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Golf : pourquoi la Ryder Cup va vous faire swinguer

Les douze meilleurs américains d'un côté, les douze meilleurs européens de l'autre. La plus grande compétition de golf au monde, qui pose pour la première fois ses valises en France, regorge d'histoires incroyables... Quelques exemples, en attendant celles qui vont émailler cette édition 2018 qui démarre vendredi. 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
L'Irlandais Rory McIlroy s'entraîne avant le début de la Ryder Cup, à Gleneagles (Ecosse), le 23 septembre 2014.  (BEN STANSALL / AFP)

Si vous pensez que le golf a la saveur surannée d'un thé trop longtemps infusé, détrompez-vous ! La Ryder Cup, le match entre les Etats-Unis et l'Europe, qui a lieu tous les deux ans en alternance sur l'un des deux continents, prend ses quartier sur le Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines, du vendredi 28 au dimanche 30 septembre. Créée dans les années 1920 par un magnat anglais des graines, la compétition, moribonde durant la décennie 70, est redevenue passionnante, et s'est forgée une nouvelle légende. La preuve en six moments mythiques. 

1Le jour où les nerfs ont lâché (rapidement suivis par les poumons)

Au cours des trois jours de compétition, les 12 golfeurs américains et les 12 européens s'affrontent en individuel et en double. Le premier qui parvient à 14,5 points (c'est précis) l'emporte. Bien souvent, la victoire se joue à rien, comme ce putt raté à quelques millimètres près. L'Américain Hale Irwin, qui a gâché un avantage de deux coups lors de l'édition 1991, raconte au site Golf.com (en anglais) ce que ressentent les golfeurs dans ce moment crucial : "Je n'arrivais plus à respirer. Je n'arrivais plus à avaler. Tout mon corps partait en sucette." Vint-quatre ans plus tôt, Billy Casper ne se sentait guère mieux : "Avez-vous déjà essayé de frapper dans la balle sans oxygène dans vos poumons ? Moi oui." 

Dans ces moments-là, l'étiquette en vigueur sur les greens n'est plus qu'un lointain souvenir. Le joueur américain Dave Hill a ainsi hurlé à son rival britannique Bernard Gallacher, en 1969 : "Plus un mot, sinon je t'enroule ce club autour du cou ! ", raconte le Guardian (en anglais). Avec une rencontre tous les deux ans, les inimitiés ont le temps de se créer. Severiano Ballesteros, le golfeur espagnol vedette des années 80, a ainsi décrit l'équipe américaine de l'époque : "Onze types sympas et Paul Azinger."

2Le jour où George W. Bush a gagné la Ryder Cup

1999. La Ryder Cup ne devait être qu'une formalité pour l'équipe américaine, à domicile à Boston. Le samedi soir, les Européens mènent 10-6. L'ambiance est morose au sein de la Team USA, mais le golfeur Ben Crenshaw et sa femme Julie dégainent leur botte secrète. Un film, réalisé pendant un an, rassemblant les encouragements de diverses célébrités. Le chanteur Huey Lewis par exemple : "J'ai une idée ! Allons à l'hôtel des Européens et coupons-leur l'eau chaude... Attendez. Ils vont se dire qu'ils sont déjà à la maison. Laissons tomber."

Le film s'interrompt, et George W. Bush (qui n'est pas encore président des Etats-Unis) entre dans la pièce. Il tient une feuille à la main, mais ce n'est pas lui qui a écrit son texte. Bush lit aux golfeurs, estomaqués, le discours de William Barrett Travis, le commandant de Fort Alamo, dans lequel il explique qu'il ne se rendra jamais. "J'ai terminé avec la formule 'la victoire ou la mort', raconte George W. Bush à Golf Digest (en anglais). Je leur ai souhaité bonne chance, leur ai rappelé que le pays poussait à leurs côtés, et j'ai quitté la pièce. Je n'étais pas sûr de l'effet que ça produirait." Le lendemain, les Américains refont leur retard, pour remporter la Coupe d'un cheveu, 14,5 à 13,5.

3Le jour où l'équipe américaine s'est crue dans un remake de la guerre du Golfe

La guerre du Golfe s'est terminée quelques mois plus tôt, mais les golfeurs américains ont l'esprit belliqueux, lors de l'édition 1991 de la Ryder Cup, disputée à Kiawah Island (dans l'est des Etats-Unis). L'opération est baptisée "War on the shore" (la guerre sur la côte). Dès la cérémonie d'ouverture, le ton est donné : parade militaire survolée par des avions de chasse, avec des Européens hagards devant une telle déclaration de patriotisme.

