Huit athlètes paralympiques qui reviennent de loin
Alors que les 14e Jeux paralympiques débutent mercredi soir, FTVi revient sur le parcours peu banal de huit athlètes engagés à Londres.
JO 2012 - Premier athlète handicapé à participer aux Jeux olympiques avec les valides, Oscar Pistorius sera la star incontestée des Jeux paralympiques qui s'ouvrent ce mercredi 29 août 2012. Pourtant, l'histoire extraordinaire du sprinteur sud-africain n'est pas la seule qui mérite d'être mise en lumière. FTVi a sélectionné pour vous huit parcours peu banals.
1Jean-Baptiste Alaize, le rescapé du Burundi
Contrairement à ses collègues, Jean-Baptiste Alaize ne doit pas son handicap à une malformation congénitale ou à un accident. Ce jeune Français de 21 ans doit son amputation du tibia à la guerre civile burundaise, le pays où il est né le 10 mai 1991. "J'ai perdu ma jambe suite à des coups de machette", explique-t-il au journal L'Equipe.
Adopté par une famille de Montélimar (Drôme), Jean-Baptiste Alaize débarque en France en 1998. C'est au collège, par l'intermédiaire de son professeur d'EPS, qu'il découvre l'athlétisme. Sa carrière décolle immédiatement avec trois médailles d'argent aux championnats du monde des moins de 23 ans. Il s'entraîne aujourd'hui avec Guy Ontanon, l'entraineur de Muriel Hurtis et Christine Arron, et vise l'or à Londres.
Aligné sur 100 m, 200 m (catégorie T44) et saut en longueur (catégorie F42-43-44), il entend bien imiter cette année son compatriote Arnaud Assoumani, champion olympique de la longueur à Pékin en 2008 (catégorie F46), et, pourquoi pas, déloger Oscar Pistorius sur 100 et 200 m.
2Thin Seng Hong, la seule représentante du Cambodge
A Londres, Thin Seng Hong sera la seule athlète à représenter le Cambodge. Une situation étonnante lorsque l'on sait, comme le relève l'AFP dans un article consacré à l'athlète, que le petit pays d'Asie du Sud-Est compte le plus grand pourcentage mondial d'amputés, la faute aux mines antipersonnel héritées de décennies de guerre.
Ce qui manque au Cambodge, c'est les moyens financiers nécessaires à l'équipement et à l'entraînement de ses athlètes. Sur le tartan du stade olympique, Thin Seng Hong courra avec une lame à 2 500 dollars. A ce prix là, bien loin des 30 000 à 36 000 euros de celles d'un Oscar Pistorius comme le relève Le Monde.fr, sa prothèse n'est pas adaptée à la pratique du sport.
Un handicap technologique qui lui interdit de rêver d'une médaille sur 100 m et 200 m. Il aurait même dû lui coûter sa place si les organisateurs n'avaient pas décidé de lui donner une invitation. D'autres athlètes cambodgiens, moins chanceux, ne sont pas du voyage londonien.
3Tatyana McFadden, l'orpheline russe de Team USA
Née à Saint-Pétersbourg (Russie) en 1988, Tatyana McFadden était loin d'imaginer qu'elle serait en 2004 la plus jeune athlète américaine aux Jeux paralympiques d'Athènes. Abandonnée à la naissance, elle passe les six premières années de sa vie dans un orphelinat trop pauvre pour lui payer le fauteuil roulant dont l'enfant, paralysée des jambes, a besoin, raconte le journaliste Alan Abrahamson sur son blog (article en anglais).
En 1994, Deborah McFadden, employée du ministère de la santé américain, visite l'orphelinat. Clouée sur un fauteuil pendant quatre ans à cause d'un mauvais virus, l'Américaine prend la jeune Russe en affection et décide de l'adopter. Elle l'initiera ensuite à la natation, puis avec succès à l'athlétisme.
Aujourd'hui, à seulement 23 ans, Tatyana McFadden a remporté quatre médailles d'argent et deux médailles de bronze, à Athènes puis Pékin. Elle est même la première athlète à s'aligner aux Jeux à la fois sur des épreuves de sprint et de fond, comme le marathon, rappelle le site officiel de l'équipe américaine (lien en anglais).
4Rim Ju-Song, le premier Nord-Coréen
Rim Ju-Song, 16 ans, a de la chance. Amputé du bras et de la jambe gauche, il représentera à Londres un pays qui, par le passé, mettait en quarantaine et stérilisait les handicapés, rappelle l'AFP. Premier athlète nord-coréen à participer aux Paralympiques, le nageur, aligné sur 50 m nage libre, symbolise le changement de comportements vis-à-vis des invalides dans le pays.
