Cédric Sorhaindo, leader par l’exemple
Cédric Sorhaindo est un guerrier. Cela se voit dans son attitude, cela se lit sur son visage. Cela s’explique aussi par un parcours pour le moins chaotique, car le Martiniquais a bien failli ne jamais faire de sport. Né avec deux tibias tordus, il n’arrive pas à marcher convenablement jusqu’à ses trois ans et doit subir de lourdes opérations pour redresser les os malformés. Quatorze ans plus tard, quand il débarque en métropole pour lancer sa carrière pro, la gêne est encore considérable et les médecins lui conseillent de repasser sur le billard. Cette fois-ci, ils lui brisent l’un des tibias. Il a 18 ans, des rêves pleins la tête et une plaque dans la jambe droite.
Si ces lourds pépins physiques n’ont pas empêché Sorhaindo d’exploser au plus au niveau à Angers, Paris, puis Barcelone (depuis 2010), il les traîne comme des boulets, et la moindre blessure aux jambes lui fait craindre le pire. Pendant les Mondiaux 2011, sa troisième campagne internationale, il prend une grosse béquille face à la Hongrie. Il sent son genou "partir", redoute une rupture des ligaments croisés. "Si c’était le cas, je pense que j’aurais arrêté le handball, explique-t-il. Ces blessures appartiennent à mon passé, mais c'est trop traumatisant".
A Doha, il crève l'écran
Sur les terrains, le pivot, de nature discrète, n’en montre rien. Sa force de caractère l’a rendu indispensable non seulement dans l’effectif barcelonais, mais aussi aux yeux de Claude Onesta, qui l’a appelé pour les cinq dernières campagnes victorieuses des Bleus (Mondiaux 2009 et 2011, Jeux olympiques 2012, Euros 2010 et 2014). Longtemps dans l’ombre de Bertrand Gilles, Sorhaindo n’a pas bronché, efficace dans ce rôle de doublure, essentiel malgré un temps de jeu limité.
A Doha, depuis trois matches, il crève l’écran. Il a inscrit 5 buts face à la République Tchèque, 4 contre l’Egypte et 5 face à l’Islande, avec une réussite indécente. Son entente avec Nikola Karabatic, son équipier en Catalogne, n’est pas anodine : en équipe de France jeune, c’est lui qui venait le voir pour lui prodiguer ses premiers conseils et effacer ses doutes. Il est aujourd’hui titulaire incontestable et incontesté au poste de pivot, mais répète à l’envi qu’il se met d’abord "au service de l’équipe". Dans cette équipe de France nouvelle génération ou presque, Sorhaindo n’est pas qu’un battant capable de sortir les coudes : c’est un leader, un grand frère. Un exemple.
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