Le bonheur des uns fait le malheur des autres
Fabien Barcella (pilier de Biarritz, actuellement en reprise après blessure): "On était en rééducation avec les joueurs blessés avec Damien Traille et Benoît August, les téléphones ont sonné et les messages d'encouragement sont arrivés. C'est bien évidemment beaucoup de joie. C'est surprenant. J'ai un sentiment mitigé, d'un côté, beaucoup de joie personnelle et d'un autre côté, on pense à ceux qui n'y sont pas comme Jérôme (Thion). C'est une sélection un peu particulière avec cette blessure. Plusieurs joueurs sont dans le même cas que moi, on attend ce temps pour essayer de se remettre. Cela donne envie de continuer de travailler très dur et postuler pour ce groupe de 30 qui sera donné, me semble-t-il fin août (22 août). En tout cas, il faut s'accrocher. C'est une très bonne chose, mais ce n'est pas un aboutissement non plus. La course contre la montre a commencé quand je me suis de nouveau blessé au mois de janvier, je ne me focalise sur ce laps de temps qu'il me reste mais sur ce qu'il me reste à faire. Ne rien regretter, car c'est une chance inouïe d'être dans ce groupe-là. Il faut essayer de ne décevoir personne, s'accrocher très dur. Seul le travail paie, c'est ce qui va guider mes prochaines semaines".
Maxime Médard (arrière de Toulouse): "C'est énorme! Le fruit de quatre ans de travail et de performances de mon club. J'avais un peu plus de chance d'y participer qu'en 2007 et je le fais avec grand plaisir. Il faut respecter les choix de l'entraîneur même si je suis déçu pour certains joueurs. J'ai appris la sélection par mon père. Il reste encore un peu de temps avant de se projeter là-dessus. L'année dernière, je n'avais pas été pris pour le Tournoi, mais j'ai toujours respecté les choix de l'entraîneur. J'avais été très déçu en 2007 de ne pas avoir été pris. Par rapport aux performances que le Stade Toulousain fait cette année, cela semble assez logique qu'il y ait tant de Toulousains. Cela montre que le Stade Toulousain est un grand club. Mon entourage était plus certain que moi de ma participation. Je me souviens de l'exemple de Vincent Clerc qui, en 2003, devait participer à la Coupe du monde et qui la veille, n'avait pas été retenu. Il ne faut jamais dire des choses avant que la liste ne soit définitive. C'est un rêve de gosse. Que ce soit en Nouvelle-Zélande où ailleurs, c'est un de mes grand objectif de participer à la Coupe du monde. J'y avais déjà participé avec l'équipe de France des jeunes, et c'est la première fois avec l'équipe de France et j'ai déjà hâte d'y être".
David Skrela (ouvreur de Toulouse): "J'y pensais depuis le début de la semaine mais je n'étais pas sûr d'y être. J'ai regardé cela devant ma TV et quand j'ai vu mon nom apparaître j'étais très heureux. Cela concrétise tous les efforts que j'ai fait ces dernières années. Un moment donné la porte était fermée pour moi, mais je n'ai jamais lâché. Je suis déçu pour Clément et Yannick mais c'est la règle du jeu. La Nouvelle-Zélande, c'est le pays du rugby et cela va être énorme. Le Stade Toulousain est bien représenté et c'est la récompense de notre bonne saison. Je sais que Trin Duhc est le numéro un mais je vais tout faire pour être irréprochable et profiter du temps de jeu que l'on voudra bien me donner. Ce n'est pas toujours ceux qui débutent la compétition qui la terminent. J'ai vécu la Coupe du monde 2007 et cette expérience va me servir".
