Gianni Infantino : "le niveau sportif de l'Euro n'était pas moins bon"
Gianni Infantino se dit en outre "assez content et confiant pour le futur" de la Fifa, ébranlée par des scandales de corruption à grande échelle depuis mai 2015. "Je ne vole pas, je ne profite pas et je ne triche pas et je ne veux permettre à personne dans cette organisation de le faire", affirme-t-il, reconnaissant qu'il y a "encore du travail à faire" notamment "sur la transparence dans les flux financiers".
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Pendant votre campagne pour l'élection à la présidence de la Fifa, vous avez défendu un passage d'une Coupe du Monde de 32 à 40 équipes, et vous venez d'évoquer un passage à 48 équipes. Lancez-vous des ballons sondes ou avez-vous vraiment avancé sur un nouveau format à 48 équipes ?
Gianni Infantino : "Ce n'est pas un secret que je crois à une expansion du Mondial. On peut penser à une Coupe du monde à 48 équipes qui serait en fait un format à 32 équipes, car on a vu que le format idéal c'est 32 équipes. L'idée serait que les 16 meilleures équipes issues des qualifications se qualifient directement pour la phase de groupe et que 16 autres équipes se qualifient suite à un match de play off, qu'elles joueraient en début de compétition. Ce serait 16 matchs qui déterminent les 16 équipes supplémentaires qui accèdent à la phase de groupe. Quel serait l'impact ? Sur le calendrier, il n'y en aurait pas car ces matchs-là se joueraient avant le Mondial à la place des matchs amicaux. Du point de vue de la promotion du foot, ce sont 16 finales qui seraient disputées avant de commencer véritablement la phase de groupe. Cela ouvrirait plus de chances à plus d'équipes".
Le projet à 48 équipes sera-t-il soumis au prochain Conseil de la Fifa les 13 et 14 octobre ?
G I : "On va en discuter certainement les 13 et 14 octobre. C'est un projet, c'est une idée, comme la Coupe du monde à 40 qui est encore sur la table avec des groupes de 4 ou de 5 équipes. Ce sont des idées dont on parle et on prendra une décision certainement l'année prochaine. Il faudra voir quel va être l'impact pour le foot au niveau mondial. Les pays qui se qualifient toujours n'ont aucun souci, tous ceux qui se qualifient une fois sur deux ou sont à la limite, ils auront la possibilité de se qualifier pour le tournoi".
Avec le passage de l'Euro à 24 équipes cette année en France, certains observateurs ont stigmatisé une baisse du niveau sportif. Qu'en serait-il avec un Mondial à 48 ?
G I : "Ce serait même une hausse du niveau sportif, car, par un match de barrage, les meilleurs passent et on aurait toujours un format sportif idéal. On parle beaucoup de cette baisse du niveau sportif. A mon avis, le niveau sportif de l'Euro n'était pas moins bon, au contraire. Certaines équipes, on n'imaginait pas qu'elles étaient si fortes, le niveau était très élevé. N'oublions pas qu'au Mondial au Brésil en 2014, le Costa Rica a éliminé l'Italie (en phase de groupes, NDLR), donc le niveau du foot est très haut."
Vous avez également évoqué votre préférence pour un Mondial coorganisé par plusieurs pays, y êtes-vous toujours favorable ?
G I : "Aujourd'hui, pour moi c'est un point absolument fondamental. Il faut qu'on redescende un petit peu sur terre, qu'on soit un petit peu plus normaux dans les exigences. C'est dans ce sens que va le nouveau format et aussi en même temps, en parallèle, il faut parler de la coorganisation. Aujourd'hui, il y a très peu de pays qui peuvent se permettre à eux seuls d'organiser un mondial avec toutes les exigences qu'il y a. C'est normal, c'est devenu un événement gigantesque, cela aide un pays mais ça peut aussi créer des problèmes à un pays. Je suis très ouvert à une coorganisation. A l'UEFA (où il était N.2, NDLR), j'ai participé à l'organisation de l'Euro en Pologne et en Ukraine (2012), en Suisse et en Autriche (2008), c'était un succès. On verra ce que va donner l'Euro-2020 dans 13 pays".
Quel bilan dressez-vous de vos 7 premiers mois à la Fifa ?
G I : "J'ai été élu sur un programme de réformes, je crois beaucoup en ces réformes et en leur mise en place. On a commencé à le faire avec la Secrétaire générale Fatma Samoura. Une femme à ce poste, c'est un pas important, on a mis en place une division du foot féminin. Il faut aussi qu'à la Fifa on fasse plus de foot et moins de politique, je suis donc très content de cette nouvelle structure où d'anciens footballeurs nous aident à développer le jeu: Zvonimir Boban, secrétaire général adjoint, Marco Van Basten pour la partie technique. Ce sont des signes que l'on veut faire, être plus proche du foot. Il y a aussi la bonne gouvernance, la transparence dans les flux financiers, il y a encore du travail à faire évidemment, mais je suis assez content et confiant pour le futur."
Vous avez eu un début de mandat difficile, avec des accusations de destruction d'un enregistrement. Puis vous avez été blanchi par la Commission d'éthique. Y a-t-il des choses que vous feriez différemment avec le recul ?
G I : "L'enregistrement n'a jamais été détruit, il a été volé, il existe et il est toujours là. Ce que j'ai sous-estimé, c'est que la volonté de changer de culture, pour certaines personnes, n'était qu'une volonté de façade, pas vraiment réelle. On peut changer la Fifa si on change la culture. Il y a des personnes à qui ces changements n'ont pas plu et qui m'ont attaqué ainsi que l'organisation... Personne n'est parfait, je suis certainement le dernier à l'être. Mais je suis un travailleur, je ne vole pas, je ne profite pas et je ne triche pas et je ne veux permettre à personne dans cette organisation de le faire. Comment y arriver ? Avec le travail, en donnant l'exemple. On a des instances aussi qui jugent et qui décident, c'est un peu bizarre de voir que quand ces instances condamnent quelqu'un, on dit +c'est bien+ et que quand elles arrivent à la conclusion que le président n'a rien fait, cela laisse les doutes ouverts".
Le président américain Barack Obama a estimé cette semaine que les décisions du CIO comme celles prises par la Fifa étaient "truquées". Que répondez-vous ?
GI : "Je ne peux pas parler du passé. Mais ce que je peux promettre, c'est que nous devons nous pencher très sérieusement sur le processus de candidature pour (l'organisation du Mondial) 2026, pour nous assurer que le processus soit transparent et irréprochable. Que le rapport technique signifie quelque chose de concret et que ce ne soit pas seulement un vote politique. C'est notre travail de le faire, de s'assurer que le processus sera ouvert. Il est de notre devoir de faire en sorte que le processus soit ouvert et transparent, que ceux qui doivent prendre leurs responsabilités les prennent (...) et de nous assurer que les décisions prises depuis maintenant ou depuis le 26 février (2016, date de son élection, NDLR) ne soient certainement pas truquées".
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