L’affaire Uli Hoeness agite l’Allemagne avant Bayern-Barça
Son équipe a beau être déjà sacrée championne d’Allemagne et s’apprêter à jouer une demi-finale de Ligue des Champions, Uli Hoeness traverse actuellement l’une des pire périodes de sa carrière. Sous le coup d’une enquête du fisc, le président du Bayern Munich est depuis ce week-end au cœur d’un scandale qui a touché jusqu’aux plus hautes sphères politiques allemandes. Le porte-parole du gouvernement de Mme Merkel s’est même empressé de déclarer que « beaucoup de gens sont déçus par Uli Hoeness, et la chancelière fait partie de ceux-là ».
Hoeness, « un modèle pour le pays tout entier »
Reconnu et apprécié, Hoeness s’était bâti une image de manager exemplaire, connu pour ses engagements sociaux, parfois même donneur de leçons. L’une de ses dernières grandes sorties médiatiques ? Un coup de gueule contre le projet de la gauche radicale allemande, qui envisage de mettre en place un impôt sur les gros revenus. « Les riches iront en Autriche ou en Suisse et on ne tirera rien de leur argent », avait-il lancé en fin d’année dernière. La presse avait alors qualifié le président du Bayern de « modèle », le quotidien Der Spiegel titrant même : « La République peut-elle apprendre d’Uli Hoeness ? »
Il est vrai que le club, sous ses ordres, est devenu une véritable machine de guerre sportive et l’un des clubs les plus chers au monde (5e selon Forbes), ce qui ne l’empêche pas d’afficher une bonne santé économique (6 millions de chiffre d’affaires à son arrivée, 332 millions aujourd’hui), une situation rare dans le football européen.
Propriétaire depuis 1985 de l’entreprise HoWe Wurstwaren – leader allemand de la saucisse industrielle au chiffre d’affaires colossal (45 millions d’euros) – Hoeness était un dirigeant intouchable, irréprochable. Alors forcément, lorsque l’Allemagne a appris qu’il cachait au moins dix millions d’euros – des journaux avancent déjà des chiffres bien plus importants – dans un compte ouvert il y a treize ans à Zürich, l’emballement médiatique fut immédiat. Car si le dépôt était bien légal, le champion du Monde 1974 a omis de payer les impôts sur les intérêts que cette somme lui a rapportés.
« Une faute grave » mais pas de démission
Président mais d’abord fan du club bavarois, il expliquait récemment que le Bayern était « l’œuvre de [sa] vie ». « J’y tiens de toutes les fibres de mon cœur et il en sera toujours ainsi », déclarait-il, justifiant ainsi sa récente décision de ne pas démissionner de son poste. « J’ai réalisé que j’ai commis une faute grave », a-t-il ajouté ce mardi. « Je veux faire table rase du passé. C’est ce que permet la loi ». Avocat du « fair-play financier » vanté par l’UEFA et son patron Michel Platini, Hoeness ne peut désormais plus être considéré comme « l’autorité morale du football allemand », estime le journal Bild. Malgré cette polémique au timing particulièrement malvenu, le Bayern tentera de ne pas ruiner ses chances européennes, dès ce mardi soir face aux Blaugrana.
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