Les supporters de Zagreb persona non grata
"Au vu des incidents du match aller, nous savions que des supporteurs qui n'ont rien à voir avec l'amour du football, pouvaient se livrer à des violences et à des exactions", a expliqué à la presse Manuel Valls dans les locaux de l'Assemblée nationale. Pour prévenir tout débordement, le Ministre de l'Intérieur avait publié dimanche un arrêté interdisant le déplacement des supporteurs du Dinamo Zagreb à Paris, mettant en garde contre de "graves incidents (...) susceptibles d'intervenir si les supporteurs des deux clubs venaient à se rencontrer". Il évoquait aussi "la venue probable à Paris de 150 à 200 supporters violents, les Blue Bad Boys, démunis de billets", pour assister au match. L'arrêté soulignait "le risque élevé de violences et de dégradations dans les moyens de transport, sur les voies empruntées par les supporteurs croates pour se rendre à Paris, ainsi que dans l'agglomération parisienne toute entière, si ces supporteurs se trouvaient en présence de supporteurs du club de Paris Saint-Germain".
Dispositif renforcé autour du Parc des Princes
L'avertissement de Manuel Valls n'a pas refroidi certains supporters croates qui ont trouvé le moyen de rejoindre Paris. Dix-neuf d'entre-eux (dont 3 signalés comme particulièrement violents par les autorités croates) ont été interpellés du côté de la Bastille lundi après que des bagarres eurent éclater avec leurs homologues du PSG, alors qu'un supporteur du Dinamo Zagreb a sérieusement été blessé. "Des poursuites auront lieu contre ceux qui se sont livrés a des violences et ils seront reconduits a la frontière; des supporteurs parisiens qui étaient interdits de stade feront aussi l'objet de poursuites et évidemment le dispositif policier pour le match de ce soir va être renforcé", a indiqué le ministre de l'Intérieur. Mardi matin, ce sont près de 103 supporters qui ont été interpellés dans un hôtel de la capitale. "Nous avons identifié l'hôtel dans lequel la plus grande partie des supporteurs croates s'étaient rendus, et nous les avons interpellés pour des vérifications d'identité", a expliqué une source proche de l'enquête, précisant que cet hôtel se situait dans le XIe arrondissement parisien. "Ils font l'objet d'une mesure de garde à vue d'une durée maximale de 24 heures pour non respect de l'arrêté ministériel et sur instruction du Parquet pour violences volontaires aggravées et participation à un attroupement armé", a précisé en milieu d'après-midi la préfecture de Police dans un communiqué. Le pire est à craindre ce soir si d'autres ultras croates accèdent aux abords du Parc des Princes.
La mairie de Paris et la Fédé croate soutiennent l'action de la Police
Le maire de Paris Bertrand Delanoë a réclamé des sanctions fermes à l'encontre des fauteurs de troubles, évoquant dans un communiqué des "scènes inacceptables" tout en réclamant un "travail d'investigation sans concession" pour "sanctionner fermement tous les auteurs et complices des ces débordements." La Fédération croate de football a également déclaré son soutien aux autorités françaises. "Nous soutenons toute action qui a pour but de prévenir la violence ou punir ceux responsables d'actes de violence, a déclaré le porte-parole de la Fédé croate. La Fédération condamne toute forme de violence liée au sport et encourage la lutte contre le hooliganisme qui n'a rien à voir avec le football ou le sport."
Les "Blue Bad Boys" (BBB), groupe nationaliste violent : Les BBB, principal groupe "ultra" du Dinamo Zagreb proche des milieux nationalistes croates dont est issue la centaine de supporteurs arrêtée à Paris n'en est pas à son coup d'essai en termes de violence et a déjà été souvent condamné par l'UEFA. En 1994, après des incidents à Auxerre durant lesquels un policier avait été grièvement blessé, le Dinamo Zagreb fut exclu des compétitions européennes pendant un an. En 2009, de graves incidents face au FC Timisoara avait poussé l'instance européenne à infliger 75.000 euros d'amende et une suspension de trois ans avec sursis de toute compétition européenne. En 2010, une rencontre contre le rival, l'Hajduk Split, s'était soldé par une vingtaine de blessés et 70 arrestations, alors qu'un policier avait perdu un oeil. En conflit avec la direction du club et particulièrement le président Zdravko Mamic, qu'ils accusent d'abuser du club à des fins personnelles, les BBB prennent un malin plaisir à ne pas supporter leur équipe à domicile en Ligue des champions tout en causant des troubles à l'extérieur sachant que le club sera sanctionné.
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