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Michalak tire la sonnette d'alarme pour le rugby français

Frédéric Michalak a pris sa retraite internationale après la débâcle en quarts de finale du Mondial contre les All Blacks. Blessé, il est sorti par la petite porte, comme les Bleus. Mais le demi d'ouverture veut rester un spectateur attentif du XV de France et du rugby français qu'il estime "en retard". Cette Coupe du monde ratée doit servir de point de départ à une refonte du rugby national et le Toulonnais est prêt à aider comme il le dit dans L'Equipe ce mardi.
Article rédigé par franceinfo
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Son Mondial, sa blessure

La Coupe du monde de Frédéric Michalak s'est arrêtée brutalement en quarts de finale contre les All Blacks. Victime d'une déchirure aux ischio-jambiers au bout de 10 minutes lors d'un dégagement contre par Retallick qui a inscrit dans la foulée le premier essai des Néo-Zélandais, il a assisté des vestiaires à la déroute des siens. "Je sors et c'est la double peine avec l'essai et la blessure" raconte-t-il. Un épisode douloureux qui va l'éloigner des terrains "quatre à six semaines" et qu'il a du mal à oublier. "Je suis encore un peu à Cardiff" souffle-t-il. "J'ai repensé à tout ce que j'avais fait. J'étais déçu, énormément déçu", glisse-t-il. Il aurait préféré une autre fin pour son histoire avec l'équipe de France, lui le recordman de points inscrits sous le maillot bleu (436 dont 136 en Coupe du monde). "Ce n'est pas une sortie évidente. Il faut savoir rester digne, même quand on perd. C'est compliqué". 

Des Blacks impressionnants

L'équipe de France se reposait sur ses trois mois de préparation commando avant l'événement. Elle devait être un atout majeur face aux nations du Sud. Elle a volé en éclat face à des Blacks avec qui l'écart grandit à vue d'oeil. Pourtant cette préparation avait fait du bien à Michalak qui avait "retrouvé des sensations physiques" et une "seconde jeunesse". "J'étais dans une grande forme. Maintenant, est-ce que ça aurait changé quelque chose si j'étais resté sur le terrain? Je ne pense pas...". L'adversaire était trop fort, la barre beaucoup trop haute pour ces Bleus-là. "J'ai l'impression que, ces joueurs-là, on peut les battre tous les cent ans. Ils ont quelque chose d'exceptionnel qu'on n'a pas, nous". Ce quelque chose fait partie de leur ADN selon le Toulonnais. "Tactiquement, techniquement, ils ont des qualités qu'on n'a pas. Ils ont des joueurs qui savent tout faire avec des gabarits hors norme (...) C'est le même sport que nous, mais j'imagine que quelque chose a été fait à la base", pense le demi d'ouverture. Un constat froid et amer qui devrait pousser la ruby français à réfléchir sur lui-même, à faire son introspection.

Le bilan global

Tout a déjà été dit sur ces quatre années Sain-André. Le bilan n'est pas glorieux et Michalak le reconnaît bien volontiers. "Le rugby français stagne beaucoup. Et qui ne progresse pas, recule. On a reculé", regrette-t-il. La faute est partagée entre tous les acteurs. Le sélectionneur, mais aussi, eux, les joueurs. "Quand les joueurs ne font pas leur boulot dans les zones de ruck pour sortir les ballons, on peut mettre n'importe quoi en place...". Selon lui, les Bleus ont tout simplement été déficients. "Trop gentils" aussi. S'il réfute l'idée que les joueurs n'adhéraient plus au discours de PSA - "nous aussi, on s'est éclatés" -, il estime que la philosophie défensive a pompé les énergies. "On ne peut pas s'éclater à défendre soixante-dix minutes. Ce n'est pas possible". "On aurait dû jouer notre rugby comme on l'a toujours fait, en essayant de faire mal aux autres. Il y a eu aussi des erreurs de ce côté-là. Cette Coupe du monde, on l'a tous ratée".

L'avenir de l'ovalie française

Frédéric Michalak est inquiet pour le rugby français. Il n'hésite pas à tirer la sonnette d'alarme. "Il y a un gros travail à faire, individuellement et collectivement", prévient-il. Mais il s'interroge sur la volonté de chacun des acteurs. Visées, la Fédération française et la Ligue nationale. "On (les joueurs, ndlr) a des idées qui peuvent être entendues. Pourquoi ne nous demande-t-on pas notre avis? Moi, après la défaite contre les All Blacks, j'ai dit aux dirigeants : 'N'hésitez pas!' Les solutions, on doit les trouver tous ensemble (...) Je trouve aberrant qu'on ne nous consulte pas". Michalak regrette la guerre que se livre les deux instances du rugby tricolore. "J'ai l'impression qu'il y a un match Fédé-Ligue qui nuit au rugby, qu'il y a trop de chefs. S'il n'y a pas un un chef qui dirige le rugby français, ça ne marchera jamais. Il faut un vrai chef", soutient-il.

L'international avoue avoir "plein d'idées", pour aider le rugby français. "Mon message c'est de voir le rugby à long terme en mettant des structures en  place. Je suis prêt à m'impliquer dans la vie fédérale. On veut tous voir l'équipe de France gagner." Si le rugby français "veut faire appel" aux joueurs "on est là", assure l'international qui "regrette que ce ne soit pas le cas. Il y a des gars comme Pascal Papé, Nicolas Mas ou Thierry Dusautoir qui peuvent être utiles. On peut nous utiliser". "J'aurais envie de créer une sorte de cellule avec Papé, Dusautoir et d'autres, pour voir ce qui n'a pas marché. Ce serait important d'apporter notre point de vue", explique le joueur. En espérant pour le rugby français que ce cri d'alarme soit entendu, qu'il ne reste pas qu'un cri qui court dans la nuit.

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