Les buts de la discorde
Jusqu'ici, c'était plutôt calme dans le petit monde de l'arbitrage. Hormis les "petits" oublis de Messieurs Lanoix (Brésil - Côte d'Ivoire), Stark (Uruguay - Corée du Sud) et Coulibaly (Slovénie - Etats-Unis), le Mondial sud-africain avait réussi à éviter les polémiques sur ce terrain. C'est terminé ! En deux matches, tout a été remis en question. Les deux cas sont différents mais auraient pu être déminés par une très courte séquence vidéo. Il ne s'agit pas de tirer à boulets rouges sur les arbitres, qui ont eu lourde tâche sur les épaules et quelques dixièmes de seconde pour de décider, mais plutôt de les aider dans des situations précises, à savoir valider ou invalider un but. Lors d'Allemagne - Angleterre, le frappe de Lampard a touché la barre puis rebondi assez loin derrière la ligne. Tout le monde l'a vu, même le gardien allemand Neuer. Jorge Larrionda et ses assistants n'ont pas bronché. En soirée, c'est un but accordé à Tevez qui a créé la polémique. L'Argentin a marqué de la tête alors qu'il était clairement hors-jeu sur la passe de Messi (aucun adversaire entre lui et la ligne de but !). Malgré le ralenti diffusé sur l'écran géant du stade, Massimo Rosetti a suivi l'erreur de son assistant. "Ce but nous a désorientés, déconcentrés. Il est évident que le deuxième but est le produit du premier, ce n'estpas une action logique, a juste indiqué Javier Aguirre, le sélectionneur du Mexique. A 2-0 contre l'Argentine en 8e de finale, celadevient difficile." L'ampleur du score final des deux rencontres (4-1 et 3-1) ne doit donc pas faire oublier ces deux erreurs car elles se sont produites à un moment du match où rien n'était joué (2-1 pour l'Allemagne et 0-0 entre Argentins et Mexicains).
Les images sont limpides et vont souffler sur des braises encore chaudes. Huit mois après la fameuse main de Thierry Henry qui avait qualifié les Bleus aux dépens des Irlandais, il va devenir quasi impossible à la Fifa de refuser davantage la vidéo. Insoutenable position ? Pas certain car la Fifa et l'Ifab (l'International Football Association Board, qui régit les lois du jeu) sont arc-boutées sur leur refus de toute assistance par la vidéo, malgré tous les scandales qui s'amoncèlent et qui crèvent les écrans du monde entier. Le 6 mars, la planète football avait cru voir enfin une évolution, le Board ayant accepté pour la première fois de mettre à l'ordre du jour de son assemblée générale l'assistance technologique à l'arbitre. Mais la sentence fut sans appel: après s'être fait présenter à Zurich, au siège de la Fifa, deux technologies d'assistance vidéo à l'arbitrage sur la ligne de but, l'Ifab avait décidé de ne pas les intégrer à son règlement et aux Lois du jeu. Le but refusé à l'Angleterre et celui accordé à tort à l'Argentine vont-ils changer les vues de l'Ifab ou continuera-t-elle à fermer le yeux ? Il n'y a plus qu'à Lourdes qu'on croit aux miracles. Et encore...
Il n'y a bien qu'en Allemagne où la "kolossale" erreur sera reléguéeau rang de péripétie. Dès la fin du match, la presse germanique yvoyait même une revanche du destin après le but controversé de lafinale de la Coupe du monde 1966. "Le tir de Lampard s'est écrasé commeà Wembley sous la barre, mais à l'inverse de cette fois là, il arebondi nettement derrière la ligne (...) Merci monsieur l'arbitre !",a commenté Bild, qui a vu dans ce but refusé alors que le score étaitde 2-1, une "chance méritée" pour les Allemand. Dans le camp anglais,on ne décolère pas. Fabio Capello, le sélectionneur des Anglais n'y vapas par quatre chemins. Le but refusé à Frank Lampard "est l'un desmoments les plus importants du match. Ce but était très important. Enégalisant, on aurait joué différemment. Nous avons fait quelqueserreurs que nous avons payées en contre. Mais la plus grosse erreur,c'est celle de l'arbitre. Ce sont toujours des petites choses qui fontle résultat." Beaux joueurs, les bookmakers anglais ont eux décidé devalider le but de Lampard et de verser leurs gains aux joueurs quiavaient pronostiqué un but du milieu de Chelsea. Tous gagnants ?
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