Martin Fourcade, une ambition double
Chez les Fourcade, on ne se cache pas. Longtemps dans l'ombre de son aîné Simon, quadruple champion du monde junior, Martin a fini par sortir du bois. Admiratif de son frère qui reste son modèle, Martin Fourcade a choisi de tracer sa propre route. Si proches et pourtant si différents les frangins. Ils s'entendent comme larrons en foire mais s'opposent sur presque tout. Martin s'en amuse : "On pourrait croire qu'on n'est pas frères. Il est petit musclé, je suis grand fin. Il est hyper impulsif, je suis plutôt calme. Il est à 100% dans ce qu'il fait, je suis plus ouvert et libre. J'ai une copine, il n'en a pas " Sur les pistes, les deux Fourcade se croisent, se suivent, se doublent et finalement se complètent. "On est vraiment très différent sur nos qualités physiques et sur nos qualités mentales, ajoute Martin. On sort du même moule et on a aussi plein de points communs. Deux personnalités très différentes et c'est une richesse pour nous deux. On se complète. Si j'avais les qualités de Simon en plus des miennes, je serai dur à battre (rires). Il a fallu que je trouve d'autres armes. Je pense que je suis sur la bonne voie."
Révélé en 2010
Et comment ! En progression constante depuis ses débuts en Coupe du monde, le cadet de la famille a fini par dépasser le grand frère. Sans heurt tant il y a de respect entre eux. "On court l'un contre l'autre mais on est frère avant d'être sportif. On sait faire la part des choses entre la passion, le sport, le travail et notre vie de famille. On est conscient que c'est une chance de pouvoir partager cette vie de haut niveau avec son frère." Plus précoce, Simon a donc laissé le leadership de l'équipe de France à Martin même si ce dernier refuse l'idée d'un chef de meute qui serait nuisible à l'ensemble du groupe. Son statut, il l'assume car c'est la règle du jeu. " Si je fais du sport de haut niveau, c'est pour gagner et pour être le meilleur." D'une grande maturité et d'un calme presque olympien, le Pyrénéen en a fait bon usage et s'est révélé en 2009-2010. Après plusieurs top10 en début de saison, il obtient l'argent de la Mass start aux JO de Vancouver. Depuis ce jour, il s'est découvert une obsession : devenir champion olympique à Sotchi en 2014. " L'argent m'a donné envie de goûter à l'or. J'ai envie de connaître cet instant dans ma carrière de sportif. Je ne me cache pas et j'ai envie d'y arriver en favori. J'espère garder cette ligne de conduite jusqu'à Sotchi pour réaliser le plus gros objectif de ma carrière."
Un gros Globe en tête
Avant cela, il y a la Coupe du monde et ses trophées globuleux. Vainqueur de celui de la poursuite en 2010, Fourcade junior remplirait bien son étagère. Dossard rouge jusqu'à deux courses de la fin au début du printemps, il a connu une grosse désillusion en rentrant bredouille. "Le petit bémol de l'année, c'est de ne pas avoir ramené un globe en France. C'est pour celui que j'avais "volé" l'année d'avant (ndlr : il ne pensait pas avoir gagné en poursuite avant qu'on lui dise)". Mais avec un titre de champion du monde de poursuite et une 3e place au général de la Coupe du monde, Martin Fourcade n'a pas se plaindre de son année. "L'an dernier j'ai rempli mes objectifs en progressant au classement général (de la 5e à la 3e place) et en prenant une médaille aux championnats du monde, raconte-t-il. Cette saison, je veux remporter gros globe et reconquérir le titre mondial à Ruhpolding. L'an dernier ce n'était pas un objectif mais je me suis énormément pris au jeu. Une fois qu'on est en tête de deux classements à deux courses de la fin, on y pense. J'ai eu des petits soucis de skis sur la finale mais c'est ce qui fait la beauté du sport. C'est ce qui fait qu'on est content quand on gagne, on connaît le prix de la douleur et de la défaite. Mais ça va me faire progresser. C'est un mal pour un bien."
L'hiver en pente douce
De son relatif échec, Martin Fourcade a retenu quelques difficultés dans la vitesse de son tir et cette différence de préparation entre les Nordiques et les "Sudistes". Pas sur la qualité ou sur la quantité de travail mais sur les conditions. "On fait un sport où on est un peu désavantagé par rapport aux nations nordiques qui ont de la neige dès début octobre. Nous, on va la chercher en partant en stage en Scandinavie. Mais je n'ai pas encore pour vocation d'habiter la Norvège donc je rentre en France. Ma copine habite ici donc j'ai aussi envie de la voir..." D'où un léger retard sur les épouvantails norvégiens, à bloc dès l'ouverture de la chasse. Mais rien n'est irrattrapable. "Nous, on est à peine en retrait. L'objectif est d'arriver plus fort et de garder la même progression que la saison dernière pour être au top aux championnats du monde. Il n'y a pas grand-chose à changer si ce n'est atténuer ce léger retard au départ." Avec la douceur de cet hiver qui n'en finit pas d'arriver, le retard ne sera peut-être pas aussi conséquent que les années précédentes.
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