Les matches fondateurs des Bleus
Mercredi matin, moins de 24 heures après que l’impensable soit devenu réalité, il est évidemment trop tôt pour savoir qu’elle sera la portée d’une telle victoire. Car l’équipe de France est comme ça, irrégulière, insaisissable, imprévisible. Car la troupe de Didier Deschamps avait déjà vécu une grande soirée en arrachant à la dernière seconde le match nul en Espagne il y a un peu plus d’un an (1-1). Avant de retomber dans ses travers. Mais mardi soir, elle a tourné une page et débuté un nouveau chapitre. Dos au mur, critiquée mais pas si seule que ça au vue d’un Stade de France, qu’on n’avait pas vu à pareille fête depuis des lustres, elle a fait ce qu’on attendait d’elle. En ça, ce succès 3-0 contre l’Ukraine peut porter en lui les germes d’une histoire qui peut-être encore plus belle. Au Brésil où l'attend une grande fête et aussi des montagnes, mais surtout en 2016 lorsque le pays accueillera l’Euro. D’autres avant les Sakho, Cabaye, Varane, Pogba, Ribéry ou encore Benzema ont vécu ce genre de soirées.
France-Pays Bas : 2-0 (18 novembre 1981)
Au début des années 80, l’équipe de France est au plus mal. Elle a raté les Coupes du monde 1970 et 1974 et s’est fait sortir au premier tour en Argentine (1978). Si la France du football vibre au son des exploits de Saint-Etienne, elle tarde à se passionner pour ses Bleus. Ce 18 novembre 1981, au Parc des Princes, tout va changer. Face aux Pays-Bas, double vice-champion du monde en titre, les Bleus vont s’imposer 2-0 grâce à leur maître à jouer Michel Platini. Celui qui n’est pas encore "Il Francese" de la Juventus (il y signera en 1982) foule encore les pelouses françaises avec les Verts. Sur celle du Parc, il va faire ce qu’il a fait souvent avec les Bleus : marquer. Sur coup-franc évidemment. Sa merveille de ballon enroulé à l’entrée de la surface va lancer les Bleus sur la route du Mondial 1982. Didier Six viendra clôturer l’affaire en fin de rencontre. Ce succès est le point de départ pour toute une génération, celle de l’Euro 84, du "carré magique", de l’attentat de Schumacher et des demi-finales perdues aux Coupes du monde 82 et 86.
Suède-France : 2-4 (16 août 1989)
La génération Platini est partie, l'ancien joueur de la Juventus est désormais sur le banc depuis un peu moins d’un an en remplacement d’Henri Michel. Avec lui à sa tête, les Bleus ratent tout de même le Mondial 90. L’heure est à la reconstruction avec un duo d’attaquants prêt à faire des étincelles : Jean-Pierre Papin et Eric Cantona. En Suède, pour un amical qui va lancer la saison 1989, les deux hommes vont d’ailleurs inscrire chacun un doublé pour un succès 4-2. Dans la foulée, les Bleus remportent leur 10 matches de qualification pour l’Euro 92 qui se déroule en Suède. Un Euro dont elle sortira par la petite porte après 2 nuls (contre la Suède et l’Angleterre) et une défaite contre le Danemark, futur vainqueur.
Roumanie-France : 1-3 (11 octobre 1995)
En 1995, l’équipe de France tente de se reconstruire, encore, après le désastre de 1993. A sa barre, Aimé Jacquet et toute une nouvelle génération dont le plus beau fleuron est un certain Zinédine Zidane. Sur la route de l’Euro 1996 en Angleterre, les Bleus jouent leur qualification en Roumanie, emmenée par George Hagi. Dans l’obligation de l’emporter, ils vont réussir une très belle prestation couronnée par des réalisations de Christian Karembeu, Youri Djorkaeff et "ZZ" qui les conduira en Angleterre où leur parcours s’achèvera sur une demi-finale perdue aux tirs au but face à la République Tchèque. Trois ans plus tard, cette génération dorée sera championne du monde en dominant le Brésil 3-0 au Stade de France, puis championne d’Europe en 2000.
France-Togo : 2-0 (23 juin 2006)
Après deux matches nul en ouverture du Mondial 2006 face à la Suisse et la Corée du Sud, la bande à Domenech doit l’emporter 2-0 contre le Togo pour espérer continuer l’aventure en Allemagne. Sans Zinédine Zidane suspendu pour cette rencontre qui dispute sa dernière compétition avant la retraite, les Bleus vont attendre la deuxième période pour tromper la vigilance des Africains. Les deux buts inscrits en 3 minutes (Vieira 58e, Henry 61e) lanceront définitivement l’équipe de France. Reprise en main par les "historiques" (Zidane, Thuram, Makelele, Vieira, Henry) à quoi s’ajoutera l’enthousiasme des petits nouveaux (Franck Ribéry), l’équipe de France éliminera l’Espagne, le Brésil et le Portugal avant de buter contre l’Italie lors de l’ultime marche. Une triste fin et des regrets éternels comme le dira L’Equipe le lendemain de cette finale marquée par Zidane et ses deux coups, de patte sur la panenka, de tête sur Materazzi.
Bosnie-France : 0-2 (7 septembre 2010)
Sur les cendres de Knysna et après deux défaites en amical contre la Norvège (1-2) et lors des éliminatoires de l’Euro 2012 à Saint-Denis contre la Biélorussie (0-1) les Bleus de Laurent Blanc – qui a pris la succession de Raymond Domenech – n’ont déjà plus le droit à l’erreur quand ils se rendent en Bosnie dans ce choc du groupe D. Avec un 4-3-3, déjà, articulé autour du trio M’Vila-Diarra-Diaby, avec Karim Benzema en pointe et sans les suspendus post-Mondial (Ribéry, Nasri, Evra…), les Bleus vont s’imposer 2-0 grâce au Madrilène et à Florent Malouda. Cette victoire marque le début d’une série de 23 rencontres sans défaite qui s’arrêtera brutalement à l’Euro 2012 contre la Suède lors du dernier match de poule contre la Suède (2-0). Un revers sans conséquence, puisque la France était déjà qualifiée pour le quart de finale. Mais une défaite qui brisera net la dynamique d'un groupe éliminé par l'Espagne (2-0) et qui cassera les illusions de Laurent Blanc, qui préférera démissionner.
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