Les Bleues trouvent la clé anglaise
Dans une ambiance époustouflante, les Françaises ont logiquement remporté un match largement à leur portée, qu'elles ont dominéde la tête et des épaules sans pouvoir toutefois faire le break durant le temps réglementaire.mais qu'elles auraient tout aussi bien pu perdre, faute d'avoir su trouver plus tôt la clé pour surprendre la défense anglaise. Les Anglaises avaient ouvert la marque par Jill Scott (59), la Française Elise Bussaglia égalisant deux minutes seulement avant la fin du temps réglementaire (88) d'une superbe frappe enroulée. Elles ont dû attendre les tirs au but pour faire sauter le verrou de la victoire, profitant peut-être d'une meilleure fraîcheur physique après avoir imposé un impact énorme à des Britannique qui ont beaucoup souffert.
Indéniablement, l'équipe de France a réussi le plus grand exploit de son histoire en renversant par deux fois une situation mal engagée face à l'Angleterre, dans le temps réglementaire puis aux tirs au but (4 t.a.b à 3, 1-1 a.p.). Les tirs au but, comme lors de l'Euro-2009, déjà en quarts de finale. Les Françaises s'étaient alors inclinées face aux Pays-Bas (0-0 a.p.), un adversaire plus qu'à leur portée et qu'elles avaient dominé.Comment ne pas faire la comparaison avec le match de samedi à Leverkusen? Jusqu-à deux minutes de la fin du temps réglementaire, l'histoire semblait devoir se répéter face à des Anglaises manifestement moins fortes à tous points de vue.
Piégées par Jill Scott après une terrible mésentente entre Laure Lepailleur et Sabrina Viguier (59), les Bleues se dirigeaient ainsi vers une élimination cruelle quand Elise Bussaglia expédiait du gauche et de l'entrée de la surface une frappe magnifique qui trompait Karen Bardsley (88). Les Bleues sortaient la tête de l'eau dans un match au cours duquel pourtant elles devaient plier rapidement la situation.
La prolongation était ensuite un calvaire pour les jambes anglaises, dévorées par les crampes, à l'image de l'attaquante Ellen White, la plus inspirée d'une sélection sans grande imagination, qui se heurtait à Céline Deville, remplaçante de Bérangère Sapowicz, suspendue. Les Françaises passaient encore tout près de l'élimination lors de la séance de tirs au but, entamée par un raté de Camille Abily, pourtant admirable de courage et de rage tout au long du match. Mais les deux dernières tireuses anglaises, Claire Rafferty et Faye White manquaient la cible et qualifiaient les Bleues.
Le sélectionneur français Bruno Bini voulait éviter le "syndrome Euro-2009", quand les Bleues, trop heureuses d'avoir atteint les quarts de finale pour la première fois, s'étaient endormies sur leurs lauriers. Ses joueuses ont su le faire et en seront récompensées par une demi-finale de rêve, mercredi à Mönchengladbach, contre le Brésil ou les Etats-Unis, deux références du football féminin.
Déclarations
Camille Abily (milieu de terrain de l'équipe de France): "Nous sommes très heureuses. C'était très stressant d'être menées à deux minutes de la fin. Et après mon penalty raté, je me sentais très mal. Mais je suis chanceuse, on a gagné, je vais oublier. On a vraiment mérité la victoire, elles se sont créées peu d'opportunités. Physiquement ça a été très dur, 120 minutes ce n'est pas facile, surtout quand on enchaîne les matches. Et on finit mieux qu'elles. On a montré qu'on y croyait jusqu'au bout. Aux penalties, on se souvenait de 2009, on appréhendait un peu. A l'entrainement, hier, j'en ai raté un et réussi un. J'en avais déjà raté un en championnat américain contre cette gardienne.
Hope Powell (sélectionneuse de l'Angleterre): "Ca a été un match très dur. La France a été meilleure en première période. Nos jambes étaient fatiguées. On savait que c'était une bonne équipe. Je suis déçue de rentrer à la maison. Une équipe anglaise perd encore aux penalties, c'est lassant... Ce sont les penalties. Le match doit se finir, il s'est mal fini pour nous."
Sandrine Soubeyrand (capitaine de l'équipe de France): "C'est génial, fantastique. Je n'ai pas vraiment de mots. Ca récompense tant d'années de travail. On va savourer, tout est magique. A la fin du temps réglementaire, on y croyait, sur chaque action. En prolongation, on voyait qu'elles avaient l'air claqué mais elles ont quand même une occasion. On est passé par tant de désillusions. C'est fantastique pour tout le foot féminin. Pour moi aussi, mais surtout pour le foot féminin. On n'a pas envie de s'arrêter là, mais on a laissé beaucoup de forces dans la bataille. Dans le groupe, tout le monde peut jouer. Certaines ne sont pas encore entrées et sur le banc elles étaient à fond. A la fin, j'ai eu quelques larmes. On a écrit une belle histoire mais on sait que la médiatisation est éphémère et furtive. Pour que ça continue, il faudra enchaîner les résultats en compétition."
Gaétane Thiney (attaquante de l'équipe de France): "Le but encaissé alors qu'on dominait ? C'était pour le suspense. Le but à la 88e ? Pour le suspense. Aux tirs au but, j'étais sereine, parce que j'ai vécu la même chose en quart de finale de Coupe de France avec Juvisy. On avait raté le premier et on avait gagné quand même. Alors, je l'ai dit aux filles, mais elles m'ont dit: "Connasse, c'était contre Lyon !" Et la dernière Anglaise, j'étais sûre qu'elle allait rater. C'est une arrière, elle avait des crampes, je me suis dit "elle va faire une grosse merde". C'est fou. Je réaliserai tout à l'heure sur mon lit. C'est génial."
Brigitte Henriques (ancienne internationale, N.3 de la FFF): "C'est juste extraordinaire. Ca fait vibrer, les hymnes, le stade plein... Il ne manque plus grand-chose pour aller aux JO. Mentalement, physiquement, elles ont passé un cap. C'est l'année du foot féminin. Pour la fédération, ça ne peut pas mieux tomber. En me nommant secrétaire générale, Noël Le Graët a montré qu'il voulait pousser le foot féminin. Ca va faire du bien. Merci les Bleues !"
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