Paris même si son 14e et dernier sacre majeur remonte à trois ans. A son maximum, Nadal n’a pas de rival sur terre. Mais il n’évolue pas (encore ?) dans les mêmes sphères qu’entre 2005 et 2014, faisant même un complexe Djokovic (7 échecs de suite dont 3 sur terre). Il convient de se rappeler qu’il n’a perdu que deux fois Porte d’Auteuil et qu’il avait bien commencé l’an passé avant de déclarer forfait avant son 3e tour.
Mladenovic atteindra-t-elle la deuxième semaine ?
Après un bon début de saison qui lui a permis d’entrer dans le top 20 avec notamment une demi-finale à Indian Wells, Kristina Mladenovic a enchainé avec deux beau succès en Fed Cup sur la terre battue indoor de Roanne (contre les Espagnoles Silvia Soler Espinosa et Sara Sorribes Tormo). A Stuttgart, sa victoire en deux manches contre la numéro 2 mondiale et double tenante du titre Angelique Kerber a encore accru sa confiance. Kiki Mladenovic s’affirme comme une outsider du circuit et sa puissance du fond du court lui confère un atout certain dans les joutes ocres. A 23 ans, le leader du tennis tricolore semble enfin arriver à maturité comme le prouvent ses autres succès de prestige cette saison (Pliskova à Dubaï, Halep à Indian Wells). On ne serait pas étonné de la voir atteindre –au moins- les huitièmes de finale à Paris.
Djokovic et Murray retrouveront-ils leur niveau de 2016 ?
Novak Djokovic avait tout dégommé l’an dernier à Roland-Garros. Des victoires solides (contre Bautista-Agut et Murray) ou expéditives (face à Berdych puis Thiem en demi-finales) lui avaient permis de remporter enfin le seul Majeur qui lui manquait et d’aligner les quatre à la suite pour un faux Grand Chelem à cheval sur deux saisons. Décevant pour l’instant en 2017 hormis son titre initial à Doha, le Serbe a raté son Open d’Australie (2e tour) et les Masters 1000 qui suivaient (un seul quart contre Goffin sur la Rocher). De sa capacité à recouvrer tout son talent de robot indébordable dépendra sa résurrection. Andy Murray part d’aussi loin après un premier semestre indigne de son nouveau rang de numéro 1 mondial (sauf un titre à Dubaï). Sorti dès les huitièmes de finale à Melbourne, battu au premier tour à Indian Wells, forfait à Miami et encore dominé en huitièmes à Monte Carlo, l’Ecossais va forcément se reprendre. Après deux demies en 2014 et 2015 et une finale en 2016, Murray espère décrocher la timbale à Paris.
L’absence de Serena Williams est-elle regrettable ?
Enceinte, Serena Williams a mis un terme à sa saison il y a quelques jours. L’Américaine aux 23 titres du Grand Chelem avait remporté le premier Majeur de l’année à Melbourne mais n’avait pas rejoué ensuite, déclarant forfait lors de la tournée américaine pour une douleur au genou. Même si elle assure vouloir revenir sur les courts après sa grossesse, avec le challenge de battre le record de 24 Majeurs détenu par l’Australienne Margaret Court depuis les seventies, la cadette des deux sœurs Williams risque de perdre le rythme avec ce long arrêt. Son charisme, sa débauche d’énergie et ses frappes surpuissantes vont beaucoup manquer à Roland-Garros, tournoi qu’elle a gagné à trois reprises. Un Grand Chelem sans Serena Williams, c’est comme un French sans Roger Federer. Il y a comme un vide.
Quelle est la meilleure chance française ?
Et si un Français réussissait enfin à faire comme Stan Wawrinka en 2015 ? Aucun Tricolore n’a remporté Roland-Garros depuis Noah en 1983 et aucun n’a atteint la finale depuis Leconte en 1988 : presque 30 ans ! Parmi les nouveaux mousquetaires, seuls Gaël Monfils et Jo-Wilfried Tsonga se sont (un peu) rapprochés du sacre en atteignant les demi-finales. Mais ils n’ont jamais semblé en mesure de pouvoir aller au bout. Monfils reste la meilleure arme française car il paraît capable de battre les ténors sur un match. Enchainer trois ou quatre gros succès paraît cependant bien compliqué pour lui comme pour Tsonga dont le jeu sur terre est moins naturel. Richard Gasquet, pourtant élevé sur terre, a connu ses meilleures performances en Majeurs ailleurs (demies à Londres et New York). Lucas Pouille, révélation de la saison dernière avec deux quarts à Wimbledon et Flushing, n’a jamais brillé à Paris même si son jeu peu parfaitement s’adapter à la terre battue comme en témoigne sa demie à Monte Carlo. Eliminé ces quatre dernières années avant le 3e tour, le Nordiste (14e à l’ATP) vaut beaucoup mieux que ça.
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