Premier jour de compétition : deux concurrents américains débarquent sur le green avec un casque de l'US Army. En face, les Européens ont l'œil terne : normal, un animateur d'une radio locale les a réveillés par téléphone au milieu de la nuit. "Ça s'appelait 'Réveillons l'ennemi'. Et ça a duré toute la semaine de la compétition", se rappelle Bernard Gallacher, dans Golf DigestLes Etats-Unis gagnent, mais d'un cheveu. Sans doute grâce à cette opération d'intimidation.

4Le jour où l'Union européenne a "pris en otage" la coupe

Il n'existe qu'un évènement sportif où vous pouvez voir autant de drapeaux européens (déclinés même en kilts lors de l'édition de 2010). Ce qui a le don d'agacer prodigieusement Nigel Farage, le leader du parti britannique europhobe Ukip. En 2010, sur Channel 4, il s'est fendu de cette tirade : "La Ryder Cup a été détournée par l'Union européenne ! Ce n'est pas un évènement organisé par l'UE. Qu'est-ce que ça a à voir avec Bruxelles ? A chaque fois que j'allume la télé, je vois un drapeau européen ! Il y en a aussi sur l'équipement des joueurs." 

Les sacs des golfeurs européens, lors de l'entraînement avant la Ryder Cup 2014, à Gleneagles, en Ecosse, le 23 septembre 2014. (TOBY MELVILLE / REUTERS)

Farage regrette peut-être le bon vieux temps où seuls les joueurs britanniques disputaient la Ryder Cup, de 1926 à 1977. Il a fallu que les Américains insistent, après une série de 13 victoires consécutives, pour avoir en face d'eux une équipe compétitive. Elle réunit depuis les autres Européens.

5Le jour où un policier américain a sauvé l'Europe

Le golfeur vedette de l'équipe européenne, Rory McIlroy, se promène autour de son hôtel pour faire retomber la pression. L'Europe est en train de réussir un improbable come-back lors du dernier jour de la Ryder Cup 2012, à Medinah (Illinois). Son téléphone sonne. Numéro masqué. Il ne décroche pas. Encore des appels. Cette fois, c'est son manager. McIlroy décroche. Le Daily Mail (en anglais) rapporte leur échange.

- "Es-tu au club ?
- Non...
- Tu démarres dans 25 minutes. Tu es au courant ?
- Non, c'est dans 1h25.
- Tu te moques de moi ? Dis-moi que tu es au club...
- Je n'y suis pas !
- Tu as 25 minutes pour y arriver !"

Aussitôt, McIlroy se rue dans le hall de son hôtel, alpague un policier, réquisitionne sa voiture. Pat Rollins ne lui pose qu'une question, au moment où les portières claquent, rapporte CBS Chicago (en anglais). "Est-ce que vous êtes malade en voiture ?" Réponse de McIlroy : "Je me moque d'être malade, je veux être là-bas à temps !" Sirène hurlante, la voiture grille toutes les limitations de vitesse, et permet à McIlroy d'arriver dans les temps, avec même onze minutes d'avance. Les Européens décrochent le trophée. "Je n'ai aucun regret. Nous l'aurions fait pour n'importe quelle équipe", a confié le policier à la BBC.

6La nuit où les golfeurs se lâchent

A la fin de chaque tournoi, après une farouche compétition, les golfeurs des deux camps se retrouvent pour un gala de clôture. Un gala qui a pris du cachet depuis les années 1990. Les stars sont au rendez-vous, comme Justin Timberlake, Michael Jordan ou Bill Murray pour l'édition 2012. Les "cougars" aussi, qui se pressent dans le hall d'entrée du club-house où est donnée la réception, d'après Golf.com (en anglais). L'alcool coule à flots. Sam Torrance, le capitaine européen, chambre son compatriote Colin Montgomerie, alors qu'il descend une nouvelle bière : "Cœur fatigué, dos fatigué, et demain, la tête ne sera pas en meilleur état." Ce qui se voit sur le dancefloor, raconte Graeme McDowell, interrogé par Golf Channel sur ses souvenirs de l'édition 2006 : "Les gars dansaient sur des tables à 10 000 euros." 

Le pire crime de lèse-majesté a été commis par l'Anglais Ian Poulter, après la victoire européenne de 2012. Le bougre a posté une vidéo... où on le voit manger ses céréales du matin dans la Ryder Cup. Shocking ! 

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