Luthna Plocus, compagne de Teddy Riner : "Ce documentaire est une entrée dans sa bulle, dans l'intimité de ce qu'il est vraiment"
Est-ce simple de vivre au quotidien avec un champion comme Teddy Riner ?
Luthna Plocus : "Non ce n'est pas simple, c'est une vie à part. C'est quelqu'un à part aussi. Ce n'est pas qu'un sportif de haut niveau, c'est un sportif de très très haut niveau. Cela change beaucoup de choses. Même si ce n'est pas simple, il fait en sorte que ce le soit le plus possible."
Comme de nombreux sportifs de haut niveau, il est très exigeant avec lui même dans sa carrière de sportif. Est-ce qu'il l'est aussi au quotidien, et avec les autres ?
L. P. : "Il l’est un maximum avec lui-même, un peu aussi envers les autres, mais je dirais que, comme nous tous, nous avons des attentes envers les autres. Ce n’est pas outre mesure, sinon, je ne pourrais pas suivre (rire)."
Trouvez-vous qu’il est parfois trop exigeant avec lui-même ?
L. P. : "Non, parce que sinon il ne serait pas là où il est aujourd’hui."
Vous êtes de nature assez discrète, comment vivez-vous cette médiatisation autour de lui et encore plus aujourd'hui avec la diffusion de ce documentaire ?
L. P. : "Ça s'est fait crescendo. C’est vrai que je suis discrète. Nous ne sommes pas un couple de footballeur, ou d'acteur. C'est un judoka et la notoriété dans ce sport est différente. Ce que je veux dire, c’est que ce n'est pas le sport vers lequel on se dirige pour être connu. Ce n'est pas ce qu'il recherche.
"La médiatisation de Teddy est montée crescendo mais c’est vrai qu'en 2016, on a gravi 5 étages d’un coup et je n'étais pas prête"
Quand je l'ai rencontré il y a 14 ans, il n'était pas connu comme aujourd'hui, donc j'ai eu le temps de m'adapter à tous les paliers. Mais je crois que le pire des paliers a été celui de l’année 2016 où il a été porte-drapeau aux Jeux olympiques de Rio. En même temps, le premier documentaire sur Teddy sortait. A ce moment-là, c'était trop, et il y avait beaucoup de pression sur lui, et sur moi aussi, même si je me la mets toute seule mais du coup, par ricochet… Il le sent. C’est monté crescendo mais c’est vrai que cette année-là, on a gravi 5 étages d’un coup et je n'étais pas prête. Maintenant, on a grandi tous les deux, c'est différent et ça se passe bien."
Pendant un an et demi, trois journalistes du service des sports de France Télévisions, Brice Baubit, Benoit Durand et Laurent Lefebvre ont suivi votre quotidien. La caméra était donc très présente à vos côtés. Ça n’a pas été difficile au départ d’oublier la caméra ?
L. P. : "On a été à l'aise assez rapidement, parce que déjà Teddy a signé avec eux, donc il y a un rapport de confiance. S'il a confiance, j'ai confiance et donc les enfants ont confiance. En plus, ils étaient très discrets, ils n'étaient pas intrusifs, ils mettaient toujours à l'aise surtout pendant les interviews. C'était très ouvert et bienveillant. Et cela n’a pesé ni sur moi, ni sur les enfants, et on a tous vite oublié le cameraman."
Est-ce qu’il y a eu des moments où vous ne vouliez pas qu’ils filment ?
L. P. : "Non, à aucun moment. Leur choix d'être présents étaient toujours très pertinent, et à chaque fois, ils s'assuraient que ça ne me dérangeait pas. La seule chose, qui était drôle de temps en temps, c'était qu’on oubliait parfois le micro (rire). Du coup, je pense qu'ils savent tout de nous à présent !"
Après 19 mois de tournage, quelle est votre relation avec eux aujourd’hui ?
L. P. : "Ce sont de belles personnes. On a bien rigolé ensemble et ils sont très attachants. C'est au-delà du rapport sportif-journalistes. Ils nous connaissent très très très bien, et nous on les connaît très bien, avec un peu moins de 'très' mais on les connaît quand même (sourire)."
Est-ce que vous avez aussi redécouvert Teddy Riner à travers ce documentaire?
L. P. : "Alors, il y a des passages que j'ai découvert car je n'étais pas là, notamment quand Eden (leur fils, ndlr) va dormir avec lui à l'hôtel au Japon. Il y a des petits moments comme ça, qui sont touchants. Mais sinon, je n'ai pas été surprise. Lors du premier documentaire qui a été réalisé il y a quelques années (qui n’est pas la suite de celui-ci, ndlr), j'avais été très surprise car le film était très axé people, tourbillon médiatique, et tout ce qu'il a à faire au quotidien, et c'est vrai que je ne voyais pas tout ça, donc oui, celui-ci m'avait frappée. Le documentaire produit par France Télévisions aujourd’hui est complètement différent, car c'est une entrée dans sa bulle, dans l'intimité dans ce qu'il est vraiment. Et ça me rassure, je ne suis pas du tout surprise donc je le connais très bien (rire)."
Vous seriez partante pour un nouveau documentaire, pour une suite par exemple ?
L. P. : "Oui, absolument, ça me ferait plaisir pour lui. C'est super qu'on ait pu aller jusqu'au bout. C'est un acte manqué, car on était censé le diffuser avant les Jeux olympiques cette année, mais on s’est adapté."
Après 10 ans au plus haut niveau, et avec l’objectif d’une troisième médaille d’or à Tokyo, vous avez hâte qu'il termine sa carrière sportive ?
L. P. : "Pas du tout, je vis le moment présent. Je ne suis pressée de rien, je savoure chaque instant car tout passe déjà tellement vite."
Dans le documentaire, lorsque vous êtes au Japon, on vous voit aller tous ensemble au temple Meiji-jingū à Tokyo. La spiritualité fait partie intégrante de votre vie ?
L. P. : "Oui, on a plein de grigris, et on aime bien toutes les petites choses qui portent bonheur. D’ailleurs, sur le plateau (l’émission accompagnant le documentaire a été enregistrée à France Télévisions vendredi 10 juillet, ndlr), quand on a parlé de 2021, on a touché du bois. Souvent, je me dis qu'on a beaucoup de chance. Alors oui, il y a une grosse part de travail, mais on a aussi beaucoup de chance."
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