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Le handball féminin continue sa professionnalisation et montre la voie aux autres sports

Lundi 15 mars, plusieurs organisations représentant les clubs, les joueuses et les entraîneurs, vont signer le premier accord sectoriel pour un sport féminin. Cette disposition vise à professionnaliser davantage le handball féminin, tout en apportant des garanties sociales et un accompagnement pour les joueuses pendant leur grossesse ou leur reconversion, notamment.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Les représentants des clubs, des joueuses et des entraîneurs se sont unis pour parvenir à un accord collectif (ANTOINE MASSINON / A2M SPORT CONSULTING)

C’est une grande avancée, qui pourrait inspirer d’autres sports. Ce lundi 15 mars, une "convention collective" va être signée pour accompagner la professionnalisation du handball féminin et sécuriser le statut des joueuses, entraîneurs, et employeurs. "La convention collective nationale du sport prévoit que des accords sectoriels peuvent être négociés et mis en place, et le handball est le premier sport féminin à le faire", précise Christophe Lepetit, économiste du sport, alors qu’un tel accord existe déjà dans le handball masculin depuis 2004.

Porté par l’Union des clubs professionnels de handball féminin (UCPHF), l’Association des joueurs professionnels de handball (AJPH) et 7Master, le groupement des entraîneurs de handball, cet accord sectoriel vise également à fixer le cadre du dialogue social entre ces acteurs, "pour éviter ensuite d’entrer dans des débats internes qui n’aboutissent pas", explique Sophie Palisse, présidente du Saint-Amand Handball. "Mais ce n'est qu'une première marche dans le dialogue social", ajoute-t-elle. 

Salaire minimum, congés, formation et professionnalisation

Alors que la rémunération minimum pour une joueuse de première division est fixée à 1561€ brut mensuel, "le nouvel accord prévoit un salaire minimum de 1650€ brut", annonce Sabrina Ciavatti, vice-présidente de l’AJPH. Il prévoit aussi la parité sur les congés : "Jusqu’ici, les handballeurs avaient le droit à sept semaines de congés dans l’année, contre seulement six pour les handballeuses. On va s’aligner sur les hommes, c’est un signe fort", poursuit l’ancienne joueuse. Cette nouvelle convention collective comporte également un volet sur la formation, toujours dans le but d’accompagner les joueuses : "L’accord rappelle que, comme pour tous les autres salariés, les joueuses ont le droit de demander des formations, pour leur reconversion, en mobilisant leur compte professionnel de formation, pour celles qui envisagent une reconversion par exemple."

Alors que les douze clubs de Ligue Butagaz Energie comptent en moyenne entre 10 et 14 joueuses professionnelles dans leurs effectifs, le nouvel accord sectoriel instaure un minimum de 8 handballeuses professionnelles pour les clubs accédant à la première division. "Une mesure pour structurer et professionnaliser davantage les promus, et qui permet aussi d’avoir un niveau plus homogène au sein de la ligue", explique Sophie Palisse.

Un accompagnement pendant la grossesse

Alors que de grands noms comme Laura Glauser, Cléopatre Darleux ou Siraba Dembélé ont ouvert la voie en devenant mamans, les handballeuses pourraient être plus nombreuses à concrétiser leur projet de maternité. "Ça ne doit pas être un problème d’avoir un enfant. Les joueuses ont le droit à la grossesse, et on doit les accompagner au mieux. Elles pratiquent un sport de contact, c’est donc un métier à risque, et les médecins établissent un arrêt de travail en tenant compte de cela. L’employeur doit suivre l’avis médical, ce qui était déjà le cas, mais qui va être formalisé dans l’accord", assure Sophie Palisse. "Elles pourront désormais bénéficier d’un an de maintien de salaire pendant leur congé maternité", indique Sabrina Ciavatti.

La vice-président de l’AJPH se félicite : "On va montrer l’exemple, en espérant que d’autres sports suivront". Un souhait qui pourrait devenir réalité. Selon Christophe Lepetit, "les sports au féminin sont en voie de structuration et de professionnalisation. Ce qui était encore organisé sous statut associatif, avec des joueuses cumulant des emplois, va devenir l’exception". Le basket, qui d’après l’économiste négocie depuis quelques mois un accord sectoriel pour son secteur féminin, pourrait emboîter le pas.

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