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L'Islande, nouvelle île au trésor pour ces joueurs français

Un petit état européen d’à peine 100 000 km2 devenu terre promise pour footballeurs expatriés. Entre ses volcans qui grondent et ses plaines à perte de vue, l’Islande regorge désormais de rectangles verts, terrain de jeu des quelques 23 000 licenciés de la fédération, et d’une poignée de joueurs français, qui ont trouvé par-delà les Iles Féroé un eldorado insoupçonné.
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 9min
 

C’est un concours de circonstances qui en 2008, a conduit le franco-gabonais Gilles M’bang Ondo à tenter l’aventure islandaise. Lassé d’attendre son heure de gloire sur les pelouses de CFA2, le numéro 9 de formation a décidé de quitter la réserve de l’AJ Auxerre pour saisir l’opportunité qui se présentait à lui à Grindavik avec, à la clé, un contrat professionnel dans un club de première division.

"Quand je suis arrivé là-bas, la première année a été un peu compliquée", se souvient Ondo, premier Français à avoir officiellement foulé les pelouses du championnat islandais, "Il n’y avait que très peu d’étrangers, donc l’intégration n’a pas été évidente", poursuit-il. Pourtant, le jeu en valait la chandelle. Un salaire de 3000 euros mensuel, un appartement et une voiture mis à disposition par le club en plus des primes de match. Le grand luxe, pour celui qui s’apprêtait alors à découvrir une culture du sport tout à fait singulière.

"Je me suis vite rendu compte que les Islandais étaient des acharnés, des gros bosseurs. Là-bas, tout le monde aime le foot. Les joueurs travaillent très dur et il y a une grande rigueur", explique aujourd’hui l’attaquant de 34 ans, qui sort d’une saison réussie à Vestra, en deuxième division (10 buts en 20 matches).

Comme lui, ils sont quelques-uns à avoir fait le pari de réussir sur l’île de 300 000 habitants. Car à défaut d’offrir un championnat très relevé, l’Islande est un petit paradis pour ces joueurs qui ont fait une croix sur leur carrière professionnelle dans l’Hexagone. Sur la terre des Vikings, ils peuvent aujourd'hui vivre de leur passion. 

Salaire, voiture, appartement …

"Je jouais à Blois, en CFA2, quand un duo d’agent a vu une vidéo de mes meilleures actions sur Linkedin. Ils m’ont contacté pour me proposer de jouer dans le Nord de l’Islande, en D4, à Olafsfjordur. J’ai tout de suite accepté", raconte Jordan Damachoua, Français d’origine Centrafricaine, qui reconnaît avoir été séduit par les termes du contrat qu’on lui a offerts en 2018.

Là encore, un salaire on ne peut plus honnête pour un niveau amateur (2000 euros/mois), une voiture de fonction et un appartement. "J’avais des tickets pour manger au restaurant, et j’ai même reçu un chèque de 200 euros pour m’acheter une paire de crampons en arrivant", se souvient le Franco-Centrafricain, qui vient tout juste d’être appelé pour la première fois en sélection après avoir été promu en D2 islandaise avec son club.

"Je me suis vite adapté. Les infrastructures sont excellentes. Nous jouons sur de très beaux terrains synthétiques et les clubs ont des équipements de qualité", poursuit le milieu défensif. Avec de tels arguments, l’Islande est logiquement convoitée, et l’île continue de peaufiner son attractivité en matière de football. En dix ans, le petit pays du nord s’est considérablement développé dans ce domaine, en témoignent les performances de la sélection nationale, quart de finaliste surprise à l’Euro 2016.

"J’économise quand je joue en Islande"

"Quand je suis arrivé en 2008, le foot était déjà un peu développé, mais ce n’était rien comparé à maintenant", constate Gilles Ondo. "Les clubs sont bien plus structurés. Des stades ont été construits, notamment en indoor, pour pouvoir s’entraîner en hiver. Cela a donné un nouvel élan au foot islandais et l’équipe nationale reflète vraiment la mentalité des gens", poursuit le joueur qui a évolué à ses débuts aux côtés des Alfred Finnbogason et Johann Gudmundsson.

