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"Entre dormir et regarder les Jeux, le choix est vite fait !" : ces Français qui passent leurs nuits à regarder les JO d'hiver

Sur les réseaux sociaux, quelques adeptes des sports d'hiver suivent les Jeux olympiques pendant la nuit. Franceinfo les a contactés.

Article rédigé par Raphaël Godet, Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Une spectatrice regarde une épreuve des Jeux olympiques de Pyeongchang (Corée du Sud), le 20 février 2018. (WANG ZHAO / AFP)

Ils se réveillent aux aurores... ou se couchent très tôt. Certains Français sont si fans des Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang qu'ils suivent en direct la plupart des épreuves. Et ce, malgré le décalage horaire de huit heures avec l'Hexagone. Mais qui sont ces accros prêts à bouleverser leur quotidien pour regarder du ski, du snowboard ou du skeleton ?

"Je ne devrais pas le dire, mais ça m’arrange d’être au chômage pendant les Jeux"

Il est 2 heures pile à la pendule. Quelques notes de rap s’échappent de son téléphone. Aaron se frotte les yeux, pousse la couette et file dans le salon allumer la télé. "Il y a des jours où ça pique un peu, mais j’aime tellement les Jeux que ce n’est pas un problème, assure le Niçois de 29 ans. Je me débarbouille vite fait, je me sers un café, et c’est parti." A l’écran, défilent des images de patinage, de hockey sur glace, de snowboard…

Je regarde tout, tout, tout. Je peux très bien me passionner pour des qualifications en curling mixte.

Aaron

à franceinfo

A part le bruit de sa télé, le silence est total dans la pièce. "J’ai l’impression d’être seul au monde, ça crée une ambiance particulière." Pour l'occasion, il s’est même inscrit sur Twitter. "Je réagis avec les autres fous qui regardent les Jeux la nuit. On débat, on s’explique des règles..."

Tel un athlète, Aaron se couche "dès 22 heures" pour tenir le coup. Ses proches trouvent qu’il aurait mieux à faire. "Ils disent que je me fais du mal pour rien, que je pourrais me contenter des rediffusions. Mais non, c’est nul. Le sport, c’est du direct", se défend celui qui ne rate pas une olympiade depuis Salt Lake City (Etats-Unis) en 2002. "Bon, j’admets que niveau horaires, ce n’est pas idéal la Corée du Sud. C’était quand même mieux à Sotchi [Russie] il y a quatre ans", reconnaît celui qui est actuellement en recherche d’emploi. "Je ne devrais pas le dire, mais ça m’arrange d’être au chômage pendant les Jeux." Il a d’ailleurs raté un bout des épreuves, mercredi 14 février, pour passer... un entretien d’embauche.

"Sur Twitter, on est entre mordus"

Pour Coralie, 34 ans, le rituel commence dès le soir. "Je regarde le programme du lendemain et je note dans un petit carnet les épreuves qui m’intéressent et les heures", raconte cette habitante de Valberg (Alpes-Maritimes). Sur son téléphone, les alarmes s’accumulent. 1h55, 3 heures, 5h30, 7 heures. "Je me lève pour une épreuve, ensuite, je me rendors. Puis, je me réveille encore pour une autre" et ainsi de suite jusqu'au matin, retrace-t-elle.

Une supportrice de l'équipe de France olympique se réveille la nuit pour suivre les épreuves des Jeux de Pyeongchang, entre le 9 et le 25 février 2018. (FRANCEINFO)

"Les Jeux, ce n'est que tous les quatre ans, je ne peux pas rater ça." Ce qu’elle préfère, c’est le ski alpin. "Il y a des épreuves qui valent le coup de se lever." Elle cite l’épreuve de descente du jeudi 15, qui a démarré à 3h30 : "Là, je ne regrette pas une seconde de m’être réveillée." Devant ses disciplines favorites, cette animatrice en classe découverte à la montagne est très active sur les réseaux sociaux. "Je livetweete les épreuves qui me plaisent. Mes amis me disent qu’au réveil, c’est pratique d’avoir les résultats grâce à moi", rapporte Coralie. Pourtant, elle se sent un peu seule dans la nuit sur Twitter. "Il y a les médias, mais sinon, pas beaucoup de 'gens lambda'. On est entre mordus des JO", se marre-t-elle.

Pour elle, le rythme est parfois difficile à tenir. "Certains matins, je me rendors et je suis obligée de regarder le replay…" Mais heureusement, Coralie est en vacances pour la deuxième semaine des Jeux. "Je vais en profiter pour regarder des courses que je ne suis pas toujours !", se réjouit-elle. Se reposer ? Elle ne sait pas ce que ça veut dire pendant les JO.

"Entre dormir et regarder du sport, le choix est vite fait !"

"Pour moi, les JO, en ce moment, c’est la priorité. Je calque mon agenda en fonction des rendez-vous sportifs", assume Jules. Depuis 2016, ce jeune étudiant de 18 ans ne manque rien des quinzaines olympiques. Pendant les Jeux d’été de Rio, en 2016, "je vivais carrément en décalage horaire", se souvient-il. Pour Pyeongchang, même programme. Jules se lève très tôt ou se "couche très tard". Si les épreuves qui l'intéressent se déroulent dans la nuit, il va "dormir à 8 heures"... du matin. "Je n'ai pas cours une grande partie de la semaine donc, ce n'est pas un souci, et quand j'en ai, je sacrifie des heures de sommeil." Et pas question de se relâcher le week-end. Dimanche dernier, c’était réveil à 6 heures tapantes.

Ses proches ne comprennent pas toujours son enthousiasme. "Ils sont très étonnés. Pour eux, ce n’est 'que' du sport. Souvent, on me chambre, on me fait comprendre que ça n'intéresse personne à part moi", rapporte-t-il. Mais pas de quoi le décourager. "Entre dormir ou regarder du sport, le choix est vite fait !", défend Jules.

A Pyeongchang, il suit tout particulièrement les épreuves où des Français sont en lice. "J'avoue être plutôt chauvin sur les Jeux olympiques, je regarde particulièrement les chances de médailles françaises." Une course l’a particulièrement marquée : celle du snowboardcross, qui s’est déroulée le 16 février à 4h52 et qui a permis à la jeune Julia Pereira de Sousa-Mabileau de remporter une médaille d’argent. "J’ai été très heureux de voir une Française de 16 ans médaillée après une finale épique." Finale qu'il a, bien évidemment, suivie en direct.

"C'est l'émotion, le stress, la sensation de voir quelque chose de grand"

Depuis le 9 février, Bastien vit lui aussi en décalage horaire. Au petit matin, son compte Twitter s’anime. "AVC", "palpitant à 2 000 000", "arrêts cardiaques" : devant ses épreuves favorites, ce Lyonnais de 23 ans décrit ses émotions (en majuscule) en direct sur le réseau social.

Après ses fortes émotions, dur de reprendre son travail, dans la logistique. "J’essaye de suivre tant bien que mal, mais c’est parfois difficile. Et le soir, je tombe dans le lit très tôt", décrit Bastien. Face à cette fatigue, ses collègues lui ont bien soumis l’idée de suivre la compétition grâce aux résumés, le lendemain matin, mais son refus a été catégorique. "Je préfère vivre l’événement en live plutôt que d’apprendre la nouvelle par une notification sur mon portable. Il y a l’émotion, le stress parfois, et la sensation de voir quelque chose de grand", décrit-il avec admiration.

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