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Mondial 2019 : 30 millions d'euros de moins pour les championnes du monde

Le coup d'envoi de la Coupe du monde féminine de football sera donné vendredi et se terminera le 7 juillet avec une équipe sacrée championne du monde. Comme leurs homologues masculins, chaque équipe recevra une prime en fonction de son parcours dans la compétition. Sauf que les femmes toucheront 30 millions de dollars de moins.
Article rédigé par Elena Cervelle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (ANTOINE MASSINON / A2M SPORT CONSULTING)

La question des primes des joueuses est souvent au coeur des discussions quand on évoque la Coupe du monde féminine de football. En 2018, les Bleus champions du monde avaient empoché 32 millions d'euros. Si les Françaises remportent la coupe cette année, elles ramèneront environ 3,5 millions d'euros, un trou de presque 30 millions d'euros entre les deux formations. Pire encore, le budget total des primes pour la coupe du monde féminine, évalué à environ 30 millions de dollars (26 millions d'euros), représente 7,5 % du budget du mondial 2018 (9,2 milliards d'euros). 

Une forme d'amélioration est à souligner. Lors de la coupe du monde 2015 au Canada, les joueuses de la sélection américaine avait reçu 1,7 million d'euros de la FIFA. Un chiffre doublé en 2019. Sauf que si les primes féminines augmentent, celles des hommes aussi. De 358 millions en 2014, on est passé à 400 millions de dollars de primes en 2018. L'écart se réduit, de 370 millions à 343 millions, mais les joueurs professionnels touchent toujours plus. En 2015, en cas de victoire française, les Bleues auraient empoché 30 000 euros chacune de la fédération française de football. Dix fois moins que leurs compatriotes masculins.

Les joueuses australiennes lancent une campagne

La semaine dernière, John Didulica, président du PFA (syndicat des joueurs professionnels) a écrit à la FIFA pour demander de doubler les primes en disant que les joueuses étaient "victimes de discimination". En plus de cette lettre, une campagne a été lancée sur le site www.ourgoalisnow.com pour lutter contre les inégalités salariales entre les hommes et les femmes. "Les joueuses des équipes nationales devraient être égales à travers le monde. Ceci devrait inclure leur voyage et leur hébergement, ainsi que leur traitement médical et leur compensation financière". Les joueuses australiennes ont massivement relayé l'information via des posts et des vidéos sur leurs réseaux sociaux. 

Ada Hegerberg en chef de file de la lutte contre les inégalités salariales

Le seul sport où les femmes touchent le même prize-money que les hommes, c'est au tennis. Et pour Ada Hegerberg, ballon d'or 2018, c'est inenvisageable que ce ne soit pas le cas également dans le foot. Depuis 2017, elle a quitté la sélection norvégienne pour protester contre sa fédération qu'elle ne trouve pas assez engagée dans le football féminin. "Un grand nombre de choses reste à faire pour améliorer les conditions des femmes qui jouent au football". Aujourd'hui, les joueuses et joueurs sélectionnés pour représenter la Norvège sont payés de la même façon. Mais son combat ne s'arrête pas là, elle demande aussi davantage de médiatisation et des conditions d'entraînement favorables pour toutes. 

Ce combat n'est pas nouveau. En 2017, la sélection danoise avait refusé de prendre part à une rencontre face à la Suède lors d'un match qualificatif pour le Mondial 2019. Leur grève a porté ses fruits puisqu'elles ont obtenu des avancées salariales mais au prix de leur qualification. 

En mars dernier, les joueuses des Etats-Unis ont attaqué en justice la fédération américain de football pour discrimination sexuelle institutionnalisée. Les Américaines, premier du classement mondial, sont payées 40% de moins que leurs homologues masculins, 24e du classement FIFA. Logique ? 

"Je ne suis pas du tout sensible à ça" - Gaëtane Thiney 

A celles qui ne sont pas satisfaites de cette situation, on répond que le football féminin ne génère pas les mêmes profits. Et cela semble logique pour l'attaquante française Gaëtane Thiney. "Je ne suis pas du tout sensible à ça. Si on rapporte autant que les hommes, je n'ai pas soucis à ce qu’on gagne autant. Mathématiquement, je ne suis pas sûre que l’équipe de France féminine rapporte autant que les hommes. Les primes sont ce qu’elles sont. On n’est pas là pour négocier. Tout ce que je sais c’est que ce qu’ils nous donnent, c’est la meilleure des choses. Le président est toujours très juste avec nous."

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