Lyon en 8e après un feu d'artifice miraculeux
Lyon était l'équipe française la moins bien placée pour se qualifier en 8e de finale avant cette 6e journée. Obligée de s'imposer à Zagreb en marquant beaucoup, elle devait également compter sur un revers cinglant de l'Ajax à domicile contre le Real Madrid. La veille du match, Rémi Garde parlait d'un miracle en cas de qualification, et sa composition d'équipe attestait de son peu d'espoir. Lisandro, Anthony Réveillère, Kim Källström, Honorato Ederson et Cris étaient en effet remplaçants, Lacazette, Gourcuff, Fofana et Dabo titulaires.
Et la première période ne montrait pas un grand entrain. Certes, il y avait ce tir trop croisé de Briand à la 15e minute, mais il y avait aussi ce sauvetage de Lloris sur un tir de sammir (20e). Mais le tournant du match se situait à l'approche de la demi-heure de jeu, avec un deuxième avertissement infligé à l'ancien Monégasque Leko, coupable d'un ceinturage sur Gomis en plein axe de la défense (28e). Réduit à 10, le club croate devait logiquement s'enfoncer, mais c'est lui qui ouvrait le score sur un déboulé sur le côté droit de Beqiraj, qui voyait ses deux tentatives repoussées par Lloris, qui ne pouvait que regarder Kovacic pousser le ballon au fond des filets d'un but vide (40e, 1-0). La chance tournait malgré tout en faveur de l'OL, qui égalisait sur un centre de Cissokho dévié vers son but par un défenseur, et que Gomis accompagnait d'un tacle juste avant la mi-temps (45e, 1-1).
Dejan Lovren (défenseur de Lyon) : "Nous avons fait vraiment un miracle. Nous avons dit que tout était possible et que rien n'est jamais terminé. Vous pouvez imaginer qu'il ne restait que 45 minutes et nous avons marqué six fois. A la mi-temps, après avoir pris un but stupide sur une action au cours de laquelle nous n'avons pas attaqué le porteur du ballon qui a tiré, nous nous sommes parlés entre joueurs et avec les entraîneurs. Il fallait se réveiller et c'est ce que nous avons fait. C'est chez moi, et maintenant, je suis ici le patron !...".
Le miracle en 45 minutes
Mais après la pause, tout changeait. Est-ce le discours de Rémi Garde ? Est-ce le fait de savoir que le Real Madrid remplissait la première partie du contrat en menant à Amsterdam (2-0) à la pause ? En tout cas, Lyon revenait avec d'autres dispositions, et la différence se faisait aussitôt. A la 47e minute, un corner de Gourcuff était dévié au premier poteau par Briand et Gonalons était présent au 2e poteau pour pousser, de la cuisse, le ballon au fond des filets (2-1). Sur le coup d'envoi, les Lyonnais récupéraient et Briand glissait à Gomis qui trompait de nouveau le portier adverse (48e, 3-1). Et trois minutes après, Cissokho, qui bénéficiait d'un boulevard dans son couloir gauche, adressait un centre que Gomis n'avait plus qu'à pousser dans le but au deuxième poteau (51e, 4-1).
A ce moment-là, l'exploit était de nouveau envisageable, et l'entraîneur français n'hésitait pas à jeter toutes ses forces dans la bataille en faisant entrer Lisandro à la place de Lovren, pour replacer Gonalons en charnière centrale, un peu avant l'heure de jeu. Et l'Argentin trouvait le bon chemin à la 64e minute, sur un tir du gauche après avoir été lancé en profondeur par Lacazette (64e, 5-1). Ce but intervenait une minute après que Gomis soit passé juste à côté d'un but magnifique, sa volée acrobatique finissant sur le poteau (63e). Mais ce n'était que partie remise pour l'international français, présent pour reprendre un centre de Cissokho de l'intérieur du pied droit dans la lucarne opposée (70e, 6-1).
OM, OL, même combat
Frank de Boer (entraîneur de l'Ajax): "On prend une grosse baffe. Je suis dévasté, en lambeaux. Certes, nous prenons un départ catastrophique en concédant deux buts en première mi-temps. Mais nous inscrivons ensuite deux buts qui sont annulés de façon incompréhensible. A la mi-temps, j'étais toujours confiant. Puis quand j'ai vu le score de Zagreb-Lyon évoluer rapidement en notre défaveur, j'ai compris que cela allait être très difficile. Je me sentais impuissant".