Thierry Dusautoir (3e ligne aile, capitaine de Toulouse et de l'équipe de France): "En tant que capitaine de cette équipe depuis un petit moment j'espérais bien y être (sourires). C'est un premier signal pour cette Coupe du monde. Il y a eu quelques surprises. C'est ce groupe qui va devoir être prêt à souffrir pendant deux mois de préparation et ensuite former une équipe pour aller chercher le titre. Je ne suis que la capitaine de cette équipe et en aucun cas celui qui a choisi cette liste. Il faut comprendre la peine de ceux qui ne sont pas pris, mais il faut que tout le monde se tienne prêt au cas où. Ce n'est pas en tant que capitaine que je consolerai Yannick ou Clément mais plus parce que ce sont mes amis. Concernant la non sélection de Chabal, c'est le choix de Marc. Je comprends qu'il soit déçu vu qu'il a fait partie de l'équipe pendant un certain temps. Lui comme d'autres doivent rester en stand-by car on ne sait jamais ce qui peut se passer".
Luc Ducalcon (pilier de Castres): "Je savais que j'étais l'un des postulants en première ligne. C'est pour moi un grand plaisir et une grosse satisfaction que de faire partie de cette liste. Comment je l'ai appris ? C'était jour de repos: je me suis levé juste avant et en prenant mon petit-déjeuner, j'ai regardé la télé à 11h30. Une information comme ça ne peut que me donner un coup de boost pour la fin de la saison".
Yannick Jauzion (trois-quarts centre de Toulouse): "Je suis évidemment déçu. C'est une grosse déception. Cette fin de saison n'a pas été à mon avantage. Je n'ai pas été titulaire lors des derniers gros matches de Toulouse. Je le comprends. Maintenant sur les quatre dernières années c'est plus frustrant. J'ai déjà fait deux Coupes du monde et cela aurait été génial de pouvoir en faire une troisième. Les objectifs que je vais avoir avec mon club seront sans doute moins mis en lumière mais je vais me concentrer là-dessus. Pour moi, cela restera une déception quoi qu'il arrive, mais il va falloir passer au-delà. C'est râlant d'y avoir été pendant si longtemps et d'en sortir au dernier moment. C'est évident que cela s'est joué sur mes performances pendant le Tournoi et notamment ce match contre l'Italie qui m'a fait mal. Il y en toujours qui doivent trinquer. Lièvremont a pesé le pour et le contre. Il sait ce dont je suis capable mais il a préféré prendre d'autres joueurs pensant qu'ils apporteraient plus au groupe et c'est un choix que je respecte. Personnellement, je ne fais pas une croix sur ma carrière internationale, mais on peut aisément comprendre que le prochain staff prendra des joueurs plus jeunes que moi et c'est sûr que ma carrière en équipe de France va sûrement se terminer sur ce match face à l'Italie. J'ai été sélectionné très jeune en équipe de France et j'en ai bien profité. C'est dommage de finir comme ça".
Pascal Papé (2e ligne du Stade Français, sur le site internet du club): "Je suis très content car cela était un objectif. Il y a quatre ans, c'en était un aussi, mais je n'avais pas pu la faire et j'avais eu beaucoup de frustration. Maintenant, il y a énormément de joie et de motivation pour cette Coupe du Monde. Il reste encore un grand événement avec le club (la finale du Challenge européen, NDLR), donc je porterai toute mon attention sur cette compétition après le 20 mai (...) (Sentiment de revanche après avoir manqué le Mondial-2007?) Il n'y a pas de revanche car tout ce que j'ai fait depuis le début, cela fera partie de ma carrière, que ce soit les bons et les mauvais moments. Donc, il n'y a aucune revanche à avoir si ce n'est que sur moi-même. Maintenant le contexte est différent et je n'ai aucune amertume."
Vincent Clerc (trois-quarts aile de Toulouse): "Rien n'est jamais acquis. Il y a toujours des batailles et des incertitudes concernant les sélections. Je n'avais pas été pris lors du dernier Tournoi. J'ai appris à 11H30 que j'étais dans la liste des 30. Je suis forcement très heureux. Je m'étais projeté dans cette Coupe du monde depuis un moment, j'avais envie de la faire. C'est une première étape importante. C'est ma deuxième Coupe du monde. Elle a une saveur particulière parce qu'elle se déroule en Nouvelle-Zélande, mais une Coupe du monde est une Coupe du monde. On va avoir la chance de pouvoir bosser deux mois et demi ensemble. C'est la récompense d'une année de travail avec le Stade Toulousain. A l'aile, j'ai bénéficié de beaucoup de bons ballons et je remercie tous mes coéquipiers. Je suis évidement déçu pour Clément Poitrenaud et Yannick Jauzion qui sont mes amis. J'aurais aimé participer à cette aventure avec eux. Cela me fait mal au coeur qu'ils ne soient pas là. Ce n'est pas parce que Yannick Jauzion ne participe pas à cette Coupe du monde qu'il n'est n'est plus un des meilleurs trois-quarts-centre du monde".
