"La Fédération française de handball vient de montrer que lorsqu'on met des moyens égalitaires, on a des résultats"
La sociologue Béatrice Barbusse, secrétaire générale de la Fédération française de handball, se félicite que le hand tricolore ait misé depuis le début des années 2000 sur la parité".
"La Fédération française de handball vient de montrer que lorsqu'on met des moyens égalitaires, on a des résultats", affirme Béatrice Barbusse, sociologue et secrétaire générale de la Fédération française de handball, auteure de Du sexisme dans le sport aux éditions Anamosa, après le titre européen des Bleues dimanche 16 décembre à Bercy.
franceinfo : Cette finale de handball, difficile de faire une meilleure publicité pour le sport féminin ?
Béatrice Barbusse : Oui, tout cela a fait le buzz dans les médias, sur les réseaux sociaux. Difficile de faire mieux en terme de visibilité et de médiatisation. Mais c'est trop rare, toujours trop rare. Mais c'est ce qu'il faut, hélas, pour les filles : si elles veulent être visibles, médiatisées, si elles veulent qu'on parle d'elles, les sportives françaises n'ont pas d'autres choix que d'avoir des résultats exceptionnels. On espère que ce ne sera pas qu'une exception et qu'elles continueront à gagner des titres.
Pour que des sportives soient aussi visibles que des sportifs en France, elles doivent faire des choses exceptionnelles ?
Bien évidemment, c'est le cas pour toutes les femmes. On ne nous dit que trop souvent qu'il faut être deux fois plus compétente pour avoir notre place, pour la gagner. C'est pareil dans le sport. Il faut à chaque fois multiplier les exploits. C'est ce que font nos handballeuses depuis quelques années, où elles se qualifient quasi-systématiquement pour le dernier carré de toutes les compétitions et puis elles gagnent des médailles d'argent (aux Jeux olympiques), d'or (aux championnats du monde ou aux championnats d'Europe). On n'a pas le choix.
Le handball est-il une exception ? Y a-t-il une forme d'égalité entre les femmes et les hommes dans ce sport ?
Oui absolument, mais ce n'est pas un hasard : la Fédération française de handball a misé depuis le début des années 2000 sur la parité en termes de préparation, de moyens mis à la disposition des équipes de France, à la fois masculine et féminine. Les clubs aussi font beaucoup de travail avec les centres de formation. Donc, on a une performance qui est durable pour les hommes et les femmes. Les primes aussi sont égalitaires. La Fédération française de handball vient de montrer que lorsqu'on met des moyens égalitaires, on a des résultats !
Vous parlez du handball. Ce n'est pas pareil dans d'autres sports, notamment le football ? Il y a un gros enjeu avec cette coupe du monde féminine l'an prochain en France ?
Oui, on leur a mis encore plus la pression (rires). Elles étaient d'ailleurs présentes à Bercy. Les footballeuses, elles, sont à la recherche d'un titre. J'espère que ce titre de championnes d'Europe de handball leur a donné l'envie de faire au moins aussi bien. Le football est un sport universel. Et donc pour les filles, c'est d'autant plus difficile. Pour mettre en branle cette organisation de la Coupe du monde, c'est compliqué. Elle partent de plus loin, parce que le football est un sport beaucoup plus machiste socio-historiquement que le handball. J'espère en tout cas pour les handballeuses, comme pour les footballeuses, que toutes ces victoires permettront de faire disparaître tous ces clichés, ces stéréotypes à propos des femmes. Là les handballeuses ont montré qu'on pouvait être des femmes et avoir des ambitions, les moyens de ses ambitions et qu'on pouvait gagner.
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