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Des contrôles faussés avec du sel ou du "Nescafé" : quatre questions sur le scandale de dopage des athlètes russes

Le rapport final sur les soupçons de dopage organisé en Russie a été dévoilé aujourd'hui à Londres. On y apprend notamment les méthodes utilisées par les sportifs pour contourner les contrôles.

Article rédigé par franceinfo - Raphaël Godet
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min


L'enquêteur Richard McLaren, l'ex-président de l'Agence mondiale antidopage Richard W. Pound, et le dirigeant de la section cybercriminalité de la police allemande Guenter Younger, le 9 novembre 2015 à Genève.






 (FABRICE COFFRINI / AFP)

Leur imagination semble sans limite. Pour passer entre les mailles du filet anti-dopage, les athlètes russes étaient prêts à peu près tout, jusqu'à mettre du sel ou du "Nescafé" dans les échantillons urinaires, à en croire le rapport final (PDF, en anglais) de Richard McLaren, dévoilé vendredi 9 décembre à Londres (Royaume-Uni). Franceinfo fait le point sur les conclusions du juriste canadien.

Quel rôle a joué le ministère russe des Sports ?

Pour Richard McLaren, pas de doute, les plus hautes autorités russes étaient dans le coup. Le juriste parle de "conspiration institutionnelle" autour du ministère des Sports, de l'agence russe antidopage (Rusada), du laboratoire antidopage de Moscou, et même du FSB (services secrets russes), qui "ont manipulé les contrôles antidopage", a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse.

Quelles compétitions sont concernées ?

Toutes. Le premier volet du rapport, rendu public en juillet dernier, émettait de sérieux doutes de tricherie uniquement pour les Jeux olympiques d'hiver de 2014, organisés à Sotchi en Russie. Le rapport final va beaucoup plus loin, et cible cette fois l'ensemble des grandes compétitions qui ont eu lieu entre 2011 et 2015. "Cette manipulation systématique et centralisée des contrôles antidopage a évolué et a été affinée au fur et à mesure de son utilisation, aux Jeux olympiques de Londres en 2012, aux Universidades de 2013, aux Championnats du monde d'athlétisme 2013 à Moscou, et aux Jeux d'hiver à Sotchi en 2014."

Comment les athlètes ont-ils essayé de camoufler le dopage ?

Les enquêteurs ont tout épluché. Et ce qu'ils ont découvert relève tantôt de méthodes ultra-professionnelles, tantôt de méthodes artisanales. Le rapport nous apprend par exemple que "de l'eau""du sel" ou des "capsules de Nescafé" ont parfois été ajoutés dans les échantillons urinaires pour fausser les résultats. Le juriste va même plus loin en affirmant que "l'évolution de l'infrastructure visait à répondre aux changements de règlement de l'Agence mondiale antidopage (AMA) et de ses interventions inopinées". Au total, plus de 1 000 athlètes russes ont été impliqués ou ont bénéficié de ces méthodes de triche.

Quel était l'objectif recherché ?

Là encore, l'objectif recherché par les Russes semble clair. Cette démarche institutionnelle de triche s'inscrivait dans une stratégie d'Etat, notamment pour les Jeux olympiques d'hiver de 2014. "Cela visait à assurer à la Russie, le pays hôte, qu'il pourrait décrocher le plus de médailles possible en permettant à ses meilleurs sportifs prétendant à une médaille de se doper et, parfois, dans certains cas, y compris pendant les Jeux."

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