Maxime Mermoz (trois-quarts centre de Perpignan): "C'est un grand bonheur. C'est un rêve de gosse qui se réalise. Jouer la Coupe du monde de rugby en Nouvelle-Zélande, c'est comme jouer la Coupe du monde de foot au Brésil. C'est mythique. Et nous, en plus, on a l'honneur de jouer les All Blacks sur leurs terres dès les matchs de poule. C'est une étape de plus, même si on est tous conscients du travail et de l'investissement à réaliser pour être fin prêt. C'est vraiment super de vivre cette aventure. C'est une motivation fantastique. Il y a toujours du stress au moment de l'annonce de la liste. Même si j'avais eu quelques assurances, depuis ma blessure à l'épaule, je vois chaque week-end des joueurs très bons à mon poste, donc rien n'est jamais acquis. C'est vraiment valorisant et une formidable motivation dans mon travail pour retrouver l'intégralité de mes moyens physiques."
Cédric Heymans (arrière et ailier du Stade Toulousain): "Je suis surpris et heureux. Je ne sais pas quoi penser. Je suis hyper content. C'est une grosse surprise. Au moins les doublons auront servi à quelque chose pour moi cette saison. Le fait d'avoir été repositionné à l'arrière pendant ces fameux doublons a été une chance pour moi. J'ai su en profiter. Si j'ai la chance d'être sélectionné, c'est aussi grâce au Stade Toulousain. Mon positionnement à l'arrière s'est très bien passé, a été décisif. J'ai réussi à enchaîner plusieurs gros matchs. Jouer une Coupe du monde en Nouvelle-Zélande, ce n'est pas anodin. La Nouvelle-Zélande c'est la terre du rugby . J'ai toujours dit que si je faisais une Coupe du monde je serais très heureux. Maintenant il reste la préparation."
Clément Poitrenaud (arrière du Stade Toulousain, pas retenu): "J'ai eu Marc Lièvremont ce matin (mercredi) au téléphone. Il a eu la décence et la gentillesse de me prévenir avant l'annonce. Je suis un peu déçu, même si j'avais quitté un moment le tournoi pour blessures. Je pensais avoir fait ce qu'il fallait sportivement en cette fin de saison pour réintégrer le groupe. A priori cela n'a pas suffi. (Les reproches de) contre performances en équipe de France, notamment lors du dernier tournoi (des Six nations), d'une certaine fébrilité dans les matches qui comptent, c'est un argument trop juste à mes yeux. Cela fait dix ans que je joue toutes les phases finales au Stade Toulousain. Guy Novès me fait confiance dans les matchs qui comptent. Je fais quand même partie des suppléants, s'il y a des blessés. Je suis en réserve de la République. (Sur la présence de peu de Toulousains dans la liste): J'ai l'impression que les Toulousains ne sont pas dans les petits papiers des sélectionneurs. On n'est peut-être pas suffisamment bon à Toulouse (1er du Top XIV à l'issue de la phase régulière), on n'a peut-être pas assez de résultats... Cela n'influera pas sur ma fin de saison. Le Stade Toulousain reste pour moi le plus important."
Jean-Baptiste Poux (pilier de Toulouse): "Je n'y croyais plus. Cette saison je n'avais pas été appelé et je me suis concentré sur le club. La liste est élargie et tout est ouvert. On verra pendant la préparation, mais s'ils ont pris Barcella et Domingo c'est qu'ils ont des chances d'y participer. C'est Yannick Bru qui m'a appris la nouvelle et j'étais bien sûr très heureux. C'est ma troisième Coupe du monde. On sait que l'on va vivre plusieurs mois ensemble et que l'on passera par des moments difficiles mais c'est la vie d'un groupe qui fait une Coupe du monde. C'est toujours délicat pour un sélectionneur de faire un groupe mais j'ai essayé de mettre tous les atouts de mon côté en donnant tout ce que je pouvais sur le terrain pour ne pas avoir de regrets".
