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Le lâcher-prise gagnant de Robert

Deux sets au 1er tour, deux sets au 2e, Stéphane Robert se retrouve au 3e tour des qualifications de Roland-Garros. Mais plutôt que de s'isoler pour rester dans la compétition afin de franchir la dernière marche vers le tableau final, le 140e mondial manie avec bonheur la décontraction. Se faire plaisir, voilà son objectif sur le terrain. Et cela ne l'empêche pas d'avoir des résultats.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

L'image est incroyable, rare à ce stade de la compétition. Une horde d''enfants entoure Stéphane Robert à la sortie de sa victoire au 2e tour des qualifications de Roland-Garros. Durant plus de dix minutes, il signe des autographes, se fait prendre en photo, souriant, remettant un peu certains jeunes trop pressants sur le bon chemin. "Ce n'est qu'un 2e tour de qualifs", rigole-t-il ensuite. Mais à 31 ans depuis hier, le Montargeais ne boude pas son plaisir. Un bonheur très simple, qu'il cherche à faire fructifier: "J'ai fait un bon match. J'étais costaud. Je ne connaissais pas mon adversaire, donc j'ai demandé à d'autres joueurs Français ce qu'ils pensaient de son jeu. Je connais un peu la filière colombienne: je sais qu'ils ont de bons retours notamment en revers, qu'ils ont l'habitude de jouer en altitude donc ils prennent la balle tôt. Du coup, je n'ai pas vu ce que donnait son retour de revers car il n'a pas dû en faire un seul. Je lui ai pilonné le coup droit, une tactique qui a été assez payante. Ca l'a beaucoup perturbé. J'ai très bien géré un jeu dans le deuxième set où j'étais mené 0-40, ce qui m'a fait du bien car il était très important. Par rapport à mon premier tour, j'étais mieux aujourd'hui. Hier, je ne sentais pas très bien la balle. Je me suis battu. Là, j'ai eu de meilleures sensations, j'ai été plus agressif."

Ca, c'est pour la partie technique. La partie philosophique est beaucoup plus légère. "Depuis le début de la saison, je fais les choses qui me font plaisir. Je n'ai pas de pression particulière car je sais que je donne le meilleur. Je tente, cela peut aller n'importe où mais ce n'est pas grave. Il y a tout le temps de la pression, mais à moi d'en faire abstraction et de trouver le meilleur moyen de communiquer avec moi-même" Et se faire plaisir, pour le 140e mondial, c'est s'aligner à Dubaï car il a un ami à voir à Doha, c'est partir sur un tournoi à Athènes plutôt qu'aller à Rome car il avait entendu dire qu'un tremblement de terre pourrait avoir lieu en Italie, c'est enchaîner des épreuves indoor et à l'extérieur, sur dur et sur terre... "Là, ça a été n'importe quoi", confesse-t-il tout sourire. Ayant quitté son entraîneur Ronan Lafaix en fin de saison dernière - "il voulait entraîner pour se battre avec les meilleurs du monde, moi je ne pouvais pas le lui garantir" - il joue désormais libéré. Mais pas sans résultat, comme en témoigne sa qualification pour le 1er tour à l'Open d'Australie, sa finale en Guadeloupe au Gosier - "où j'avais décidé de partir en vacances" -, sa victoire à Ostrava ou sa demi-finale à Bordeaux la semaine dernière. "Maintenant je vais tout donner", annonce-t-il avant le 3e et dernier tour des qualifications. "Je me suis qualifié en Australie et dans ma tête, j'ai vraiment envie de me qualifier sur tous les Grands Chelems. Je suis bien physiquement, je suis bien mentalement. Je joue un peu en pilote-automatique en ce moment. C'est amusant de ressentir ça, on tente des choses, on arrive à trouver du calme quand il faut. J'en profite, je surfe sur cette vague."

Avec sa casquette rapiécée et sa barbe, il n'affiche pas le look habituel d'un joueur du circuit. Cela tombe bien, il s'est mis volontairement en retrait du circuit principal "où je ne me sentais plus à l'aise. Je réfléchissais trop, j'ai voulu changer des choses et cela ne m'a pas réussi." Sur les Challengeurs, il retrouve le goût du jeu, le bonheur du tennis, la volonté de se battre comme un combattant, choses qu'il avait perdu en route. "A force de vouloir me décontracter sur le terrain, je n'étais plus un guerrier", regrette-t-il. En poursuivant les méthodes de travail de son entraîneur en marge de l'académie Moratoglou dans laquelle il s'entraîne avec Dimitrov, des juniors et des filles - "c'est super-motivant" -, Stéphane Robert s'épanouit. Et son credo prend source dans cette phrase: "J'aime le soleil. Alors maintenant, de décembre à mars, je suis au soleil."

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