Mathieu, gladiateur vaincu
L'an dernier, il y avait eu des larmes, souvent de bonheur, une haie d'honneur, et plein de beaux souvenirs. Revenu de nulle part, après une longue blessure et une opération du genou très lourde, Paul-Henri Mathieu avait vécu le Roland-Garros 2012 comme un bonheur extrême. Trois matches en cinq sets, ses tripes par terre, il avait enflammé le public. Un an après, malgré un début de saison très délicat, entre mauvais résultats et soucis personnels qui expliquent son absence de victoires sur le circuit principal jusqu'à la semaine dernière, il a encore fait vibrer les spectateurs. Mais il n'a pas pu atteindre son but: battre Jarkko Nieminen.
Belle surprise de Monte-Carlo (victoires sur Raonic et Del Potro), le Finlandais a eu la constance nécessaire pour se qualifier pour le 2e tour. Avec son 42e rang mondial, il était logiquement favori d'un match qu'il savait peu évident face à un joueur au talent intact, toujours capable de se sublimer à Roland-Garros. PHM a eu quelques occasions de faire la différence. Dans le premier set, il sortait un smash qui offrait le break à (2-1) et au jeu suivant, c'est lui qui concédait son service (3-2) avant de céder cette 1ère manche (6-4). Au deuxième set, il faisait le break d'entrée (2-0), mais cédait son service pour être repris (5-4) après avoir mené 5-2, mais parvenait, sur une volée de revers trop longue de son adversaire, à empocher la 2e manche (6-4).
Les larmes versées en conférence de presse
Le troisième set était le tournant du match, conclu sur un jeu décisif de 15 minutes. Là encore, il était le premier à faire la différence (4-2), mais le Finlandais revenait, et malgré deux balles de set, le Français finissait par s'incliner (11/9). La quatrième manche ressemblait à la deuxième, avec un break précoce en faveur de l'Alsacien (2-1) et une égalisation ) un set partout (6-4). Tous les espoirs étaient alors permis, d'autant que le court N.1 était de plus en plus bruyant, de plus en plus à l'unisson avec le joueur tricolore. Mais à (3-2), il réalisait un mauvais jeu, et Nieminen s'engouffrait dans la brèche pour faire un break (4-2) et conclure (6-2) sur une dernière erreur de coup droit de PHM.
Quart de finaliste à Nice la semaine dernière, Paul-Henri Mathieu a prouvé qu'il avait toujours un énorme coeur, et encore un niveau de jeu de premier ordre. Il ne lui manque que la confiance, et une sérénité psychologique bien difficile à obtenir pour lui depuis quelques mois, et la maladie de sa femme. Les larmes, il n'a d'ailleurs pas pu les retenir en conférence de presse, lorsqu'ont été évoquées les circonstances actuelles. "Je suis fatigué", reconnaissait-il au bord des larmes dès l'entame de la conférence. "Je suis partagé entre la déception et le fait qu'il y a des choses bien plus graves", avait-il glissé juste avant de craquer. Sa sensibilité, rendue encore plus aigüe par les efforts qu'il doit déployer pour être sur le court sans avoir forcément l'esprit à ça, a pris le dessus, quelques secondes. Mais il s'est repris pour poursuivre: "Par rapport aux mois précédents, j'ai trouvé un peu plus de plaisir. J'ai eu quelques bons passages dans ce match. Cela aurait suffi contre d'autres joueurs. Pas contre lui."
Ce match, cela se sentait, n'était qu'un élément de plus dans une période particulièrement terrible pour Paul-Henri Mathieu. "Je vais essayer de tirer un trait sur cette premier partie de saison, sur ces six premiers mois qui ont été très difficiles. Je pense que je vais couper un peu, partir en vacances." Rappelant à plusieurs reprises qu'il se "raccroche" aux grandes échéances comme Roland-Garros ou Wimbledon, il lance: "J'aimerais bien arriver à 100% de mes capacités à Wimbledon." Ce serait une première victoire pour ce guerrier au grand coeur, dont la cuirasse a pris beaucoup de coups ces derniers temps.
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