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REPORTAGE | Pourquoi le Brésil est le pays du football

Inventé dans sa forme actuelle par les Anglais, le foot est pourtant toujours associé au Brésil. Pourquoi ce sport est-il devenu une religion au point de devenir en un siècle le pays du "futebol" ? Reportage.
Article rédigé par Germain Arrigoni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (La plage de Copacabana accueille tous les jours des matchs de foot improvisés © RF/GA)

C’est la terre sainte du ballon rond. Il n’y a pas une ville, une favela, une rue du Brésil où l'on ne joue pas foot. Dans l’imaginaire collectif, cette nation est "o pais do futebol" : en français, "le pays du football".

Et pourtant, historiquement, ce sport dans la forme que nous connaissons aujourd’hui est bien né en Angleterre au 19e siècle comme l’indique le site de la FIFA.

Le Brésil découvre le foot en 1894

Il faut se rendre à l'évidence : le Brésil est devenu la référence après avoir découvert ce sport en 1894 grâce à des immigrés écossais. La raison ? Selon Joel Rufino, historien et spécialiste du football, la pratique de ce sport "a explosé au Brésil à partir des années 50" car "bien implanté dans les zones défavorisées" .

Vidéo. "Le foot fait partie du patrimoine du Brésil"

Les Brésiliens jouent partout et tout le temps au ballon rond car ce sport est simple et nécessite peu d'investissements. Et de fait, ce sont surtout les pauvres qui le pratiquent n'importe où avec presque n'importe quoi, essentiellement pour passer le temps.

Au fil des années, le foot s'est spécialisé au point de devenir un "ascenseur social pour les plus démunis" , souligne Joel Rufino. "Mais aujourd'hui ce n'est plus vrai et seuls quelques-uns arrivent à s'en sortir grâce à ce sport" , relativise l'historien qui pointe du doigt le système médiatique qui participe à entretenir cette illusion.

  (Le foot, sport pratiqué à tous les âges, n'importe où et n'importe quand au Brésil © RF/GA)

Pelé, le roi ambassadeur

Nation la plus sacrée avec cinq titres de champion du monde et fournisseuse de stars, le Brésil possède un terreau propice pour créer des vocations et entretenir la flamme auprès des habitants et des supporters. A l'image de Filipe qui vient jouer tous les week-ends avec ses amis dans un quartier de Rio : "C'est un rituel : nous touchons une ou deux heures le ballon avant d'aller regarder les rencontres du championnat brésilien." , sourit cet étudiant. "Là, nous allons encourager la Seleçao pour le Mondial car c'est comme si c'est nous qui jouions avec eux" .

Le Brésil possède également un VRP de luxe : Pelé. Considéré par beaucoup de spécialistes comme le plus grand joueur de tous les temps, le "roi" a permis de mettre un coup de projecteur sur le pays auriverde et son "foot samba" avec trois sacres (1958, 1962 et 1970). Pour l'homme qui a inscrit plus de mille buts, c'est simple : "Le Mondial, c'est le tournoi qui a permis au Brésil d'être connu dans le monde, a récemment expliqué Pelé. Moi j'ai commencé par un Mondial en 1958 en Suède, quand j'avais 17 ans. Personne ne nous connaissait. Personne, aucun journaliste, n'était venu nous voir. Le Brésil est devenu connu grâce au Mondial" .

A tel point que - malgré un contexte socio-économique compliqué -, la ville de Sao Paulo a décrété un jour férié à l'occasion de l'ouverture de la compétition. Au même titre qu'une fête religieuse.

  (Le mythique stade Maracanã, temple du football implanté à Rio  © Maxppp)

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