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L'éditorial de Laurent Luyat : "Un privilège, ça se préserve"

Depuis moins d'une semaine, la France est en confinée. Mais cette décision, contraignante pour toute la population mais si déterminante pour ralentir la propagation du Covid-19, n'est pas appliquée par tous. Un comportement que tance Laurent Luyat, journaliste et présentateur de France Télévisions.
Article rédigé par Laurent Luyat
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Sans employer le mot, le Président de la République Emmanuel Macron annonce lundi dernier le confinement pour une période de 15 jours. Afin d’accompagner cette mesure et de la rendre un peu plus douce, il décide à cette occasion d’accorder aux Français, au delà des déplacements vraiment indispensables (travail, courses, etc.) la possibilité de faire du sport pour se défouler, tout cela dans un cadre réglementé. Une tolérance impensable dans un régime autocratique comme celui de la Chine où les sanctions en cas de désobéissance peuvent vous conduire directement en prison.

Seulement voilà, nous sommes en France, pays latin des droits de l’homme et des libertés. Ici, la tolérance nous paraît toujours naturelle. Alors on en profite. Prenons le cas du hors-piste. Cette pratique dangereuse est fortement déconseillée mais elle est tolérée et chaque année, on déplore des dizaines de morts. Des skieurs imprudents qui n’ont que faire des consignes de sécurité. Bien sûr, il s’agit d’une minorité d’entre nous mais une minorité bien visible car elle fait des dégâts. Des morts dans le cas du hors-piste, de la colère dans le cas du confinement.

Une bouffée d'oxygène

Voir des parisiens faire leur jogging, rassemblés sur les quais de Seine ou au bois de Boulogne sans respecter les règles strictes énoncées par le gouvernement est insupportable alors que le personnel médical se bat pour soigner des malades de plus en plus nombreux et que la crainte de l’encombrement des hôpitaux est imminente. Sur les quais de Bordeaux, l’ambiance de ces derniers jours, digne d’un dimanche après-midi normal a conduit le préfet à en interdire l’accès. Il en sera de même très vite, j’en suis persuadé pour la pratique du sport en extérieur. Cet espace de liberté qui nous était accordé, une véritable bouffée d’oxygène en particulier pour ceux qui sont confinés dans 20 ou 30 mètres carrés va nous être retiré parce que certains irresponsables ont cru bon d’en abuser.

Pour qu’une démocratie fonctionne, il faut un minimum de discipline, rappelons nous que la République, ce sont des droits mais aussi des devoirs. La plupart de nos champions montrent l’exemple en restant chez eux alors que le sport est leur activité principale. D’autres, se croyant plus malins, vont transpirer tout l’après-midi en groupe et, à terme, s’apprêtent à pénaliser l’ensemble de la population. Nos amis italiens sont dans la même situation avec quelques jours d’avance. Le couvre-feu a été instauré et l’armée appelée en renfort. Voilà ce qui nous attend. J’ajoute que les consignes du gouvernement auraient dû être plus claires dès le départ. Ce sera bientôt le cas avec le prolongement de la durée de confinement. Certains vont regretter de ne pas avoir pratiqué leur sport en toute discrétion, tout près de chez eux, en respectant les règles mises en place. Un privilège, aussi petit soit-il, ça se préserve autant que sa santé.

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