Le football belge ébranlé par une vaste opération anti-fraudes, la France visée par l'enquête
L'enquête menée depuis un an par la justice belge porte sur des soupçons de fraudes sur les commissions liées aux transferts ou aux salaires des joueurs mais aussi sur des matchs truqués la saison dernière en première division belge, a indiqué le parquet fédéral. Elle a donné lieu mercredi à une soixantaine de perquisitions dans sept pays européens (Belgique, France, Luxembourg, Chypre, Monténégro, Serbie et Macédoine), avec au total 220 policiers mobilisés. En Belgique, où l'affaire était qualifiée de "séisme" par les médias, les sièges des plus grands clubs ont été perquisitionnés. Ceux notamment du FC Bruges, du Standard de Liège, d'Anderlecht et de Genk, actuel leader de la Jupiler Pro League, la première division belge, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.
Blanchiment d'argent
Dix des seize équipes du championnat sont concernées, a souligné la chaîne francophone RTBF. Parmi les nombreuses personnes interpellées figurent, d'après cette même source proche de l'enquête, le Croate Ivan Leko, entraîneur du FC Bruges, qui dispute cette saison la Ligue des champions, ainsi que Herman Van Holsbeeck, ex-manager général d'Anderlecht, le club le plus titré du pays. Dès mercredi matin, le parquet fédéral avait confirmé le nom d'un autre interpellé révélé par la presse: Mogi Bayat, ancien dirigeant du Sporting de Charleroi, présenté par les médias comme l'agent de joueurs le plus puissant de Belgique. "Il a été interpellé à son domicile", a indiqué à l'AFP Wenke Roggen, une porte-parole du parquet fédéral, compétent en matière de crime organisé et qui chapeaute l'enquête. Mogi Bayat, Belge d'origine iranienne, a longtemps été, du temps de l'ancienne direction d'Anderlecht remplacée fin 2017, l'agent "incontournable" de ce club, selon le quotidien Le Soir.
Selon le parquet fédéral, l'enquête a débuté fin 2017 à la suite d'un rapport de l'Unité des fraudes sportives de la police fédérale. Celui-ci révélait "des indications de transactions financières suspectes" dans le championnat belge, concernant les commissions sur les transferts mais aussi les salaires versés aux joueurs et entraîneurs. Les investigations ont ensuite été étendues après "des indications d'influence possible sur les matches de la saison 2017-2018", précise le communiqué. "L'instruction judiciaire couvre des activités menées dans le cadre d'une organisation criminelle, le blanchiment d'argent et la corruption privée", selon la même source. Au total, 184 policiers ont été mobilisés pour les 44 perquisitions effectuées dans toute la Belgique, visant les domiciles de dirigeants de clubs, d'agents, d'arbitres, celui d'un ancien avocat, un bureau comptable ou encore des journalistes, a détaillé le parquet.
La France dans le viseur ?
A l'étranger treize autres raids policiers, coordonnés avec l'aide d'Eurojust, ont ciblé "principalement" les bureaux ou domiciles de "dirigeants de personnes morales" impliquées dans les transactions suspectes. Le parquet fédéral n'a cité aucun nom de club. Selon le quotidien flamand De Standaard, l'enquête "cible principalement les agents de joueurs Mogi Bayat et Dejan Veljkovic ainsi que les différents clubs avec lesquels ils font affaire". Le FC Nantes et les Girondins de Bordeaux comptent parmi les clubs français avec lesquels Mogi Bayat a traité récemment, d'après les médias belges. Contacté par l'AFP, le club de Bordeaux a assuré n'avoir été la cible d'aucune visite de la police mercredi.
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