Le match du jour: Bouchard-Sharapova
Maria Sharapova est une habituée des lieux. Roland-Garros, elle connaît bien. Douze participations - la première date de 2003, âgée de 16 ans, elle était sortie des qualifications avant de perdre au premier tour - et donc une cinquième accession aux demi-finales d'un Grand Chelem qu'elle a remporté en 2012 en dominant Sara Errani. Cette année, la Russe a évité la mésaventure de son bourreau en finale l'an dernier, Serena Williams, en éliminant une à une les nouvelles têtes du tennis féminin qui se dressaient face à elle. Sa compatriote Ksenia Pervak au premier tour (23 ans), l'Argentine Paula Ormaechea (21 ans) au 3e tour. Si ces deux dernières n'ont pas pesé bien lourd, Ormaechea encaissant même un cinglant 6-0, 6-0, Garbine Muguruza a fait bien mieux que résisté face à la numéro 8 mondiale.
Cette jeune Espagnole de 20 ans s'est révélée lors de ces Internationaux de France. C'est elle qui a fait tomber dès le deuxième tour, la tenante du titre Serena Williams. C'est encore elle qui a collé un 6-1 dans la première manche de son quart de finale face à Sharapova. Mais là où Williams a coulé, Sharapova, elle, a relevé la tête pour finalement s'imposer en trois sets, au mental. En conférence de presse, elle a loué son adversaire, une joueuse qui possède un "énorme potentiel". "Elle joue beaucoup mieux cette année que l'année dernière. Quand j'ai joué contre elle à Rome, j'ai gagnée relativement facilement (6-2, 6-2, ndlr) alors que, cette année, je l'ai jouée en quarts de finale". La place de Muguruza et de Bouchard, celle de la jeune louve aux dents longues, Sharapova l'a occupée. A Wimbledon en 2004, à 17 ans, elle remportait son premier titre du Grand Chelem face à Serena Williams, alors double-tenante du titre. La Russe sait donc à quoi s'attendre. Mais Muguruza à peine écartée, elle voit déjà une autre nouvelle tête se dresser face à elle, Eugenie Bouchard.
Bouchard, une nouvelle Sharapova?
L'une est grande (1m88), blonde et russe. L'autre est grande (1m78), blonde et canadienne. Mais plus que dans leur physique, c'est dans leur façon de jouer qu'Eugenie Bouchard et Maria Sharapova se ressemble. Mentalement les deux ne lâchent jamais rien. Carla Suarez-Navarro, victime de la Canadienne en quarts de finale, ne disait pas autre chose en conférence de presse : "elle se bat sur toutes les balles". Une qualité qu'elle partage avec la Russe. Les deux l’ont d’ailleurs prouvé en quarts de finale, puisque Maria Sharapova est revenue dans le match après avoir perdu le premier set tandis que la numéro 16 mondiale, menée 4-1 dans la troisième manche, a fini par s’imposer 7-5.
Pourtant, cette force mentale, la Canadienne ne l’a pas apprise de la Russe. Ses souvenirs de gamine découvrant la joueuse russe laissent plutôt la place à des considérations plus superficielles : "J’ai une photo d'elle quand j'avais 7 ou 8 ans. Elle était un peu une idole pour moi quand j'étais plus jeune. La première fois que je l'ai vue, c'était à Miami je crois. D'abord, je regardais ses belles petites jupes, comment elle était habillée, j'étais moi-même une gamine." Puis est arrivé Wimbledon et la victoire de la Russe en 2004 à 17 ans. "En tant qu’enfant, je la regardais jouer, notamment les finales de Wimbledon et je me disais ‘ce qu'elle fait c’est cool, c'est incroyable, je veux faire la même chose’".
Avantage Sharapova
Jeudi, les deux joueuses vont se confronter pour la troisième fois dans leur carrière. Avantage Maria Sharapova pour l’instant puisqu’en deux rencontres la Canadienne n’avait inscrit que huit jeux face à la tête de série numéro 7. Deux à Miami (6-2, 6-0, ndlr) en 2013 et six au deuxième tour de Roland-Garros également l’année dernière (6-2, 6-4, ndlr). Mais Sharapova se méfie : "Cette jeune génération (Muguruza, Bouchard, ndlr) est certainement très ambitieuse. Quelqu'un comme Eugénie qui monte depuis 2 ans, vient de percer sur un tournoi du Grand Chelem, elle joue à un niveau exceptionnel. L'année dernière, on s'est affronté au deuxième tour et aujourd'hui, on est en demi-finale. C'est une très belle étape pour l'une comme pour l'autre".
En habituée du dernier carré – Sharapova va disputer sa 11e demi-finale de Grand Chelem – la Russe a pour elle l’expérience. Eugénie Bouchard a pour elle l’insouciance. En conférence de presse, à un journaliste l’interrogeant sur le fait d’accéder pour la deuxième fois d’affilée en demi-finale de Grand Chelem après l’Australie, la Canadienne n’a pas manqué d’humour. "Mon objectif, c'est de faire comme Roger (Federer, ndlr), 20 demi-finales de suite ! Là, j’en suis à deux ! Non, je blague, mais je suis fière de ce que j’ai fait. J'en suis fière, je veux continuer et faire mieux que l'Australie", avait-elle lancé. Avant de prévenir Sharapova : "Je la respecte complètement mais maintenant, nous sommes en demi-finale. Je la respecte mais je ne veux pas la mettre trop haut, je veux une bataille, un combat".
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