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L'athlète français, un mauvais perdant ?

Certains sportifs tricolores battus aux JO ont du mal à reconnaître leur défaite et cherchent des explications ailleurs.

Article rédigé par Christophe Rauzy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Les basketteurs français Nicolas Batum (à gauche) et Tony Parker (à droite), après leur défaite face à l'Espagne, le 8 août 2012 à Londres. (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

JO 2012 - C'est l'une des disciplines où la France brille au milieu des autres nations lors des JO : la recherche d'excuses. En boxe, en basket, en cyclisme ou en handball, certains Français battus n'ont pas hésité à pointer du doigt des adversaires vicieux et des arbitres malhonnêtes. Nos athlètes seraient-ils de mauvais perdants ?

Ces adversaires qui ont laissé filer le match

Basket. A la fin du quart de finale perdu face aux Espagnols (66-59), Nicolas Batum assène un violent "atemi" au meneur de jeu ibère.

France-Espagne aux JO : le mauvais geste de Nicolas Batum (Francetv info)

Sa justification ? "Je voulais lui donner une bonne raison de 'flopper' [se laisser tomber par terre], explique Batum à L'Equipe, insinuant que les Espagnols faisait trop de cinéma. Il rajoute que l'Espagne a délibérément perdu contre le Brésil lors de la phase de groupe pour éviter les Etats-Unis avant la finale, faussant la compétition. Quelques heures plus tard, Batum finit quand même par s'excuser (en anglais) sur Twitter. 

Nicolas Batum congratule même l'Espagne, mais c'est bien la frustration qui domine au sein d'une équipe de France qui estimaient "avoir le niveau" d'après Tony Parker. Sauf que, comme l'explique Libération, la France a payé un déficit d'adresse et surtout de taille, les 2,07 m du Français Turiaff faisant face dans la raquette aux 2,15 m des frères Gasol. La qualification aurait été un véritable exploit.

Handball. Même topo pour les Bleues. Elles estiment qu'elles auraient dû rencontrer un autre adversaire que le Monténégro en quart de finale (défaite 23-22) mardi 7 août. Pour Olivier Krumbholz, leur sélectionneur cité par l'Equipe, l'équipe du Monténégro, l'une des favorites du tournoi,  "n'avait rien à faire à la quatrième place de sa poule (...) et rien que pour ça elle aurait méritée d'être éliminée ce soir".

En clair, comme chez les basketteurs, les Monténégrines auraient perdu volontairement contre la Croatie pour ne pas rencontrer les championnes olympiques norvégiennes. Car truquer, c'est leur truc, selon la Française Nina Kanto Njitam, citée par Le Nouvel Obs"Elles ont fait comme elles savent jouer, c'est à dire en truquant tout le match et ça a marché." Sauf que ce sont surtout les ballons perdus et  les tirs ratés  qui ont pénalisé les Françaises comme l'explique le site sépcialisé Handzone.

Les Britanniques trichent à domicile

Aviron. La finale du deux de couples masculin devait-elle être arrêtée puis recourue après la panne de la paire britannique ? Selon les arbitres, aucune hésitation, un second départ devait avoir lieu car le siège des rameurs de sa Majesté s'est cassé avant d'avoir passé la ligne réglementaire des 100 mètres. 

Mais le couple français, arrivé 4e de la course, deux places derrière les Britanniques, n'est pas d'accord. Les Tricolores seront les seuls à déposer une réclamation à l'arrivée de la course en levant le bras. Et même plus, puisque le Français Stany Delayre s'est fendu d'un geste obsène pour lequel il finira lui aussi par s'excuser.

Cyclisme. Sur la piste londienne, les sportifs de la perfide Albion ont (presque) tout raflé : sur les  dix épreuves du cyclisme sur piste, les Britanniques ont remporté neuf médailles dont sept en or. Et les Français, encore marqués par l'affaire de la fausse chute, ont l'impression de s'être fait avoir pendant ces JO, comme l'explique Rue89. Le cycliste François Pervis, sans utiliser le terme, se pose notamment la question du dopage britannique sur son compte Twitter.

Sauf que les Français n'ont pas trop intérêt à venir sur ce terrain. Grégory Baugé, tête de pont de l'équipe de France de cyclisme sur piste, se relève tout juste d'une suspension pour avoir raté trois contrôles anti-dopage.

Si ce n'est pas le corps, ça doit donc être l'équipement. Pervis avance que les roues des Britanniques ne sont pas règlementaires. Mais le fabriquant français de ces roues dément dans L'Equipe. Et l'ancien champion cycliste britannique Chris Boardman assure que ce sont les mêmes roues qu'à Athènes en 2004.

C'est la tenue alors ? Là encore, rien à signaler. Du coup la star britannique Chris Hoy tance vertement les Frenchies sur le site Sportmole, les encourageant à "se regarder dans un mirroir et à trouver d'abord ce qu'[ils] font mal".

Les juges sont contre la France

Boxe. Alexis Vastine a eu beau se rouler par terre et pleurer toutes les larmes de son corps, les juges qui ont estimé mercredi 8 août que le boxeur Français avait perdu son quart de finale des moins de 69 kilos n'ont pas changé d'avis. Même chose pour le tricolore Nordine Oubaali, battu sur décision des juges quelques heures plus tôt. Partout, ils ont crié à l'injustice, à la manipulation. Mais leurs réclamations n'ont rien donné.

Le boxeur Alexis Vastine, en pleurs, après son élimination, le 7 août 2012, en quarts de finale aux Jeux olympiques de Londres. (JACK GUEZ / AFP)

Les décisions douteuses et les problèmes de la boxe amateur sont identifiés depuis longtemps. Mais l'ancien boxeur français Jean-Claude Boutier rappelle dans Le Nouvel Obs que se battre contre des moulins ne sert à rien :  "Ce qu'il faut se dire, c'est que, malgré les machines, le jugement de cette discipline reste humain, à l'appréciation des cinq juges. Comme pour la lutte ou le judo, cela dépend du style que préfèrent les juges."

Évidemment, comme les autres, la plupart des athlètes français reconnaissent leurs défaites. L'escrime tricolore n'a ainsi pas cherché d'excuse face à la déroute générale de ses représentants à Londres. L'adage veut que "c'est dans la défaite qu'on reconnaît les champions". Mais aussi que "seul le résultat compte". Comme le dit l'ancien footballeur Vikash Dhorasoo dans Le Monde, "les meilleurs ne sont pas à Londres pour se balader au bord de la Tamise mais pour chercher l'or, quitte à bafouer le fameux esprit sportif". Autrement dit, le vice, que l'on appelle pudiquement "l'expérience", fait partie du sport moderne. Ceux qui pleurent aujourd'hui sauront sûrement en tirer des leçons pour préparer les sourires de demain.

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