Jeux olympiques de Sotchi : retards en série
Comment tout cela pourrait être prêt dans moins de trois jours ? C'est évidemment la question qui se pose immédiatement lorsqu'on arrive au bout de la route entre Adler et Krasnaya Polyana. Au milieu des hôtels en chantier, des magasins en attente d'approvisionnement, les ouvriers s'acharnent encore, tentant à tout prix de respecter les délais très courts imposés par le pouvoir afin de réussir à accueillir les Jeux olympiques dans les meilleurs délais.
Une situation ubuesque parfois, qui tranche avec celle plus bas, à Sotchi et Adler, où se trouve le parc olympique et où l'essentiel des infrastructures sont prêtes.
Hôtels inondés, magasins fermés...
"Opening soon", soit "ouverture prochaine". A Krasnaya Polyana, le camp de base des spectateurs et journalistes qui souhaitent assister aux épreuves de ski lors des Jeux olympiques, ces affichettes fleurissent sur les devantures des magasins. Ou plutôt, des futurs magasins, tant il est parfois difficile d'imaginer que se dresseront ici des centres commerciaux flambant neufs. Pour l'instant, seul le Gorki Mall a ouvert, et encore...
L'inauguration ayant été programmée ce mardi, il a fallu parer au plus pressé : une haie de ballons de baudruche surmonte l'entrée tandis que les ouvriers hissent sur le toit les lettres en néon d'une puissante banque russe. A l'intérieur, le sol n'a pas été nettoyé, et les restaurants sont mal achalandés.
"Ils sont très gentils mais c'est à la russe, c'est-à-dire que personne ne donne de réponses..." (Etienne Bonamy, journaliste indépendant)
Plus grave encore, les hôtels ne sont pas tous terminés. Si le prestigieux Marriott est bien prêt, juste à côté du centre de presse, il suffit de prendre le télécabine et de monter à 900 mètres pour découvrir une situation à peine croyable. La station posée là est encore en travaux ; personne dans les rues, quasiment aucun magasin, des trottoirs défoncés et des clients mécontents. Patrick, Etienne, Ludovic et Max sont tous journalistes ; ils sont baladés depuis leur arrivée d'hôtel en hôtel.
Des retards prévisibles ?
Plus de quatre ans de travaux, un budget qui a explosé jusqu'à atteindre la somme faramineuse de 37 milliards d'euros... et une inquiétude grandissante quant à la disponibilité effective des infrastructures à l'ouverture des Jeux olympiques. Vladimir Poutine, grand ordonnateur de ces JO de la démesure, est venu en personne s'assurer de l'avancée du chantier, plusieurs fois ces derniers mois. Et à chaque fois, il a insisté sur la nécessité de mettre les bouchées doubles pour finir les travaux.
Mais les incohérences, qui ont obligé certaines entreprises à détruire puis reconstruire leur oeuvre, la corruption, reconnue par les habitants, et les irrégularités, comme l'emploi de milliers d'ouvriers immigrés clandestins, souvent non payés, ont abouti à un résultat peu reluisant. Quelle est l'image que les visiteurs des JO auront sous les yeux dès vendredi. Une nouvelle course contre-la-montre est désormais lancée.
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