L'OL était alors qualifié, mais cela pouvait disparaître avec un but de l'Ajax dans l'autre match de ce groupe D. Du coup, Jimmy Briand se chargeait d'ajouter une épaisseur au matelas (75e, 7-1). La qualification était d'autant plus acquise que le Real Madrid ajoutait un troisième but dans le temps additionnel, pour finalement s'imposer aux Pays-Bas (3-0), grâce à un doublé de José Callejon (13e, 90e+2) et un but de Higuain sur une offrande de Benzema (41e). En s'imposant, ils égalent la meilleure série de leur histoire en conquérant leur 15e succès de rang, comme en 1960-1961.
24h après avoir assisté à un retournement de situation extraordinaire de Marseille sur le terrain du Borussia Dortmund, le football français a vécu une deuxième soirée miraculeuse, avec le plus large succès de Lyon dans son histoire dans les compétitions européennes. Et le deuxième le plus large de l'histoire de la Ligue des Champions, derrière celui de... l'OM à Zilina la saison dernière. Avec son quadruplé, Bafetimbi Gomis rejoint un clan prestigieux composé notamment de Messi, Van Basten, Inzaghi, Van Nistelrooy, Chevtchenko (le seul avant Gomis à l'avoir fait à l'extérieur), et Prso,
Et avec une équipe profondément remaniée, Rémi Garde a peut-être fait d'une pierre deux coups. Son équipe a réalisé l'exploit et disputera les 8e de finale de la Ligue des Champions, et certains joueurs se sont sans doute relancés.
Déclarations
Christian Eriksen (milieu de terrain de l'Ajax): "C'est une grosse désillusion. Personne chez nous ne s'attendait à ce que Lyon gagne 1-7. D'ailleurs, quand on m'a annoncé ce score, j'ai d'abord cru à une blague. On peut avoir des regrets. En première mi-temps, l'arbitre nous prive de deux buts parfaitement valables. Il va nous falloir quelques jours pour nous remettre de ce coup dur".
Bafétimbi Gomis (attaquant de Lyon, au micro de Canal+): "On espère faire de bons matches après cette qualification car ce n'est pas un aboutissement. On croyait en ce miracle et on a bien travaillé. (A propos de son quadruplé) J'ai eu la chance d'avoir de merveilleux centres en retrait et il ne me restait plus qu'à m'appliquer. Mais je sais qu'il me reste pas mal de progrès, de travail, à faire."
Jean-Michel Aulas (président de Lyon, au micro de Canal+): "C'est vrai qu'il y avait statistiquement plus de chances que l'on s'arrête en chemin. Mais, ce soir, il n'y a plus que trois clubs en Europe, dont l'OL, à s'être qualifiés pour la 9e fois consécutive pour les 8e de finale. Bravo à Rémi (Garde, l'entraîneur) et à toute son équipe, c'est un grand moment d'émotion et de bonheur. Je crois que l'on tient cette référence historique après laquelle on courait depuis si longtemps."
Rémi Garde (entraîneur de Lyon, au micro de Canal+): "A la mi-temps, j'ai recadré des choses, notamment au niveau du jeu, car nous étions en supériorité numérique. On venait de prendre un but car je pense que nous n'avions pas fait tous les efforts qu'il fallait donc il y avait un peu de colère. Il y avait surtout de l'espoir, ce scénario, très loin au fond de nos têtes. Mais ce sont surtout les joueurs qui ont fait le boulot."
Les plus grandes victoires de l'histoire de la Ligue des Champions
8-0: Liverpool - Besiktas (06/11/07)
7-0: Valence - Genk (23/11/11)
7-0: Arsenal - Slavia Prague (23/10/07)
7-0: Juventus - Olympiakos (10/12/03)
0-7: Zilina - Marseille (03/11/10)
7-1: Bayern Munich - Sporting Portugal (10/03/09)
7-1: Manchester United - AS Rome (10/04/07)
1-7: Dinamo Zagreb - Lyon (07/12/11)
6-0: Marseille - CSKA Moscou (17/03/93)
6-0: Leeds - Besiktas (26/09/00)
6-0: Real Madrid - Genk (25/09/02)
6-0: Arsenal - Braga (15/09/10)
A l'extérieur, seules trois équipes ont marqué plus de 5 buts: Manchester United aux dépens de Brondby (6-2) en 1998-1999, Marseille aux dépens de Zilina (7-0) en 2010-2011, et désormais Lyon.
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