Löw: "Ce profond sentiment de bonheur est éternel"
Comment allez-vous fêter ce titre?
JL: "Je ne veux pas perdre la tête (rires) ! Demain (lundi) non plus, nous partons pour Berlin, c'est ce que nous voulions. C'est logique de ne pas pouvoir vraiment réaliser après tant d'émotions, de pression aussi qui a pesé sur les joueurs et chacun de nous durant le tournoi. Mais ce profond sentiment de bonheur est éternel. Les joueurs ont tout donné, on a eu un Schweinsteiger et un Lahm exceptionnels. On leur avait dit: +Il faut tout donner comme jamais dans votre carrière, alors vous ramènerez le tournoi que vous n'avez encore jamais gagné+".
Qu'a eu Khedira ?
"A l'échauffement il a eu un problème au mollet, et hier (samedi) déjà il avait ressenti une pointe. Ce (dimanche) matin ça allait, puis avant le match il est rentré au vestiaire pour se faire soigner. On espérait qu'il jouerait, mais on n'a pas pris le risque qu'au bout de 10 minutes quelque chose casse et d'avoir à faire un changement en début de match, et on a donc décidé de titulariser Kramer".
Vous avez perdu des joueurs, et des remplaçants ont fait la décision...
"J'ai toujours dit qu'on ne jouait pas à 11 mais à 14, et que tous les joueurs devaient être prêts, que tous devaient être en alerte permanente. Dans ces conditions et températures, ils ne peuvent pas être au maximum pendant 90 minutes. On a senti vers la fin du temps réglementaire que l'Argentine était de plus en plus fatiguée, et il était important d'avoir Müller et Schürrle pour pouvoir jouer dans la profondeur".
Qu'avez-vous pensé des plans de jeu?
"On sentait que les deux équipes voulaient gagner dans le temps réglementaire. Il y a eu des occasions, on en a concédé comme quand Kroos a fait une tête vers l'arrière pour Higuain. Nous aussi avons eu quelques occasions, et on était plus actifs, on avait beaucoup plus de possession, on a eu cette énergie dans la prolongation, on ne voulait pas aller aux tirs au but, et on a mis plus de pression sur l'adversaire, dans le jeu vers l'avant. L'Argentine voulait peut-être attendre et contrer, récupérer le ballon et lancer Messi et les attaquants. C'est très bien ce qu'ont fait Hummels, Boateng et Schweinsteiger qui étaient là pour aller sur Messi, pour qu'il ne puisse pas prendre sa lancée".
Y a-t-il un héritage de l'Espagne et du Bayern de Guardiola dans votre équipe ?
"Ca fait beaucoup d'années qu'on travaille sur notre style de jeu, indépendamment de ce qui se fait dans d'autres équipes, on ne veut pas s'adapter à elles. Mais c'est vrai qu'il y a des entraîneurs comme Klopp, Guardiola ou Ancelotti qui travaillent le jeu et le font progresser au cours de la saison. Le Bayern sous Heynckes a gagné un grand titre il y a deux ans qui a donné de l'assurance aux joueurs qui croyaient qu'au Mondial c'était possible de le faire. L'Espagne est toujours une très bonne équipe, ils ont toujours un jeu de classe. Si Silva avait marqué le but du 2-0 dans leur premier match (contre les Pays-Bas, 1-5), qui sait s'ils ne seraient pas allés loin? Ce titre va nous pousser dans notre pays, on a beaucoup de jeunes joueurs. Klose, on va voir, il va peut-être continuer encore 4 ans, avec lui tout est possible (rire). Mais on a des jeunes comme Reus, Götze, Gündogan, Kroos qui n'a que 24 ans, qui peuvent faire beaucoup de choses dans leur carrière".
Comment avez-vous progressé?
"Nous avons passé 55 jours ensemble, mais le projet a commencé il y a 10 ans avec Jürgen Klinsmann. Notre grande force a été de progresser continuellement ces dernièrs années, même si on ne gagnait pas à la fin, et on savait qu'on allait finir par gagner. Cette équipe le méritait, avec Lahm, Schweinsteiger, Mertesacker, Podolski, Klose, qui étaient là depuis dix ans et déçus de ne rien gagner. Cette équipe l'a mérité, on a produit les meilleures performances dans ces sept matches du tournoi. Un incroyable état d'esprit s'est développé, avec de grandes capacités et une grande force de volonté, c'est aussi pour cela qu'on a réussi. Je suis fier de l'équipe, et être la première équipe européenne à gagner le titre mondial en Amérique du Sud, ici dans le pays du foot, au Brésil, nous rend très fiers".
Quel a été ce processus depuis 10 ans?
"La Bundesliga tient une grand part dedans, c'était important qu'après le Mondial-2010 avec notre équipe jeune beaucoup d'entraîneurs fassent confiance à des jeunes dans leur équipe. En 2000 et en 2004, le foot allemand était par terre, avec des éliminations dès le premier tour de l'Euro. En 2000, des mesures importantes ont été prises: il fallait former des joueurs, et être plus techniques. La seule vertu allemande ne suffit plus. On a fait des centres de formation et des écoles de foot qui ont aidé les équipes. Je suis très redevable de tout ça, notre titre est aussi un produit de la très bonne formation en Allemagne".
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