Le rugby à 7 français a encore à apprendre
La France vient de terminer 11e seulement du tournoi de Hong Kong et occupe également la 11e place au classement général du World Series. Il lui reste donc du chemin à parcourir, et beaucoup à apprendre. C'est bien d'ailleurs la problématique que rencontre le rugby à 7 français: celle de devoir essayer de faire jeu égal avec les meilleures nations dans la précipitation, en tentant de rattraper en quelques années tout le retard accumulé depuis au moins une décennie.
Des autorités attentistes
C'est que la question du VII, si elle ne fait plus débat dans les instances fédérales, n'a pas toujours été une traitée avec autant d'intérêt. Il y a au moins une dizaine d'années, dans le sillage du tournoi qui drainait à Charléty un public nombreux, curieux et conquis (la dernière édition ayant eu lieu en 2006), quelques voix s'élevèrent pour tenter de rallier le rugby français à la cause d'un 7 tricolore balbutiant. Ce ne fut certes que des velléités peu structurées, mais qui avaient le mérite d'exister. A ce moment-là, la FFR privilégiait avant tout son pré carré du XV, les clubs ne voulaient pas entendre parler d'un développement du VII....Pour des raisons d'effectif et de moyens. La cause semblait vouée à l'échec.
Et puis vint la reconnaissance olympique. Elle eut un effet positif, celui de booster le "Seven" français. Dès lors, les autorités du rugby se décidèrent à entrer dans l'arène, à mettre un peu de moyens pour cette discipline en passe d'amener un public encore plus large que le XV ne fut-ce que par son format et sa dimension spectaculaire. La FFR prit quelques joueurs sous contrat pour tenter de structurer la discipline et alla piocher dans le vivier du XV. Le Sept tricolore s'est donc mis en ordre de marche pour l'aventure olympique. Mais cela ne fait que cinq ans seulement que les choses bougent vraiment, et ce, de façon un peu désordonnée. Les artisans du VII, ceux qui avaient oeuvré dans l'ombre et donné des recommandations à une époque où ce n'était pas la mode, avaient pourtant raison. Il fallait préparer l'avenir de ce sport bien en amont. Au lieu de quoi, on a tergiversé, perdu du temps, et la FFR a fait une vraie erreur stratégique en ne voyant pas plus tôt l'impact d'un rugby plus lisible, capable de dépasser les frontières.
Une discipline universelle
La preuve, le rugby à VII ne se cantonne pas à quelques nations, il a essaimé sur tous les continents, et le World Series touche aussi bien Hong Kong, que Singapour ou Dubai. Cette universalité s'inscrit évidemment dans le concept olympique. Alors oui, la France a enfin pris la mesure de ce qu'il fallait faire pour faire partie des prétendants. Mais pour espérer décrocher une médaille, il faudra sans doute qu'elle monte d'un cran dans la hiérarchie. Car pour l'instant, elle est bien en-deçà des spécialistes du genre que sont les Fidji ou la Nouvelle-Zélande, mais aussi des nations-phares comme l'Afrique du Sud, l'Australie ou l'Angleterre, qui se sont depuis longtemps penchées sur le sujet, sans oublier les pays qui se sont exclusivement concentrés sur le Seven, essentiellement pour des raisons de moyens, comme le Kenya qui en est l'exemple le plus marquant. Hormis quelque exploit ponctuel, de façon réaliste, on ne voit pas l'équipe de France se mêler à la lutte pour le podium à Rio. Quand bien même elle possède dans ses rangs des joueurs d'exception comme Watakawa, ou rôdés désormais à l'exercice comme Candelon, il lui manque peut-être un sorte de vécu commun, de repères, d'histoire sur le long terme, en quelque sorte de culture pour faire bouger les lignes.
Rattraper le temps perdu
La France est pourtant une équipe en développement qui tente de rattraper le temps perdu. Il a fallu attendre 2014 pour voir un championnat de France se dessiner; et encore celui-ci s'est-il adossé aux clubs existant à 15, alors qu'il faudrait sans doute structurer le VII avec des compétitions propres, des clubs différents qui n'appartiennent pas aux places fortes du rugby français, mais qui pourraient exister et s'épanouir sur l'économie du VII, et produire des joueurs spécifiquement formés pour cette discipline. L'exposition olympique aura au moins pour effet de mettre le "Rugby Seven" en valeur et de contribuer à nourrir davantage d'intérêt. Pour les Bleus aussi, ce sera une belle vitrine surtout s'il livrent un bon tournoi. Mais quant à jouer vraiment dans la cour des grands, ils risquent d'ici quatre mois d'être encore un peu tendres.
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