Porte-drapeaux aux JO : offres d'emploi imaginaires pour nations en galère
Chaque pays a ses marottes pour choisir celui qui brandira son étendard lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux. Francetv info a dressé une liste des petites annonces possibles avant la date butoir de désignation.
Si le comité national olympique et sportif français avait posté une petite annonce pour un CDD de porte-drapeau le 5 août dans la soirée à Rio de Janeiro, elle aurait sans doute été formulée ainsi : "Comité olympique cherche athlète pour porter drapeau tricolore pour cérémonie d'ouverture à Rio de Janeiro (Brésil) pendant 2 à 3 heures + temps d'attente dans vestiaire climatisé. Palmarès long comme le bras exigé, expérience des JO requise, si possible, ne pas avoir peur de la malédiction liée au job. Non rémunéré. Risque de se faire une crampe au bras, dans l'idéal ne pas avoir d'épreuve le lendemain. Candidater avant le 24 juillet, date de la désignation. Avoir un nom se terminant en -er apprécié." Les deux favoris sont Teddy Riner et Tony Parker, avec comme outsider Céline Dumerc.
Qu'est-ce que ça donnerait dans les autres pays ?
En Chine
"Comité olympique cherche porte-drapeau pour Jeux olympiques. Non-basketteurs et non-grands s'abstenir."
Depuis 1984 et son retour dans le grand cirque olympique, la Chine choisit systématiquement un basketteur pour porter ses couleurs. Taille moyenne 2,09 m.
En Australie
"Comité olympique cherche porte-drapeau pour les Jeux olympiques. Personnalité consensuelle, ne faisant pas de vagues, recherchée."
En 2012, la désignation du porte-drapeau a tourné à la foire d'empoigne. La volleyeuse Natalie Cook a déclaré qu'elle boycotterait la cérémonie d'ouverture si le porte-drapeau n'était pas une femme. L'Australie, un élève moyen de la parité, avait confié le drapeau à une athlète en 1976, 1980 et 1992. Et depuis plus rien. "Il est temps qu'une femme ait droit à cet honneur", a insisté Cook, citée par news.com.au, qui a essayé de pousser ses pions. Cinq olympiades et la possibilité d'envoyer un message aux gays en choisissant une athlète homosexuelle. Tollé du monde sportif australien. A l'image de cette réflexion de l'entraîneur de basket Lindsay Gaze au Sydney Morning Herald : "Etre choisi pour être le porte-drapeau n'a rien à voir avec le genre, mais avec le leadership." Ou celle de la légendaire nageuse Dawn Fraser : "Nous, les athlètes, ne devrions pas avoir ce débat, mais nous concentrer pour gagner des médailles." La polémique s'inscrit dans un climat de sexisme au sein du sport australien. L'équipe féminine de basket avait dû voyager à Londres en classe éco quand les joueurs avaient eu droit à la classe affaires. Quelques nuits blanches plus tard, Nick Green, le patron du comité olympique australien choisit... la basketteuse Lauren Jackson.
Pour 2016, l'Australie a, de nouveau, choisi une femme. Il s'agit de la cycliste Anna Meares... qui a demandé à ses parents de ne pas venir l'encourager à Rio, par peur pour leur sécurité. Ce qui a eu le don de froisser le Brésil, pays hôte. Son père explique au Herald : "Elle nous a dit : je préfère que vous ne veniez pas, ça me fera un souci en moins."
Au Canada
"Comité olympique cherche porte-drapeau pour cérémonie d'ouverture. Prière d'indiquer ses noms et prénoms en gros caractères sur le CV."
C'est l'une des dernières énigmes du monde olympique : mais qui était le porte-drapeau du Canada aux Jeux olympiques d'hiver de Garmisch-Partenkirchen, en 1936 ? Les historiens s'arrachent les cheveux, 80 ans plus tard. La seule trace restante est une photo d'époque prise de loin et dont l'agrandissement n'est pas probant. Un chercheur de l'université de l'Ontario de l'Ouest a sa petite idée. Ce dernier n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai car il a déjà réussi à identifier les inconnus de l'équipe olympique de 1908, dont... le porte-drapeau Ed Archibald. Pour l'édition de 1936, le chercheur pense qu'il s'agit du hockeyeur William “Pud” Kitchen. Mais ce n'est qu'une supposition.
En Grèce
"Comité olympique cherche porte-drapeau femme pour combler une lacune vieille de 120 ans."
Le pays de l'olympisme a donc attendu 2016 pour désigner sa première femme porte-drapeau. L'heureuse élue, la skipper Sofia Bekatorou, a 38 ans, est surtout très occupée à récolter des fonds pour disposer des meilleures conditions lors de la compétition à Rio.
A noter que la Grèce est devancée d'un cheveu par la Russie, qui a attendu 2012 pour confier à Maria Sharapova le rôle de porte-drapeau. En France, c'était en 1968, la même année que pour les Etats-Unis.
Aux Etats-Unis
"Comité olympique cherche porte-drapeau qui ne le baissera pas d'un centimètre. Jamais."
C'est l'histoire d'un incident diplomatique qui remonte à 1908. Lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Londres, quand le lanceur de poids Ralph Rose a refusé de baisser son drapeau devant le roi George V. Shocking ! Le règlement de la cérémonie était pourtant très clair : "Les drapeaux seront abaissés pour saluer le monarque." Le coéquipier de Rose, Martin Sheridan, aura la fameuse phrase : "Ce drapeau ne se baissera jamais devant un roi terrestre". La presse américaine se déchaîne et condamne le comportement "puéril" de l'athlète qui renvoie les relations anglo-américaines à la guerre d'Indépendance de 1776. L'opinion apprécie cette bravade car, à l'époque, les Etats-Unis cherchent à s'affirmer face aux puissances de la vieille Europe. Et plus jamais le drapeau américain ne se baissera devant un chef d'Etat.
Voilà pour la légende. En réalité, le drapeau américain a été baissé plusieurs fois devant un souverain étranger : le roi de Suède en 1912 ou le président français en 1924. Pour les Jeux de Berlin, en 1936, le président du comité olympique américain, Avery Brundage (surnommé "Slavery" ce qui en dit long sur ses opinions politiques), proposera un arrangement en faisant défiler la délégation américaine derrière un drapeau olympique... pour pouvoir l'abaisser devant Hitler, raconte le Los Angeles Times. En vain selon le New York Times de l'époque qui relate que seul le drapeau américain ne s'est pas abaissé devant le chancelier du IIIe Reich.
On ne trouve aucune trace de la fameuse phrase de Sheridan... avant un article de presse des années 1950, remarque le Journal of Olympic History. N'empêche : pendant la Seconde Guerre mondiale, le Congrès vote une loi interdisant à quiconque d'abaisser le drapeau devant un chef d'Etat. Pas même Ronald Reagan, qui sera snobé par son propre drapeau aux Jeux de Los Angeles en 1984. La pratique américaine a fait école. Depuis, les délégations ne sont plus obligées d'abaisser leur drapeau devant la tribune VIP.
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