Le coup de grâce pour les Bleus
Peu avant 16h00, la Marseillaise retentissait dans un Free State Stadium acquis à la cause des Bafana Bafana. L'équipe de France, elle, faisait face, seule, à ses responsabilités. Pour une fois, les Bleus semblaient plus que jamais soudés, et surtout, cela faisait bien longtemps que l'on avait pas vu autant de Bleus chanter l'hymne tricolore. Quoi qu'il arrive, cette rencontre resterait sans doute dans les mémoires du football français. Mais l'heure n'était plus à la polémique, aux invectives, ou aux règlements de compte. Dans un toujours plus bruyant concert de vuvuzelas, l'inédite formation de Raymond Domenech (si toutefois il en avait encore le pouvoir).
A la 3e minute, Gignac se présentait sur le côté gauche et tentait sa chance face au portier Josephs, mais sa frappe était sans conviction. Evra et Abidal évincés pour les raisons que l'on connaît, Clichy et Squillacci avaient pris place en défense. Toulalan suspendu, Diarra s'y collait avec en prime le brassard de capitaine. En attaque, c'était au tour de Cissé d'effectuer ses grands débuts. Et l'attaquant du Panathinaikos avait le mérite de montrer la voie en cadrant sa tête (10e), qui était finalement bien négociée par le dernier rempart sud-africain.
Dans la minute suivante, la main de Khumalo n'était pas sifflée (11e), mais là encore, les Français avaient-ils des leçons à donner aux autres nations. Au quart d'heure de jeu, les plus fervents supporteurs de l'équipe de France scrutaient non seulement le panneau d'affichage qui restait bloqué à 0-0, mais s'enquéraient déjà du score de l'autre rencontre du groupe opposant le Mexique à l'Uruguay (0-0 également).
Mais à la 20e minute, et alors que la France dominait clairement, un nouveau coup de semonce faisait trembler les Bleus, l'Afrique du sud ouvrant la marque sur un corner grâce à une tête de Khumalo qui profitait d'une sortie au poing hasardeuse. Au pied d'un mur insurmontable, les Bleus devaient garder leur sang froid et se ressaisir immédiatement Mais désormais, les hommes de Parreira prenaient confiance. Le match tournait à la parodie lorsque sur une action certes rugueuse de Gourcuff, le milieu de terrain écopait d'un sévère carton rouge (25e).
Réduits à dix, l'équipe de France perdait son mince espoir de sortir la tête haute, perdait totalement sa crédibilité, et surtout, perdait le soutien que lui apportaient encore ses derniers supporteurs. A la 37e minute, les dieux du football se riaient eux-mêmes de ces Bleus, lorsque Mphela profitait d'un centre tir de Tshabalala pour pousser le ballon dans les cages et doubler la mise (2-0). Quelques secondes plus tard, le buteur sud-africain se jouait une fois de plus de la défense, trompait une fois de plus Lloris, mais était signalé en position de hors-jeu. Au fond du trou, les Tricolores allait se procurer tout de même une occasion de but, mais Gallas ne parvenait pas à dévier le cuir devant le gardien adverse. Et alors que l'Uruguay ouvrait le score avant la pause, les Tricolores pouvaient nourrir quelques regrets de plus. A la mi-temps, les Bleus étaient bel et bien menés 2-0, réduits à dix, tandis que l'Uruguay menait 1-0. Quand rien ne va
Au retour des vestiaires, Raymond Domenech (ou quelqu'un d'autre) avait procédé au changement de Gignac pour Malouda. Il ne fallait attendre malheureusement que cinq minutes pour voir les Bafana Bafana s'offrir une nouvelle occasion franche à la suite d'une une deux dans la surface, mais pour une fois, le poteau gauche des cages de Lloris empêchait un nouveau but (50e). L'Afrique du sud commençait à croire en la qualification puisqu'il ne lui manquait que deux buts pour passer.
Toujours aussi intenable, Mphela tentait de nouveau sa chance des 25 mètres, et il fallait une bonne détente du gardien français. A la 55e, Henry remplaçait très curieusement un attaquant, Cissé en l'occurrence, et reprenait tout aussi étonnamment le brassard de capitaine Sur une passe judicieuse de Diaby, Ribéry se faufilait dans la surface, prenait de vitesse toute la défense et offrait sur un plateau le but à Malouda qui inscrivait le tout premier but français lors de ce Mondial (69e). C'était déjà ça, l'équipe de France ne repartirait pas de ce Mondial bredouille.
Il ne restait plus que dix minutes dans cette rencontre, et Domenech décidait alors de lancer le très décisif Sydney Govou La raison en était peut-être que comme pour Henry, il s'agissait de son jubilé ! Les minutes s'égrénaient, Tshabalala manquait de peu le troisième but dans les arrêts de jeu, mais l'Afrique du Sud tenait sa victoire (2-1). Elle devient malgré ce match au courage, la première nation organisatrice à être éliminée au premier tour.
Au coup de sifflet final, toutes les images du parcours des Bleus revenaient en flash dans les têtes des supporteurs, de la main de Thierry Henry contre l'Irlande (en barrage), à la défaite 1-0 contre la Chine, en passant par l'annonce anticipée de Laurent Blanc par la FFF, par ce week-end grand-guignolesque, et jusqu'à cette cuisante défaite. Interrogé par TF1, Domenech -qui a refusé de serrer la main à son homologue Carlos Alberto Parreira- a tenu un discours devenu habituel, presque indécent à ce moment. "J'ai retrouvé la solidarité de mon équipe. On a eu un coup du sort malencontreux (ndlr, le carton rouge). Quand ça veut pas, ça veut pas. (...) Je suis triste car cette équipe a un vrai potentiel. Cette équipe a tout pour réussir. (...) L'équipe de France n'est pas morte", a-t-il conclu. Ce mardi 22 juin à 17h53, l'équipe de France de Domenech et consorts est pourtant bien morte.
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