Nadal dans l'histoire
Rafael Nadal a définitivement conquis ce lundi une place dans l'histoire du tennis en remportant pour la première fois de sa carrière l'US Open, le seul tournoi du Grand Chelem qui lui échappait encore. Le numéro un mondial a dominé Novak Djokovic en quatre manches (6-4 5-7 6-4 6-2) au terme d'une finale de très haut niveau qui aura duré 3h43 augmentée d'une interruption de près de deux heures en raison de la pluie. La finale, initialement programmée dimanche, avait été repoussée de vingt-quatre heures en raison de la pluie, qui s'est de nouveau invitée lundi sur Flushing Meadows, renvoyant provisoirement les deux acteurs au vestiaire alors que Nadal menait 6-4 4-4 (30 A).
Au retour sur le court, le Serbe s'est montré plus incisif pour enlever la manche au forceps en profitant du manque de réalisme de son rival (6 balles de break converties sur 26 au total). Mais le Majorquin a repris le match par le bon bout ensuite pour dérouler son tennis. Malgré beaucoup de bonne volonté, de talent et un très bon service, Djokovic n'a plus été à même de dicter le match à son adversaire. En dépit de sa défense acharnée, le Slave a fini par se décourager devant les coups de pattes magiques de Nadal, qui a fait des ravages avec ses grands coups droits côté ouvert et des passings croisés de revers impressionnants. Il s'imposait finalement 6-4, 5-7, 6-4, 6-2 au terme d'une très belle finale.
Finale de très haut niveau
Les statistiques sont éloquentes: alors qu'ils ont fait quasiment le même nombre de points gagnants (49 contre 45), Nadal a commis beaucoup moins d'erreurs que Djokovic (31 fautes directes contre 47 !). Il a également un tantinet mieux servi (8 aces à 5, 2 double-fautes contre 4 et 67% de premiers services face à 66%. Au total, le Champion olympique 2008 a inscrit 17 points de plus que le lauréat du Masters 1000 de Paris-Bercy (136 contre 119). N'hésitant pas à venir conclure certains points à la volée, Nadal a provoqué l'enthousiasme des fans de Flushing Meadows qui avaient pris fait et cause pour lui, n'ayant peut-être pas tout à fait digéré la défaite en demi-finale de leur "chouchou" Roger Federer.
En remportant l'US Open, Rafael Nadal ajoute à son palmarès un neuvième titre dans un tournoi du Grand Chelem, dépassant Andre Agassi, Jimmy Connors ou encore Ivan Lendl. Excusez du peu. Le classement reste dominé par son rival Roger Federer, vainqueur de 16 tournois majeurs devant Pete Sampras (14). A 24 ans, il devient le quatrième joueur de l'ère Open (depuis 1968) -et surtout le plus jeune - à gagner les quatre tournois du Grand Chelem (après Rod Laver, Andre Agassi et Roger Federer). Des quatre, seul l'Australien Laver a réalisé le Grand Chelem calendaire (en 1969). L'Espagnol, déjà vainqueur cette saison de Roland-Garros et de Wimbledon, devient aussi le quatrième joueur à remporter trois tournois du Grand Chelem consécutifs dans l'ère Open (après Laver, Pete Sampras et Federer). Assuré de terminer l'année au premier rang mondial (comme en 2008) et auteur d'un petit Chelem, Rafael Nadal peut légitimement ambitionner de viser le Grand Chelem en 2011, le faux -à cheval sur deux années- dès Melbourne, le vrai dans un an à New York si tout va bien pour lui. Celui qu'il aurait peut-être déjà réalisé en 2009 s'il n'avait pas été blessé, Roger Federer en profitant pour reprendre ses titres à Roland-Garros et Wimbledon... Il dépasserait alors dans la légende le génie suisse. Même si on n'en est pas là, il ne s'agit plus aujourd'hui d'une simple hypothèse...
Djokovic: "Rafa était trop fort"
Novak Djokovic: "Je me sentais bien physiquement, j'ai bien couru et bien renvoyé mais vous avez qu'on a joué quatre sets en presque quatre heures. C'est toujours le cas avec Rafa, il faut être prêt à jouer de très longs matches et de toujours être à son meilleur niveau. Je m'étais préparé à ça. Peut-être étais-je un peu émoussé mentalement après ma demi-finale (contre Federer) mais je m'en suis remis. C'était le genre de matches où l'adversaire joue mieux que toi et tu n'as plus qu'à le féliciter et lui dire qu'il est meilleur. C'est tout. Je n'ai pas fait un mauvais match dans l'ensemble, c'était une bonne performance de ma part. Pour moi, gagner contre ce genre de joueur requiert que je sois à mon plus haut niveau. J'ai bien joué globalement mais il y a des moments dans les 3e et 4e set où je me suis relâché mentalement sur mes jeux de service. Lui ne m'a jamais laissé un chance de revenir. J'ai eu ce 15-30 à 5-4 dans le 3e set mais il a sorti trois services incroyables. Son service a été incroyable tout le tournoi. C'était un facteur important du match, en plus de son jeu de fond de court et de sa couverture du court. Je n'oublie pas que mon tournoi aurait pu s'arrêter au premier tour contre (Viktor) Troicki. J'étais mené deux sets à un et presque deux breaks de retard. Ce match a tourné les choses en ma faveur et j'ai fait du super tennis, même ce soir (lundi). Rafa était simplement trop fort. Je suis déçu mais je ne vais pas pleurer. J'ai joué mon meilleur tennis des sept ou huit derniers mois, peut-être de l'année."
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