Wendie Renard : "On sent que l'engouement monte"
A quoi va ressembler ce Mondial ? Quelle place a-t-il dans votre carrière ?
Wendie Renard : Vivre une Coupe du monde c'est déjà quelque chose d'extraordinaire. La vivre à la maison, ce sera un souvenir gravé dans nos mémoires à jamais. Mais pour que ça puisse être encore meilleur, il faut que sportivement ça suive.
Comment vivez-vous l'engouement ?
W.R : Il est vraiment de plus en plus fort. On sent que ça monte, on reçoit beaucoup de lettres d'encouragements. Il y a nos familles, les médias de plus en plus présents. En Allemagne en 2011, déjà la ferveur était extraordinaire, même si c'était pour moi une première participation. Là, à la maison, ce sera encore plus fort.
L'objectif affiché est d'atteindre la finale. Un autre résultat serait un échec ?
W.R : A la maison, on se doit d'être à la hauteur, de faire le maximum pour aller le plus loin possible et la remporter. Après, il faut avoir de l'humilité, parce que notre palmarès, pour l'instant, il est vierge. Et je pense qu'il y a des équipes, notamment les tenantes du titre (les Etats-Unis), qui sont beaucoup plus armées que nous. Mais c'est un objectif clair qui a été fixé. Nous avons toutes envie d'aller au Groupama Stadium (Stade de Lyon, lieu des demies et de la finale). Il y a une ossature lyonnaise dans l'équipe. On voit ce stade au quotidien quand on va à l'entraînement. Ce serait bien d'y retourner avec le maillot du pays. Pour y arriver, il y a beaucoup, beaucoup d'efforts à fournir et ça il ne faut pas les négliger.
La crainte, c'est le quart de finale contre les Américaines ?
W.R : Je n'ai pas fait de calcul, mais j'en ai entendu parler. On ne va pas commencer déjà à voir les quarts de finale. Il faut déjà faire un très beau match contre la Corée du Sud, la Norvège, et ensuite le Nigeria, ça ne va pas être simple. Après, on aura le temps de calculer. Si on doit prendre les Etats-Unis en quart, ce sera à nous de faire le nécessaire pour les battre tout simplement.
Par rapport aux précédentes compétitions, l'équipe a-t-elle progressé ?
W.R : Il n'y a que la compétition qui pourra le dire. Là où je pense que ça peut le faire, c'est qu'on est à la maison, avec nos supporters, c'est un vrai plus. Quand on a des temps faibles dans une rencontre et qu'on sait qu'ils sont derrière nous pour nous pousser, sur le terrain, ça nous redonne 90 minutes dans les jambes.
Avec ce Mondial, vous allez peut-être devenir un modèle pour de nombreuses petites filles, est-ce une pression, de la fierté ?
W.R : On se revoit un peu quand on a débuté. Jamais je n'aurais rêvé voir une petite avec mon maillot dans son dos. C'est une fierté. Aujourd'hui des petites peuvent s'identifier. On a franchi beaucoup d'étapes, même s'ils nous en restent encore beaucoup. Moi, quand j'ai commencé, je ne pouvais pas m'identifier à une footballeuse car il n'y en avait pas, à part peut-être Marta (la Brésilienne) et ça ne passait pas à la télé. Ca démontre l'évolution.
Que reste-t-il de la petite fille qui tapait dans ses premiers ballons à l'Essor Prêchotin en Martinique ?
W.R : Moi-même tout simplement (rires): mes racines, la joie de vivre, profiter, le bonheur. On me dit souvent que je suis un rayon de soleil. J'essaye toujours de donner le meilleur de moi-même sur le terrain. Après, je suis une bonne vivante, j'aime bien rigoler, taquiner, j'aime bien la musique aussi.
Etes-vous une ambassadrice pour la Martinique ?
W.R : Ambassadrice, le mot est peut-être un peu fort, mais c'est une fierté pour moi d'avoir quitté mon île, de voir l'évolution que j'ai faite. Il y a beaucoup de petites Antillaises et de petits Antillais qui s'identifient. Ca démontre le parcours accompli et le respect que les gens ont pour les titres que vous avez pu gagner. C'est là que je me dis, tu as fait beaucoup de chemin.
Avez-vous la finale en tête ?
W.R : Oui, c'est important de garder ça en mémoire, de ne pas lâcher l'objectif. Il y a des images qui reviennent, comme voir ce stade aux couleurs de notre pays. Mais il va falloir fournir beaucoup d'efforts. Dès que je me réveille le matin, j'ai des objectifs en tête. Il faut se donner l'opportunité d'y être. Dès le 7 (juin), il faudra être ensemble. Dans un mois, il sera trop tard. Si on ne fait pas les efforts, on n'aura que nos yeux pour pleurer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.