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Jean-Baptiste Alaize: "rien à perdre, tout à gagner"

"Rien à perdre, tout à gagner": le Français Jean-Baptiste Alaize, qui participe à ses premiers jeux Paralympiques, affiche, sous une apparente décontraction, une envie farouche de se dépasser et la "soif de vie" des survivants.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Jean-Baptiste Alaize (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

"Les Jeux, c'est un rêve pour moi. J'y vais avec un objectif de vainqueur.  Je vise la plus haute marche du podium sur la longueur", clame le jeune homme  de 21 ans, un grand sourire aux lèvres. La pression, il ne veut pas s'en encombrer. "Ce sont mes premiers Jeux. Je  n'ai rien à perdre, alors autant y aller à fond", explique l'athlète, détenteur  du record du monde de la longueur chez les moins de 23 ans.

A l'entraînement, le garçon longiligne (1,82m pour 70 kg) enchaîne les  exercices, consciencieusement. Le regard toujours fixé sur ses objectifs: la  ligne d'arrivée, le fond du bac à sable. Droit devant. Le passé, il n'aime guère s'y appesantir. C'est pourtant de là que vient sa  "rage de vaincre" et sa "soif de vie", glisse-t-il au détour d'une phrase. La guerre au Burundi, les massacres entre Hutus et Tutsis et ce jour de  1994, où des hommes ont débarqué dans son village, il ne les évoque que très brièvement.

"Ils m'ont donné des coups de machette dans le dos, au bras, à la jambe. Ils m'ont laissé pour mort. Mais j'ai survécu", raconte-t-il calmement. Le petit garçon de 3 ans se réveille orphelin de mère et amputé à hauteur  du tibia. "Ce jour-là, j'ai su que tout pouvait s'arrêter à tout instant. Mais  la vie devait continuer", se remémore-t-il. Alors il a continué à vivre. Après plusieurs années dans un orphelinat,  Jean-Baptiste est adopté par une famille française de Montélimar. Hasard du  calendrier: il arrive en France le 12 juillet 1998, jour de la victoire de  l'équipe de France de football.

C'est là qu'il découvre le sport. Equitation, football, il s'essaie à  différentes disciplines. "J'avais besoin de me défouler, de faire le vide, j'ai  découvert l'athlétisme. C'est devenu ma passion", explique-t-il. Appareillé d'une prothèse, il commence la course, puis le saut en longueur.  "J'avais la sensation de voler", se rappelle-t-il, des étoiles plein les yeux. A l'école, le petit garçon tente de passer inaperçu. Pas envie de se faire  remarquer, et encore moins qu'on voit sa prothèse. Il est d'ailleurs tellement  discret que lorsqu'il participe au relais 4 x 100 m lors d'une compétition  inter-collèges, son professeur ne remarque pas qu'il porte une prothèse.

En revanche, il voit qu'il a a du talent et lui conseille de trouver un  club. "Après, tout est allé très vite". En 2007, Jean-Baptiste Alaize participe  aux championnats du monde junior: il remporte la médaille d'argent sur 100 m,  200m et en longueur. L'année suivante, c'est l'or sur la longueur et un premier  record du monde. Aujourd'hui, sa prothèse, il ne la cache plus. Pendant l'entraînement, elle  repose en évidence sur un banc et arbore le dernier détail à la mode chez les  sportifs: un tatouage maori sur le mollet. Comme son idole Usain Bolt, Jean-Baptiste soigne son look: crane rasé,  boucle d'oreille, casquette tendance. Cet étudiant en bac pro commerce, fan de  sport extrême, se revendique comme un sportif à part entière.

"On veut être considéré comme des valides. Ce n'est pas parce qu'on a un  handicap qu'on n'est pas un vrai sportif. On s'entraîne aussi dur, on veut se  surpasser pour être reconnus", souligne-t-il, soudain grave. Mais très vite, un sourire réapparaît sur le visage de celui qui se définit  comme un "amoureux de la vie". "Il faut savoir se concentrer sur le meilleur. On n'a qu'une vie, il faut  en profiter", ajoute Jean-Baptiste, dont le prénom en Afrique était Mougicha. En français, cela veut dire: l'enfant du bonheur.

Jean-Baptiste Alaize revient de loin

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