Selon des organisations caritatives citées par l'AFP, le gouvernement aurait mis en place un programme de santé à destination des handicapés. Un centre handisport a même été créé à Pyongyang, la capitale.
Selon le médecin de la délégation, le pays dispose d'athlètes handicapés en tennis de table et en haltérophilie. Mais le handisport nord-coréen n'en est qu'à ses balbutiements : aucun athlète n'a réussi à réaliser les minimas qualificatifs pour Londres. Rim Ju-Song a lui aussi bénéficié d'une "wild-cart", une invitation.
5Alain Akakpo, l'ancien parachutiste
A l'origine, Alain Akakpo ne rêvait pas d'être un sportif de niveau. Ce jeune Montluçonnais de 28 ans était plus attiré par une carrière dans l'armée, raconte le site spécialisé Sport24.com. Mais, en 2005, quelques mois après son entré au RPIMa (Régiment des parachutistes de l'infanterie de marine) de Castres, une grenade défectueuse lui arrache la main droite lors d'un exercice.
Après un détour par la boxe handisport et un titre de champion de France, il découvre l'athlétisme en 2010. Ses progrès rapides et ses victoires lui permettent de décrocher son ticket pour les Jeux de Londres. Il participera au saut en longueur et au relais 4x100 m.
6Khamis Zaqout, le Palestinien de Gaza
A Gaza, peut-être un peu plus qu'ailleurs, préparer les Jeux paralympiques est un véritable défi. Pourtant, l'enclave palestinienne soumise au blocus israëlien depuis 2006 enverra deux athlètes dans le stade olympique de Londres, Khamis Zaqout et Mohammed Fanouna. Le premier, détenteur du record du monde au lancer du poids, a de fortes chances de médaille.
"Nous n'avons pas les droits fondamentaux de tout athlète", confie à l'AFP Khamis Zaqout. Et la meilleure chance de médaille palestinienne d'énumérer tout ce qui lui fait défaut : des javelots (il n'y a que quatre javelots pour six athlètes quand il en faudrait 60), des disques (cinq disques contre vingt nécessaires), des fauteuils et des terrains d'entraînements.
Qu'importe, l'essentiel est ailleurs. "Les Palestiniens peuvent tout faire, malgré les difficultés de l'occupation et du blocus israélien, et c'est d'ailleurs ce que nous prouvons grâce à notre participation aux Jeux paralympiques", conclut l'athlète.
7Josh Olson, le vétéran de la guerre d'Irak
Sa première distinction, Josh Olson l'a gagnée loin, très loin des pistes d'athlétisme où il s'illustre désormais. En 2003, le humvee (véhicule militaire) de ce sergent de l'armée américaine est pris dans une embuscade à Tal Afar, une ville du nord-ouest de l'Irak, raconte le Washington Times (article en anglais). L'explosion d'une roquette lui arrache la jambe gauche. Il y gagnera la Purple Heart, cette médaille accordée aux blessés de guerre, et un séjour de dix-huit mois à l'hôpital.
C'est lors de son passage au Walter Reed Army Medical Center qu'Olson se découvre un talent certain pour le tir. Comme l'explique le New York Times (article en anglais), les soldats sont entraînés au tir sur des cibles de taille humaine, qui n'ont pas grand chose à voir avec les cibles de compétition. Pourtant, ce jour-là, Josh Olson réalise un 49 sur 50. A Londres, le tireur sera le premier militaire américain en activité à participer aux Jeux paralympiques.
8Martine Wright, la survivante des attentats de Londres
Lorsqu'elle apprend le 6 juillet 2005 la désignation de Londres comme ville organisatrice des Jeux olympiques de 2012, Martine Wright, directrice en marketing, est loin d'imaginer qu'elle y participera. Son destin bascule brutalement le lendemain.
Ce jour-là, comme le raconte le Guardian (article en anglais), change ses habitudes et décide d'attraper un métro pour se rendre au travail. Dans son wagon se trouve Shehzad Tanweer, l'un des quatre kamikazes des attaques qui frappent la capitale anglaise ce 7 juillet 2005.
Martine Wright perd ses deux jambes dans l'attentat. Désireuse de se fixer un nouvel objectif après le drame, elle essaye plusieurs sports handisports avant d'opter pour le volleyball assis. Cette version du sport valide se joue sur un terrain de 10 mètres sur 6 avec un filet plus bas. Aujourd'hui, à quelques heures de l'ouverture des Jeux, Martine Wright ne regrette rien."J'ai le sentiment que j'étais destinée à faire ce voyage", confie-t-elle à l'AFP.
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