Si ces Français d’Islande jouissent d’une qualité de vie inespérée dans un championnat de seconde zone, la réalité les rattrape toutefois lorsque la saison se termine. On ne joue que de mars à septembre en terres volcaniques, climat oblige. L’été passé, vient ensuite l’heure de rentrer. "Les contrats ne durent qu’une saison en Islande. Donc j’économise quand je joue là-bas pour pouvoir être assez tranquille si je ne trouve pas de club en rentrant en France", souligne Jordan Damachoua, qui vit à Orléans en attendant de signer un nouveau contrat.

Cédric D'ulivo, de l'OM à l'Islande

Une situation que connaît aussi Gilles Ondo. Malgré son ancien statut de joueur professionnel, l’ex avant-centre de Vestri et de Selfoss ne peut se satisfaire de ce qu’il gagne en CFA2, avec le club de Selongey, 6 mois dans l’année. "Je travaillais dans une usine d’agrochimie en parallèle de mon contrat avec Vogar cette année. Il n’y a pas grand-chose à faire dans les petites villes islandaises donc je travaillais le matin, et je pouvais m’entraîner le soir", explique-il. Le natif de Libreville projette même de reprendre ses études afin d’obtenir un BTS en fin d’année prochaine.

Contrairement à Cédric D’Ulivo – ancien joueur de Marseille aujourd’hui engagé avec le FH Hafnarfjodur en première division – Jordan Damachoua et Gilles Ondo ont choisi de venir en Islande seuls, sans leur famille. "C’est difficile pour ma femme et mes enfants de partir pour six mois", admet le joueur de Vogar, "L’Islande, c’est beau, les paysages sont grandioses, mais il y a très peu de monde et le climat est capricieux. Il peut pleuvoir deux semaines complètes sans s'arrêter en été", poursuit-il, en se remémorant des souvenirs de matches où le vent était tellement puissant que le ballon sortait systématiquement en touche : "En France, on ne jouerait pas dans ces conditions, mais eux, ils jouent !"

L'exception féminine

Cible de plus en plus de joueurs qui cherchent à lancer leur carrière, l’Islande est un Eldorado beaucoup plus relatif quand il s’agit du foot féminin. Passée par le centre de formation de l’Olympique Lyonnais – où elle a notamment côtoyé Delphine Cascarino et Amel MajriChloé Froment a tenté de relancer sa carrière sur l’île nordique en 2019, après quatre années passées en Californie, en NCAA.

"Après avoir décroché mon diplôme, je cherchais un club pour pouvoir faire une saison entière. Mon agent m’a proposé le club de Fylkir, à Reykjavík", raconte la joueuse professionnelle de 24 ans, qui n’a malheureusement pu disputer que quelques matches avec son équipe, avant de se blesser aux ligaments croisés. "Côté marketing, le championnat était plutôt bien promu. Les matches étaient retransmis à la télévision mais bien souvent, il n’y avait que les parents des joueuses qui venaient assister aux rencontres", se souvient-elle, alors que chez les garçons, "il peut y avoir entre 500 et 1500 supporters pour un match de D2", note de son côté Gilles Ondo.

Une disparité qui ne s’étend pas qu’à la ferveur et la popularité du football féminin en Islande, les contrats des joueuses étant eux aussi bien moins juteux. "La plupart des joueuses de mon équipe devaient avoir un emploi à côté pour pouvoir vivre", relate Chloé. "C’était un peu plus facile pour les joueuses étrangères, mais nous n’étions que deux. Et la vie est aussi plus cher là-bas. Le club m’a proposé un hébergement indépendant dans une maison familiale. Je n’avais pas de voiture à disposition", poursuit-elle.

Voilà qui contraste encore avec la situation des joueurs semi-professionnels voire amateurs dans les championnats masculins. Car si le football islandais est en plein essor et demeure une solution viable pour des joueurs en devenir, il reste encore beaucoup de travail à faire pour le développement du football féminin. 

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