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Stéphane Da Costa : "À Kazan pour gagner la coupe Gagarine"

A 31 ans, l'attaquant français fait des prouesses dans la puissante KHL. Elu meilleur joueur du mois de décembre, il enchaîne les performances de très haut niveau. Avec 16 points en huit rencontres en décembre et 41 points en 36 matches depuis le début de la saison, Stéphane Da Costa a terminé l'année civile au premier rang des compteurs avec L'Aks Bar Kazan, leader du championnat de Russie. L'international français revient pour France tv sport sur sa première partie de saison très réussie.
Article rédigé par Laurent Bellet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7 min
L'international français Stéphane Da Costa (à gauche) sous le maillot de Kazan (RUS). (VITALIY BELOUSOV / SPUTNIK)

Stéphane, vous avez été brillant depuis le début de la saison et avez terminé l'année civile meilleur marqueur de la KHL, on imagine que c'est une fierté ?
Stéphane Da Costa :
"Oui, c'est une fierté car la KHL, c'est une ligue de très haut niveau. J'ai eu de la réussite en décembre, c'est toujours bien lorsque cela rentre. Quelquefois, j'ai beaucoup d'occasions et moins de réussite mais en décembre, ça a bien marché. J'ai de la confiance et nous avons un très bon trio avec Dawes et Tikhonov. J'ai déjà joué un an avec Dawes à Yekaterinburg, c'est un super joueur, très solide et on se trouve vraiment bien sur la glace. Tikhonov (petit fils du célèbre coach Victor Tikhonov, ndlr) est un joueur complet, travailleur et intelligent. Chacun a son rôle sur la ligne et c'est une alchimie très plaisante. On se comprend parfaitement sur la glace et on travaille beaucoup ensemble. A Kazan, on est apprécié. On ne joue pas les starlettes. On a de la réussite, on aide bien l'équipe mais on reste des joueurs normaux. On fait notre part du boulot pendant chaque match. J'ai déjà ressenti ce plaisir d'évoluer dans des trios très complémentaires lors de ma première année au CSKA Moscou avec Radulov et Grigorenko, en ligue américaine, à Bighampton avec Hoffman et Stone ou en équipe de France lors du mondial 2014 avec Pierre-Edouard Bellemare et Antoine Roussel."

Etre leader des marqueurs, c'est une fierté, mais vous devez subir un marquage des adversaires de plus en plus sévère ?
SDC :
"Oui, je reçois beaucoup de coups mais cela ne me dérange pas. Au contraire, parfois cela me réveille. C'est curieux, cela m'énerve et ça me remet dans le match. Ça fait partie du jeu, il faut stopper toutes les grosses lignes. Quelquefois, cela fait plus mal que prévu mais c'est le jeu. En décembre, j'ai reçu une grosse mise en échec en milieu de glace par Tsyplakov. C'était gratuit, en fin de partie, le match était gagné pour nous. J'ai reçu une mauvaise passe d'un défenseur et je me suis fait frapper mais le jeu physique ne me perturbe pas et j'ai accepté la charge. L'important, c'est que l'on ait gagné le match."

"La vie est presque redevenue normale"

On vous sent apaisé, Kazan est votre quatrième club en Russie, comment se passe cette saison sous le signe de Covid-19 ?
SDC :
"C'est très particulier. J'ai moi-même été contaminé en tout début de saison et j'ai manqué quatre ou cinq matches. Cette infection m'a affaibli et j'étais rapidement essoufflé. J'ai fait des tests, j'ai bien récupéré et la suite a été plus agréable pour moi. Il y a eu beaucoup de cas dans les équipes. Désormais, la vie est presque redevenue normale à Kazan. Les restaurants sont ouverts même s'ils doivent fermer avant 23 heures. Le port du masque est obligatoire seulement en intérieur et je vous le dis, la vie est presque normale. Il y a des jauges limitées pour le public dans les patinoires. Cela varie entre 50% et 75 % des capacités.

A Kazan, sincèrement, le hockey est vraiment partout. Ce n'est pas facile pour les fans, mais ils s'organisent pour suivre l'équipe. Il y a la télévision, internet, les journaux. Ils suivent de 'façon Covid' en quelques sortes, mais on sent la passion que le hockey génère. C'est vraiment le sport numéro 1. L'organisation du club est parfaite. C'est la propriété de Tatneft qui possède toutes les stations essence du Tatarstan. Des gens puissants, cela se passe très bien avec eux mais cela reste des propriétaires, on ne va pas boire une bière ensemble. Vraiment, on est placé dans de super conditions. C'est la meilleure organisation pour laquelle j'ai joué dans ma carrière. C'est très motivant, j'ai envie de jouer pour Kazan car je me sens bien ici."

