Fin de cycle pour les Bleus
Les Français ont puisé dans leur orgueil et leur vécu pour aller chercher une victoire qui leur aurait permis de rester en vie dans la compétition. Mais cela n'a pas suffi. Pour réaliser l'exploit, ils eût fallu que les Français affichent la même constance durant toute la partie. Ils ont traversé des trous d'air beaucoup trop importants
Les Bleus ont mal commencé face à la densité du bloc défensif croate. Ils parvenaient à mettre leur jeu en place, à donner du mouvement, mais n'étaient pas toujours dans le tempo, lorsqu'il s'agissait de la finition, comme on l'a trop vu depuis le début du tournoi. Dans un match très physique, avec un énorme défi défensif des deux côtés, Croates et Français se maintenaient au coude à coude. Les Français faisaient mieux circuler le ballon, mais avaient du mal dans le dernier réglage. Soit ils se précipitaient trop aux tirs, soit ils se heurtaient à Alilovic. Les Croates jouaient beaucoup plus simplement, avec des remontées rapides, et connaissaient un peu plus de réussite aux tirs, notamment avec Kopljar, ce qui leur permettait de faire un premier break (9-6, 20e). C'était avant le réveil tricolore.
Les hommes de Claune Onesta après cinq minutes d'échecs aux shoots, redressaient la situation. Lançant parfaitement leurs actions depuis une base arrière retouvée, ils imposaient plus d'impact en faisant reculer leurs adversaire. Comme dans le même temps, les Croates connaissaient plus de sept minutes de désert offensif, grâce à la baraka d'Omeyer (trois barres consécutives qui sauvaient le gardien français) et un peu trop d'approximations, les Français profitaient de cette série noir croate pour reprendre les choses en mains et l'avantage au score (12-11 à la pause)
Les Bleus baissent pavillon
La tension était énorme pour les deux équipes qui jouaient leur avenir dans cet Euro sur ce seul match, mais aussi pour beaucoup de joueurs en fin de cycle, tant du côte français que du côté croate. Les Bleus défendaient haut, insistaient dans le jeu en mouvement mais les Croates connaissaient un temps fort au retour des vestiaires. Les Français recommençaient à buter dans leurs actions, alors que les défenses se livraient un énorme combat physique. La Croatie repassait devant (19-17, 43e). Les Bleus laissaient passer l'orage, et s'appliquaient à ne pas baisser le pied. En dépit d'une pénalité de deux minutes frappant Nikola Karabatic. En infériorité numérique, ils subissaient la pression croate, où Kopljar, Duvnjak et Lackovic s'en donnaient à cur joie. D'autant qu'ils concédaient immédiatement en suite une autre pénalité. Les Français accusaient le coup avec 3 buts de retard.
L'Espagne s'est de son côté qualifiée pour le dernier carré de l'Euro après sa victoire sur l'Islande 31-26. Après la Serbie, l'Espagne est la deuxième équipe à se retrouver en demi-finales.
Solidaires et déterminés, les joueurs de Claude Onesta étaient bien décidés à ne pas s'en laisser compter face à la puissante et rugueuse muraille défensive rouge. Mais ils allaient tout de même finir par baisser pavillon. Les Croates étaient à leur tour réduits à dix mais les Bleus n'en profitaient pas. Leurs échecs aux tirs les mettaient en délicate situation. Avec quatre buts de retard (19-23) à dix minutes de la fin, ils étaient effectivement mal embarqués.d'autant qu'ils perdaient quelques ballons faciles. Les Croates ne lâchaient pas leur emprise et leurs bras tremblaient moins que ceux de Français au bord de la rupture Alors évidemment, comme souvent dans ces cas-là lorsqu'on n'a plus rien à perdre, les Français tentaient le tout pour le tout. Mais ils confondaient vitesse et précipitation et ne pouvaient plus renverser la tendance. Les Bleus s'inclinaient lourdement (29-22) et mettaient fin sur cette sortie ratée, à une belle histoire qui les a vus multiplier les titres depuis plusieurs années. Ils vont devoir maintenant penser à leur reconstruction.
Réactions:
Guillaume Gille (demi-centre de l'équipe de France, au micro de Canal+ Sport): "On a réussi à gommer l'espace de 35 minutes pas mal de choses mais, malheureusement, il nous a manqué sur la durée un peu d'oxygène, un peu de qualité, pour véritablement poser de plus gros problèmes à ces Croates. Sur la fin, ils nous ont un petit peu châtiés. L'image qu'on va garder de ce match-là n'est pas terrible mais elle reflète bien ce qu'on a fait durant cette quinzaine. On a alterné le bon-moyen avec le vraiment insuffisant. On est à la place qu'on mérite. (Sur la fin du match) On sent que ça ne basculera plus. Tout ce qu'on entreprend, on le rate. Derrière, les Croates sont un peu euphoriques, ils mettent des buts dans toutes les positions. Je n'ai pas envie que les gens pensent qu'on a lâché, je crois qu'on s'est bagarré. On est allé puiser au fond de nous, on a essayé de trouver des ressources pour réagir après ces prestations compliquées. Aujourd'hui, ça n'a pas suffi. Il va falloir tirer les leçons de cette campagne, repartir au boulot."
Jérôme Fernandez (arrière gauche et capitaine de l'équipe de France, au micro de Canal+ Sport): "On a livré un beau combat pendant à peu près 40 minutes. Après, toute l'énergie qu'on a laissée sur ce début de compétition et le manque de confiance qui s'est installé ont fait que le match a basculé pour les Croates qui, eux, maîtrisent bien leur sujet et ont fait 60 minutes à un très, très bon niveau. (Sur les conséquences de l'élimination) J'espère, de tout coeur, que ce n'est pas la fin de cette équipe. On est déjà qualifié pour les Jeux et on va avoir six mois pour se vider la tête et essayer de reprendre confiance chacun dans nos clubs. Et arriver le 18 juin en pleine forme, avec une très grosse préparation physique. Par contre, ce sera un vrai défi parce que se relever d'une compétition comme ça -ratée-, ce n'est pas évident. Si on est capable de faire un résultat à Londres, ça montrera que cette équipe a vraiment du tempérament."
Claude Onesta (sélectionneur de l'équipe de France): "Le premier sentiment, c'est qu'on a donné tout ce qu'on avait mais que ça ne suffisait pas. Pendant 45 minutes, on a fait un match plein, bien au-dessus de ce qu'on avait fait jusque-là. Après, on est retombé dans nos difficultés, on commence à subir le jeu. On avait une grande équipe de Croatie devant nous. On n'avait pas suffisamment d'armes pour faire un match sur la durée. On fait une première mi-temps quasi parfaite mais, peu à peu, on s'est effrité. L'équipe n'est pas assez solide actuellement. Dès qu'elle est en difficulté ou qu'elle est menée, elle n'est pas assez conquérante. On a renoncé progressivement. Vous pouvez imaginer dans quel état les joueurs sont. Mais ça, ce n'est que le début d'autre chose. L'histoire continue."
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