Le plus grand scandale de matches truqués mis au jour
Après les affaires de matches truqués en Turquie, en Italie, après les affirmations de France Football la semaine dernière concernant la désignation du Qatar comme organisateur du Mondial-2022, le football mondial semble encore dans l'oeil du cyclone. Lors d'une conférence de presse, le directeur général d'Europol, Rob Wainwright, a dévoilé qu'une enquête de ses services avait permis de révéler qu'une réseau criminel, basé en Asie mais avec des complicités en Europe, est soupçonné d'avoir truqué 380 matches, et que 425 arbitres, dirigeants de clubs et joueurs provenant de 15 pays, sont soupçonnés d'y avoir pris part, entre 2008 et 2011. "Il nous semble clair qu'il s'agit de la plus grande enquête de tous les temps sur des matches truqués présumés", a déclaré Wainwright. Cette conférence de presse avait été annoncée voici une semaine, et il semble qu'elle tienne ses promesses. Europol a dénombré 380 matches truqués en Europe et 300 autres en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
8 millions d'euros de bénéfices
Un enquêteur allemand, Freidhelm Althans, a expliqué que le réseau employait des "courriers" transportant des enveloppes pouvant contenir jusqu'à 100.000 euros par match, qui servaient à rémunérer joueurs et arbitres. "Nous avons réuni des preuves dans 150 cas", a-t-il précisé. Des complices prenaient ensuite des paris sur internet ou par téléphone avec des bookmakers en Asie, où sont acceptés des paris qui seraient illégaux en Europe. "Un match truqué pouvait impliquer jusqu'à 50 suspects dans dix pays sur différents continents", a déclaré Freidhelm Althans. "Même deux matches éliminatoires de Coupe du monde en Afrique, et un en Amérique centrale, sont suspects". La combine, mise à jour grâce à l'analyse notamment de plus de 13 000 e-mails, porterait sur une somme avoisinant les huit millions d'euros de profit, pour 16 millions d'euros misés. En janvier, Interpol avait mis en garde le monde du football sur le fait que la corruption en son sein aide à financer d'autres activités criminelles comme la prostitution ou le trafic de drogues.
Des investigations encore en cours
Des rencontres de championnat auraient fait l'objet de ces truquages, mais aussi des matches de Ligue des Champions, au nombre de deux mais dont l'un a eu lieu en Angleterre, et même de qualifications pour la Coupe du monde. Europol a notamment montré lors de la conférence de presse, une rencontre internationale des moins de 20 ans entre l'Argentine et la Bolivie lors de laquelle un arbitre hongrois accorde un penalty plus que litigieux en faveur de l'Argentine. Ce n'est pas la première fois que de telles révélations sont faites dans le milieu du football. Cela avait déjà notamment concerné un match de qualification pour l'Euro-2008, aboutissant à la suspension pour dix ans d'un joueur maltais. En revanche, de part son ampleur, elle pourrait être la plus grande. La plupart des matches truqués ont été joués dans les championnats turcs, allemands et suisses. Le but du trucage était de gagner d'importantes sommes d'argent grâce à des paris sportifs.
L'UEFA dans l'attente de précisions
Concerné au premier chef, l'UEFA a réagi dans un communiqué à ces révélations: "L'UEFA a pris connaissance des déclarations d'Europol sur de présumés matches arrangés qui ont eu lieu dans différentes compétitions et s'attend à recevoir plus d'informations dans les jours à venir. Une fois que les détails de ces investigations seront entre les mains de l'UEFA, ils seront transmis aux instances disciplinaires compétentes afin que les mesures adéquates soient prises. Comme acteur de la lutte contre ce fléau, l'UEFA coopère déjà avec les autorités sur ces questions dans le cadre de son programme de 'tolérance zéro' vis à vis des matches arrangés dans notre sport".
Les enquêteurs ont refusé de dévoiler le moindre nom de joueur ou de club tant que les investigations ne seront pas achevées. L'enquête a été menée par les autorités allemandes, finlandaises, hongroises, autrichiennes et slovènes en collaboration avec Europol et a été soutenue par huit autres pays européens. Quatorze suspects ont déjà été condamnés, pour un total de 39 ans de prison, mais une centaine d'autres doivent encore comparaître.
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