Cet article date de plus d'un an.

Harcèlement sexuel : des lutteuses accusent le patron de la Fédération indienne et des entraîneurs

Plusieurs lutteuses indiennes professionnelles ont assuré avoir été victime de harcèlement sexuel, lors d'une manifestation à New Delhi mercredi.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
La lutteuse indienne Vinesh Phogat à l'entraînement, le 24 mai 2016. (SANJAY KANOJIA / AFP)

Vinesh Phogat, l'une des lutteuses les plus médaillées de l'histoire de l'Inde, a accusé, mercredi 18 janvier, le patron de sa fédération et plusieurs entraîneurs d'avoir harcelé sexuellement des athlètes. "Des lutteuses ont été harcelées sexuellement lors de camps nationaux par des entraîneurs et aussi par le président de la WFI [Fédération indienne de lutte]", a assuré Vinesh Phogat, accompagnée de plusieurs lutteurs et lutteuses de haut niveau, lors d'une manifestation à New Delhi.

"Je connais au moins 10 à 20 filles du camp national qui sont venues me raconter leurs histoires", a-t-elle poursuivi. Brij Bhushan Sharan Singh, président de la WFI et député du parti au pouvoir (BJP) ainsi que les entraîneurs sont coupables, a-t-elle affirmé aux journalistes. Cette accusation intervient quelques mois après le licenciement de l'entraîneur de l'équipe nationale de cyclisme en raison d'accusations de harcèlement sexuel.

La lutte, "notre seul moyen d'existence"

Selon Vinesh Phogat, de nombreuses lutteuses n'osent pas parler en raison de leurs origines modestes dans une société indienne extrêmement hiérarchisée. "Elles ont peur en raison de leur milieu d'origine. Elles ne sont pas en mesure de se battre contre eux, ils sont puissants", a ajouté l'athlète de 28 ans. "La lutte est notre seul moyen d'existence et ils ne nous laissent pas l'exercer. Notre seule option est de mourir. Alors autant faire ce qui est juste avant de mourir", a-t-elle fait valoir. Elle n'a pas précisé si elle-même faisait partie des victimes.

Sakshi Malik, une autre lutteuse, médaillée de bronze olympique en 2016, participait aussi à la manifestation de mercredi. "Les athlètes travaillent dur pour gagner des médailles pour le pays, mais la fédération n'a fait que nous laisser tomber", a affirmé sur Twitter celle qui a été la première lutteuse indienne à décrocher une médaille au JO.

"Nous devons nous battre, nous ne reculerons pas"

Médaillé de bronze des Jeux olympiques de Tokyo, le lutteur indien Bajrang Punia s'est également joint à la manifestation et s'est plaint des méthodes autoritaires de Brij Bhushan Sharan Singh pour diriger la WFI. "Le travail de la fédération est de soutenir les sportifs, de veiller à leurs besoins. Et s'il y a un problème, de le résoudre", a-t-il déclaré sur Twitter, "mais que faire si la fédération elle-même crée le problème ? Maintenant, nous devons nous battre, nous ne reculerons pas."

Le mouvement #MeToo a pris de l'ampleur en Inde en 2018 à la suite des accusations de harcèlement sexuel portées par l'actrice de Bollywood Tanishree Dutta contre l'acteur Nana Patekar. Peu après, des femmes de tous les milieux se sont manifestées à leur tour pour dénoncer leurs agresseurs présumés, dont un ancien ministre du gouvernement, mais selon les militantes féministes, aucun changement fondamental ne s'est produit depuis.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.