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Il était une fois la révolution

Ce n'était plus un simple match de football à enjeu. C'était devenu une question d'honneur pour des Bleus trop souvent pâles et quasiment transparents à Kiev vendredi dernier. Une mini-affaire d’Etat dont tout le monde s’était emparée. Heureusement, le dernier mot, le seul qui vaille, est resté aux Bleus, plus Français que jamais.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'équipe de France de football (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

La guillotine était prête pour ces Tricolores confiants comme des rois avant les barrages. La défaite à Kiev était la trahison de trop. Pour le match retour, les Bleus voulaient de l’amour autour d’eux. La France voulait des preuves d’amour. Mais comme les taux de crédit sont bas en ces temps de crise, les supporters avaient envie d’y croire et le hurler à ses joueurs. Baïonnettes au clair, les révoltés de Saint-Denis sont alors sortis de leur coquille, débarrassés de leurs peurs. A leur manière, ils sont allés sur la pelouse comme on descend dans la rue, pour exister. Les Bleus l’ont fait ensemble. L’œuvre était collective. Il ne pouvait en être autrement quand on veut renverser l’ordre établi. Tout a commencé par une réaction d’orgueil. Les Français n’agissent pas, ils réagissent. Dans l’agressivité, la volonté, l’envie de réussir ensemble, ils se sont transformés. Sûr que Didier Deschamps n’avait pas eu besoin d’appuyer beaucoup sur l’orgueil de ses joueurs. Ils n’avaient plus rien à perdre puisque la honte était déjà sur eux.

Des paroles guerrières du week-end aux actes, il n’y a pas eu à attendre longtemps. Un immense pressing d’entrée comme des tentacules sur toutes les chaussettes jaunes. Tout le monde était concerné et appliqué à réaliser cette tâche essentielle à la bonne marche du rêve. Le plan était simple mais c’est parfois mieux d’éviter de trop réfléchir. Pressing à outrance, pression sur le but de Pyatov et y croire. Après un quart d’heure de feu, les Bleus avaient fait sauté les barricades et pris les pavés dans les mains. Mais la présence des Jaunes dans le camp français lors de trois corners de suite nous ramenait à nos angoisses primaires. Pas longtemps car Sakho ouvrait le score à la 22e minute. Tout un symbole que l’ancien parisien mort de faim pour pousser la balle au fond après une énorme frappe de Ribéry. Quand l’état d’esprit est là…

Les Bleus étaient galvanisés par ce but. Ils y croyaient encore plus maintenant que la moitié du chemin était faite. Elle était bien visible la brèche dans le mur ukrainien. Un coup de dynamite et ça pétait pour de bon ! La confiance appelle la confiance dit-on. Malgré les appels au calme de Deschamps sur la touche, les Bleus prenaient leur destin en main. Il leur appartenait enfin. Ça continuait de jouer haut avec un Matuidi très offensif derrière ses attaquants et ça marchait. De la présence dans la surface et le danger était partout. Benzema qui traînait hors-jeu. Il doublait le score, lui l’ancien banni (34e). La faute d’arbitrage compensait un autre but du Madrilène injustement refusé pour …hors-jeu. Un détail de l’histoire. L’Ukraine ne devait pas reconnaître ces Bleus-là. Evidemment, les Marseillaises accompagnaient cette renaissance dans le berceau dyonisien.

Un chant partisan repris en cœur plusieurs fois jusqu’à la libération de tout un stade et après. La libération d’un pays au port de l’angoisse. Ce deuxième but de Mamadou Sakho, une nouvelle fois sur un renvoi de Pyatov, était celui du 3-0, de la qualification (72e). Les Ukrainiens, réduits à dix, avaient hissé un dernier rempart devant leur cage. Maudits dans leurs tentatives de rejoindre la phase finale d’un Mondial, ils n’avaient pas résisté à cette soirée renversante. Les Bleus verront l’Amérique du Sud et ses révolutions. Le Brésil et sa passion pour le football. Mais ceci est une autre histoire.

Vidéo: les supporters des Bleus fêtent la victoire

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