Italie - Pays-Bas, débuts attendus pour Conte et Hiddink
Les colères de Conte face au flegme de Hiddink
Méconnaissable. L'ex-entraîneur agité de la Juventus s'est présenté tout miel à sa conférence de presse de son premier entraînement à la tête de l'Italie. Conte a même offert une heure de "rab" aux journalistes, une leçon de tableau noir, pour détailler pédagogiquement son 3-5-2. Souvent chahuté dans les stades de Serie A, qui aiment bien détester les coaches de la Juventus, Conte a senti en rendant visite aux clubs "qu'une nouvelle ère avait commencé, désormais je suis l'entraîneur de tous". Mais il ne promet pas de rester calme sur son banc de touche. "J'aime que les joueurs sentent ma présence, les adversaires et les arbitres aussi. J'ai toujours été comme ça, si on naît rond, difficile de devenir carré".
Arrondir les angles, Hiddink a toujours su le faire, et rester fair-play. Il ne s'était pas énervé quand son Chelsea s'était senti "volé" de deux penalties lors d'une demi-finale de Ligue des champions contre Barcelone en 2009. L'entraîneur néerlandais de 67 ans, contre les 45 de Conte, n'est "pas rigide, tactiquement. En fonction des joueurs à ma disposition et de la façon de jouer des adversaires, je pourrai évoluer en 4-3-3, en 4-4-2 ou en 3-5-2. Je n'ai pas encore tranché".
L'expérience hors-norme de Hiddink face au novice Conte
"Guus" s'emporte rarement, quand Conte s'en prenait aux arbitres, au sort ou aux adversaires, car il a poli son caractère au long d'une carrière de globe-trotter. Sa carrière débutée en 1982 à De Graafschap l'a vu diriger des équipes comme le PSV Eindhoven, Fenerbahçe, Valence, le Real Madrid et Chelsea, remportant la C1 en 1988 avec le PSV. Cet Érasme du football a également dirigé de nombreuses sélections, les Pays-Bas de 1998, qui frôlèrent la finale du Mondial, battus aux tirs au but par le Brésil, la Corée du Sud, l'Australie, la Russie et la Turquie. Il conduisit la Corée en demies du Mondial-2002 et ramena la Russie au sommet, dans le dernier carré de l'Euro-2008.
Conte n'a pour l'instant oeuvré qu'en Italie, Hiddink a travaillé partout en 32 années d'expérience sur le banc. Conte fourmille d'idées et a un palmarès solide pour son début de carrière, deux montées en Serie A (Bari et Sienne) et trois titres de champions de rang avec la Juve, en huit saisons.
Pour Conte et Hiddink, un changement de jeu sans changement de joueurs
Les deux coaches se retrouvent sur l'appétit et rencontrent la même problématique: changer de tactique avec à peu près les mêmes hommes que leurs prédécesseurs. Conte veut "remettre l'Italie où elle doit être, la deuxième équipe du monde derrière le Brésil". Il a peu modifié le groupe du Mondial, malgré l'échec au premier tour, changeant surtout les attaquants (exit Balotelli). Il a rappelé Giovinco, Osvaldo et même Quagliarella, qui ne jouaient pourtant guère... sous ses ordres à la Juve, mais ils connaissent ses méthodes et lui permettent de travailler tout de suite la tactique. Il pense pouvoir arriver à inculquer même en trois jours par mois maximum les préceptes de son précieux 3-5-2, qui requiert beaucoup d'automatismes.
Guus Hiddink a pour objectif déclaré "d'amener les Pays-Bas en demi-finales, au moins, de l'Euro-2016". Pour y parvenir, il va garder l'épine dorsale de Louis van Gaal, demi-finaliste au Brésil, Robben (forfait contre l'Italie), Sneijder, De Jong, Vlaar ou Van Persie (maintenu capitaine). Mais Hiddink ne conservera sans doute pas la tactique utilisée au Brésil, un 5-3-2 (ou 3-5-2) dont il ne semble pas partisan. Il pourrait associer Robin van Persie et Klaas-Jan Huntelaar en pointe alors que sous les précédents sélectionneurs, c'était l'un ou l'autre (le plus souvent "RVP") mais jamais les deux ensemble. "J'ai un groupe et des joueurs de qualité, explique-t-il. Succéder à Louis après une superbe Coupe du monde est un défi énorme. Mais j'ai de l'expérience, cela ne me fait pas peur. Je reprends une équipe en plaine santé et qui a des certitudes". Comme Conte et Hiddink.
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