Thomas Domingo (pilier): "Très content d'avoir la confiance du staff de l'équipe de France, on va continuer dans la dynamique de travail, faire évoluer la blessure au mieux, sans précipiter les choses. Je m'y attendais, oui et non, parce que le temps est un peu limité, mais sachant que le premier mois s'est bien passé et qu'on a même un peu d'avance sur le protocole habituel, je suis très satisfait. Ça fait beaucoup de bonnes choses en peu de temps, il faut que ça continue comme ça. La course contre la montre a commencé dès le lendemain de la blessure, en me fixant des objectifs en pensant tout de suite à la Coupe du Monde, à la rééducation qui va être dure, qui va demander beaucoup de boulot et de sacrifices. J'ai attaqué le vélo la semaine dernière, je fais de grosses séances de physique, je n'ai pas arrêté la musculation depuis la blessure. Ça se passe plutôt bien, j'ai une bonne flexion et une bonne extension. Je veux jouer cette Coupe du monde, je ferai tout pour y arriver. Et si je ne peux pas, au moins je n'aurai pas le regret de ne pas avoir fait ce qu'il fallait. Tout joueur qui fait la Coupe du monde veut être champion du monde, on a tous cet objectif en tête. Il y a beaucoup de boulot, quand on voit le jeu que proposent certaines équipes, c'est un niveau élevé, donc il va falloir travailler, que l'on fasse mieux que ce que l'on a fait précédemment".
Sylvain Marconnet (pilier de Biarritz): "C'est un accomplissement, c'est une véritable joie car je me souviens d'il y a quatre ans parce que j'avais dû renoncer juste avant l'entame de cette compétition. Je m'étais fixé cet objectif comme dernier challenge, un peu fou à l'époque car je n'étais même pas sûr de recourir un jour. Aujourd'hui, la sélection dans le groupe est une belle récompense égoïstement parce qu'il a fallu que je passe par des moments difficiles. C'est aussi une récompense pour tous ceux qui m'ont accompagné dans mon cheminement que ce soit au sein du Stade Français que dernièrement avec le Biarritz Olympique, qui m'a fait renouer avec la performance et le haut niveau. J'étais comme un gamin parce que l'équipe de France a toujours été une histoire particulière pour moi, c'est toujours la même fierté, la même joie que d'être appelé dans ce groupe, malgré les années. Peut-être encore plus aujourd'hui parce que je sais que je savoure mes derniers instants".
Fabrice Estebanez (ouvreur ou centre de Brive): "Un ouf de soulagement, une grande joie et aussi une grande fierté de pouvoir participer à cet événement du rugby. Bien sûr, il y a aussi eu de la surprise car il y avait beaucoup de prétendants et je n'étais pas dans les grands favoris. Et puis cette aventure va nous permettre avec Alexis (Palisson) de repousser l'échéance de notre séparation. C'est super de pouvoir partager ça avec lui. Tout le monde sait qu'il y a une grande amitié entre lui et moi et que c'est dur pour nous de devoir nous séparer et de devoir jouer sous des couleurs différentes (Estebanez a signé au Racing, Palisson à Toulon, Ndlr). Pour Alexis, comme pour moi, on sait très bien ce qu'on doit au CAB. Si on en est là aujourd'hui, c'est parce qu'on a travaillé pour mais aussi parce que ce club nous a donné la chance et les moyens de nous exprimer tous les week-ends. On ne le remerciera jamais assez pour ça. On a tenu à laisser le club en Top 14, c'est fait. Maintenant, on va représenter le CAB dans ce mondial. On va amener avec nous dans nos bagages un peu de tous les gens qui bossent dans ce club et on aura aussi une pensée pour tous ses supporters"
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