Kazan était en tête de la KHL en fin d'année, est-ce que vous pensez que vous êtes armés pour décrocher la Coupe Gagarine ?
SDC :
"Je crois que l'on a une belle carte à jouer cette année. On a une équipe complète, avec deux gardiens de haut niveau, très réguliers. C'est vraiment un objectif pour moi. La Coupe Gagarine, c'est un rêve car je dois désormais gagner des trophées. Nous avons un bon coach, Dimitri Kvartalnov. J'ai déjà passé une saison avec lui au CSKA Moscou. Il m'a fait venir à Kazan. Il me connait bien et il sait comment m'utiliser au mieux. Après les 62 matches de saison régulière, il y aura les play-offs et c'est à ce moment-là que l'on voit les grands joueurs. Moi, cela me manque de ne pas avoir plus de lignes à mon palmarès. Je veux gagner. On est payé pour marquer des buts. Les saisons sont longues, difficiles, mais comme dans tous les sports il faut être fort dans les moments clés. C'est notre boulot et je ferai tout pour y parvenir."

"En NHL (...) il ne me manquait pas grand chose pour réussir"

Vous êtes désormais établi en Russie, avez-vous des regrets concernant votre carrière en NHL ?
SDC :
"Je vais dire que je n'ai pas vraiment eu ma chance en Amérique du Nord, mais je ne regrette rien. Je suis parti à 16 ans de la maison pour jouer à Amiens. De 17 à 25 ans, je suis resté aux Etats-Unis. Après le collège à Merrimack (il a été élu dans l'équipe du siècle de cette école, ndlr), il y a eu la ligue américaine avec Bighampton puis la NHL avec les Senators. Il ne me manquait pas grand-chose pour réussir. Je n'ai pas eu la chance d'avoir la confiance d'une organisation et finalement après le championnat du monde à Minsk j'ai signé en Russie. Après le mondial à Paris en 2017, les Oilers de Edmonton m'ont offert un contrat 'one way' (avec la certitude de n'évoluer qu'en NHL et pas en ligue mineur, ndlr) mais j'ai eu une infection et j'ai été opéré. Cela ne s'est pas fait. Il était sans doute écrit que je devais faire ma carrière en Russie et je le répète, j'espère gagner avec Kazan."

La Russie - l'URSS pendant plusieurs décennies - a beaucoup gagné sur le plan international avec un style très collectif. La société russe a été totalement bouleversée depuis la chute du mur. La société comme le hockey semblent plus individualistes maintenant, quel est votre ressenti par rapport à ça ?
SDC :
"C'est vrai que les Russes ont vraiment essayé de copier le style nord sud, très vertical, très physique des Nord-Américains. C'est un style agressif. Chacun pour soi et la volonté d'aller très rapidement vers le but adverse. C'est un jeu super individualiste mais dans la KHL, il y a énormément de joueurs russes et on sent que ce n'est pas totalement naturel chez eux. Ils aiment les jeux construits, les belles passes. Je me sens bien et je crois qu'ils apprécient mon style. J'ai de la complicité avec les joueurs russes. On a un défenseur, Lyamkin, très joueur. Il cherche toujours à faire des passes. C'est joli. C'est vrai que le parallèle existe. La société russe a changé et le hockey aussi mais notre coach est parfois intransigeant sur la nécessité de jouer ensemble. On sent qu'au fond, ils aiment jouer collectivement."

"Le but ultime : participer aux JO"

Un petit mot sur l'équipe de France, il n'y aura pas de championnat du monde cette année mais un tournoi important pour la qualification Olympique au mois d'août en Lettonie. Comment l'appréhendez-vous ?
SDC :
"C'est mon autre objectif. J'ai presque envie de dire que c'est le but ultime : participer aux Jeux Olympiques. C'est le rêve de toute notre génération. On aura un tournoi à quatre équipes au mois d'août prochain en Lettonie. La Lettonie, c'est vraiment fort, ce sera très difficile. Il y aura aussi la Hongrie et l'Italie, deux matches pièges, mais il faudra faire le travail. J'appartiens à une génération qui a été privée des Jeux Olympiques. La France n'y a plus participé depuis 19 ans et il faudra être déterminé pour espérer se qualifier. Faire les Jeux Olympiques avec le maillot de l'équipe de France, ce serait inoubliable, et quelque part, une consécration."

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