Huit ans pour Régis de Camaret
Après moins de deux heures de délibéré, la cour s'est montrée plus clémente que l'avocate générale qui avait réclamé "de 10 à 12 ans de réclusion", ainsi que 10 ans d'interdiction des droits civiques, civils et de famille, en condamnant l'ex-entraîneur à 8 ans. Régis de Camaret pourra toutefois bénéficier rapidement d'une demande de liberté conditionnelle en vertu de la loi pénitentiaire de novembre 2009. Plus d'une vingtaine de ses anciennes élèves l'avaient accusé d'attouchements et de viols à répétition entre 1977 et 1989, mais deux cas seulement ont été retenus. ""Il faut parfois toute une vie pour dénoncer ces faits, car on se sent salie" et les victimes "ont enfoui ça au fond d'elles-mêmes, car elles ont trop honte et elles étaient sous une forme d'emprise", a souligné l'avocate générale, pour expliquer pourquoi ces accusations ont été révélées près de 20 ans après les faits. D'où la prescription pour la plupart d'entre elles. Et notamment pour la plainte en 2005 de l'ex-numéro deux du tennis français Isabelle Demongeot, à l'origine de l'affaire.
Cette dernière a pourtant été entendue la semaine dernière et a raconté à la barre comment elle avait été violée pendant neuf ans, de 1980 à 1989, par son ancien mentor au tennis-club des Marres à Saint-Tropez (Var). Une vingtaine d'autres anciennes stagiaires, retrouvées par les enquêteurs, sont venues témoigner de leur "détresse" des années après les faits.Seules deux jeunes femmes, Stéphanie Carrouget et Karine Pomares, 36 ans chacune, étaient parties civiles dans ce procès durant lequel l'accusé, imperturbable, a simplement reconnu des relations minimes, et n'a fait preuve que peu de compassion envers ses anciennes jeunes joueuses durant l'audience.
Si les conseils de Régis de Camaret, s'étonnant de la médiatisation de l'affaire et considérant qu'il s'agissant en l'occurrence de "la parole des plaignantes contre celle de l'accusé" avaient demandé son "acquittement au bénéfice du doute", il était peu probable que la Cour d'assises les suive au vu des dossiers et des nombreux témoignages enregistrés. Après le prononcé de la sentence, l'un de ses avocats a tenudes propos plus terre à terre:. Reconnaissant que son client avait "perdu ses repères" et avait été "dépassé par son environnement", il a souligné que malgré "l'impression détestable" qu'il a laissée durant le procès, ce n'était ni "ni un pervers, ni un malade mental". Et qu'il n'y avait "plus de risque" de récidive"
La justice a donc rendu son verdict, mais elle n'est peut-être pas allée au fond du débat, puisque la responsabilité des autorités du tennis, et notamment des structures du club, n'ont pas été abordées, ni celles de tous ceux qui savaient, ou qui se doutaient, mais qui n'ont jamais voulu ouvrir vraiment les yeux.
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