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Traumatismes crâniens dans le sport : "le judo était toute ma vie, mais je ne voulais pas finir comme un légume", témoigne l'ancienne judokate Marina Olarte

Après plusieurs commotions cérébrales, l'ex-judokate a développé une encéphalopathie traumatique chronique, qui l'a contrainte à arrêter son sport définitivement. 

Article rédigé par franceinfo: sport, Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Marina Olarte, lors du championnat de France de judo, le 11 mars 2017. (LAUNETTE FLORIAN / MAXPPP)

Marina Olarte, ancienne judokate de l'équipe de France, avait tout pour réussir dans son sport. Passée par le Pôle espoir et le Pôle France, puis à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) , elle s'est constitué un beau palmarès à seulement 20 ans : quadruple championne de France en cadet, championne d'Europe par équipes junior et vice-championne par équipes junior dans la catégorie des moins de 70 kg. Mais il y a quatre ans, Marina Olarte a dû tirer un trait sur le judo après une commotion cérébrale de trop, dont elle gardera des séquelles à vie.

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Aujourd'hui diplômée d'un master en stratégie d'entreprenariat et développement d'entreprise, elle a reconstruit sa vie loin des tatamis. Pour franceinfo: sport, elle raconte comment son encéphalopathie traumatique chronique (ETC) est apparue et comment elle a dû affronter cette épreuve seule, face au déni médical et sportif sur le sujet.

Franceinfo: sport : Comment est-survenue votre ETC ?

Marina Olarte : J'ai été victime d'une dizaine de commotions cérébrales dans ma vie, sur plusieurs années avec des chocs plus ou moins violents. J'avais un judo très tourné sur l'attaque donc je me plantais souvent la tête dans le tapis. Le dernier choc que j'ai subi s'est produit lors des championnats de France senior, il y a quatre ans. J'ai fini 5e mais je n'ai pas trop de souvenirs de mes combats. Le choc a été violent et on m'a arrêté deux semaines.

"On m'a fait reprendre ensuite pour les championnats de France par équipes junior. Là j'ai repris un petit choc, qui a été la fois de trop."

Marina Olarte, ancienne judokate

à franceinfo: sport

Quand j'ai repris le judo, j'avais encore mal à la tête lors des entraînements. J'ai malgré tout participé à une compétition en Tunisie, mais je n'étais pas là mentalement. A ce moment-là, j'ai alerté le staff pour leur dire que j'avais mal à la tête quand je m'entraînais, que je voyais flou. Le neurologue, qui suit l'équipe de France de judo, m'a alors arrêté d'abord trois mois, puis de nouveau cette même période. J'avais encore des séquelles comme des problèmes de concentration, des troubles de la vision, des maux de tête, et une hypersensibilité à la lumière.

Que vous a finalement diagnostiqué ce neurologue ?

Le neurologue a réalisé un diagnostic avec l'aide d'un logiciel, qui teste les réflexes, la concentration etc. Mais il n'a jamais posé de diagnostic clair. Six mois après ma première consultation, il m'a laissé comprendre que je pouvais continuer le judo mais, à mes risques et périls. Il m'a expliqué que mes commotions ne s'étaient pas résorbées. A l'époque, je n'avais que 20 ans, et même si le judo était toute ma vie, je ne voulais pas finir comme un légume. J'ai donc décidé d'arrêter. 

Comment avez-vous accepté la nouvelle ?

J'ai fait de la dépression car je vivais pour le judo. J'avais quitté le sud de la France pour monter à Paris pour vivre de ma passion. Toute ma vie était organisée en fonction du judo. J'avais le statut de judokate évoluant à l'Insep, et du jour au lendemain je suis devenue une étudiante lambda, qui n'avait plus rien. J'étais seule.

"Et ce n'est pas la fédération pour laquelle tu as combattu pendant des années, que tu as représenté, qui t'aide. Elle te dit merci au revoir, et du jour au lendemain tu n'es plus rien."

Marina Olarte, ancienne judokate

à franceinfo: sport

Voulez-vous dire que la Fédération française de judo vous a vite remplacée ? 

Oui, la Fédération de judo a un important réservoir d'athlètes. C'est l'un des sports où il y a le plus de licenciés. Si ce n'est pas toi qui vas combattre, ça sera quelqu'un d'autre. On te remplace très vite. Par ailleurs, l'Insep non plus n'a rien fait. Ils m'ont même laissé combattre deux semaines après une commotion, ce qui est fou. Ils ne m'ont pas suivie. Le problème, c'est que personne n'est assez informé sur le sujet. 

Marina Olarte a dû arrêter sa carrière de judokate il y a quatre ans, après avoir subie la commotion cérébrale de trop.  (LAUNETTE FLORIAN / MAXPPP)

Avez-vous été en colère contre la fédération ?

Je suis davantage en colère contre le corps médical qui a été très peu conciliant, et pas du tout dans l'explication et la sécurité. Et je pense que dans le cas contraire, le deuxième petit choc que j'ai subi, et qui a déclenché l'ETC, aurait pu être évité. 

A aucun moment, le neurologue n'a évoqué l'ETC ? 

Non, j'ai pas eu de nom. Je n'ai su que plus tard que j'étais atteinte d'ETC.

Qui vous a diagnostiqué cette maladie ?

Un ostéopathe, Bruderick Nsiete, qui a développé son propre protocole de traitement de l'ETC. J'ai commencé à le consulter en janvier 2021 de manière intensive. Pendant quatre mois, je suis venue tous les jours. J'ai débuté par la cryothérapie, puis j'ai recommencé les exercices de renforcement musculaire, pour enfin reprendre la course à pied. En parallèle, l'ostéopathe me faisait faire des exercices de dessins et de peinture pour travailler sur la concentration et les gestes fins.

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Aujourd’hui, j'ai beaucoup moins mal à la tête, et les troubles de l'humeur ont diminué. Je suis encore sensible à la lumière et au bruit mais à présent, je me connais, et je sais quoi faire pour prévenir les maux ou pour me soulager. Si je ne peux plus pratiquer les sports de combat, je peux toutefois refaire du sport, comme de la course à pied et de la musculation. 

L'ETC est tabou selon vous en France ? 

Oui, en France, on ne parle pas d'ETC. C'est tabou parce que le reconnaître "tuerait" des fédérations. On ne peut pas contrôler les chocs, et dans le sport, il y en a. Avouer cette maladie ferait perdre de l'argent et des licenciés.

Je veux donc qu'on en parle et qu'on le dénonce. Rien ne changera pour moi. Mais on peut sensibiliser la population, notamment les parents de jeunes, et leur expliquer que si leur enfant, qui évolue à un certain haut niveau sportif, est atteint des maux de tête à répétition, il faut le prendre au sérieux.

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