La pétanque candidate aux Jeux olympiques : "On a encore une image de loisir, mais c'est un sport d'adresse universel"
Et si la pétanque devenait une discipline olympique ? Claude Azéma, le président de la Confédération mondiale des sports de boules (CMSB), veut y croire. Il est actuellement en Malaisie pour un sommet des dirigeants du CIO, avant une campagne mondiale en faveur de cette inscription.
Et si c'était la chance de la pétanque ? A partir des JO 2020, les comités d'organisation des villes hôtes pourront proposer les nouvelles disciplines qu'ils souhaitent inviter. Avec la candidature de Paris à l'organisation des Jeux d'été 2024, les amateurs de pétanque nourrissent donc des espoirs. Stratégie, technique, règles communes… Après une première tentative avortée en 1992, les défenseurs du cochonnet se battent pour faire inscrire la pétanque dans la cour olympique, avec une page Facebook et une campagne mondiale lancée à l'automne.
Vous êtes encore sceptiques ? Claude Azéma, le président de la Confédération mondiale des sports de boule (CMSB), est en Malaisie, où il commence à "parler de boules" lors d'un sommet du Comité international olympique. Francetv info lui a demandé de convaincre les plus dubitatifs.
Francetv info : La pétanque, c'est du sérieux ?
Claude Azéma : C'est vrai que, en France, la pétanque et les sports de boules ont commencé comme un sport de loisir et d'amusement. Dans l'esprit de beaucoup, nous avons encore l'image d'un sport de plage. Mais, vous savez, certains font du footing et d'autres, du marathon. Avec la pétanque, c'est pareil : certains s'amusent, d'autres font de la compétition. Avec les quelques diffusions télé, des progrès sont toutefois en cours.
A la télévision, les parties ne donnent pas l'impression d'un grand effort physique…
Certains de mes collègues expliquent qu'on peut faire deux kilomètres dans une partie. Bon, en fait, la pétanque n'est pas un sport spécialement physique. En revanche, elle fait partie des sports d'adresse, de stratégie et d'intelligence. Il faut une concentration à toute épreuve, et donc une excellente condition physique, tout comme les tireurs à fusil.
Est-ce suffisant pour autant ?
Quand ils sont en stage pour l'équipe de France, les joueurs s'entraînent trois ou quatre heures par jour. Pendant l'année, chacun se débrouille et s'entraîne comme il peut, puisque l'entraînement est à la charge de chacun. Mais certains pays font de gros efforts. En 2013, les jeunes Thaïlandais ont effectué un stage d'un mois et demi, entre le 14 juillet et septembre, avant les championnats du monde pour jeunes de Montauban. Deux équipes sont arrivées en demi-finales.
Quel serait le visage de la pétanque aux JO ?
Nous préparons un dossier technique pour le Comité olympique. Nous proposons des épreuves de tir de précision pour les hommes et les femmes, des épreuves de tir progressif – longues de cinq minutes – pour les hommes et les femmes, mais également une épreuve classique disputée en mixte, car le CIO est très sensible à la mixité.
Mais qui pratique la pétanque, à part les Français ?
Au total, plus de 40 pays ont été médaillés pendant des championnats du monde. Chez les femmes, la France a obtenu son dernier titre en 1994 ; elle est devancée par des pays de l'Asie du Sud-Est, comme la Thaïlande, le Laos ou la Malaisie. La Thaïlande devance aussi la France chez les jeunes, comme Madagascar et les pays du Maghreb.
En revanche, la France garde son rang de leader chez les hommes, car, ici, c'est le seul pays où ils peuvent disputer chaque semaine des compétitions de haut niveau. D'ailleurs, nous nous voyons tellement forts, qu'il n'y a aucune ligne dans les journaux en cas de victoire. Les Malgaches, eux, sont fêtés comme des héros.
C'est donc ce critère d'universalité qui vous permet d'être optimiste ?
Oui. Avec 260 fédérations dans 170 pays, la Confédération mondiale des sports de boules remplit la condition d'universalité requise par le CIO. En nombre de licenciés, d'ailleurs, nos sports de boules sont largement devant le karaté ou le judo. Du coup, nous allons démarrer notre campagne, non pas en France, mais depuis le monde entier, grâce aux réseaux sociaux, à des personnalités et à des présidents de comités olympiques africains, asiatiques et européens.
Quelles sont les faiblesses de la candidature ?
Il y en a deux, à commencer par les finances. Au niveau international, nous n'avons pas de gros sponsors, alors que le CIO cherche des disciplines capables de lui rapporter de l'argent. Nous sommes donc entrés en négociation avec deux grosses entreprises chinoises, afin d'accompagner cette candidature. Vous savez, le budget de la CMSB (70 000 euros), c'est onze minutes du budget de la Fifa.
Et le second point faible ?
La médiatisation est limitée à quelques pays, en Afrique et en Asie du Sud-Est. Mais même nos amis du judo doivent payer pour obtenir des diffusions télévisées. Ce n'est donc pas un argument pour exclure la pétanque.
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