Quels sont les secrets de la Ligue 1 dévoilés par le "footballeur masqué" ?
La "Gorge profonde" du football français veut rétablir la vérité sur les coulisses du championnat de France.
C'est l'histoire d'un footballeur qui a fait ses classes en Ligue 1, est passé par le PSG, Monaco, l'OM, qui s'est expatrié en Angleterre et en Russie et dont des millions d'enfants ont collé la vignette Panini. Sans qu'elle soit forcément la plus recherchée.
Jeudi 22 janvier, un livre intitulé Je suis le footballeur masqué prétend dévoiler, outre quelques récits sur la sexualité débridée des pousse-citrouille, les coulisses du football français. Pas toujours aussi reluisantes que dans les albums Panini. Parce que "dans certains livres sur le foot, j'ai l'impression de lire un conte de Noël pour faire rêver les enfants", tacle son mystérieux auteur.
L'entraîneur à la française, 0% pédagogue, 0% classe
L'entraîneur français est un produit d'export. On compte cinq sélectionneurs français sur les seize équipes qui participent à la Coupe d'Afrique des nations. Pourtant, leur formation n'est pas toujours satisfaisante, dénonce le "footballeur masqué". La Direction technique nationale, qui forme les coachs français, en prend pour son grade. "Ils savent se tenir debout à côté d'un paperboard, mais ça ne veut pas dire qu'ils sont bons. (…) Ce sont des entraîneurs tacticiens. Ils se creusent la tête, ils se masturbent l'esprit pour le jeu. Un schéma, un seul. On apprend tous la même chose. Sauf qu'ils sont incapables de gérer un groupe. (…) Faire passer un message, être compris, c'est ce qu'il y a de plus difficile."
Le dress code des entraîneurs tricolores laisse encore à désirer. Le survêt façon Guy Roux ne devrait plus être possible en 2015. "Comment être crédible après et dire aux joueurs : 'ne mettez pas vos casquettes', 'enlevez vos casques' ? (…) Les joueurs adorent la sape. L'image est primordiale. Le coach doit savoir ça. Et se respecter pour l'être à son tour." Prenez Didier Deschamps, qui avait pris quelques kilos superflus lors de sa dernière saison à Marseille, finie à une piteuse 10e place. "C'était devenu un Bibendum. Il s'est complètement laissé aller." Une fois nommé sélectionneur des Bleus, il a fondu après une cure dans un institut réputé, en Italie. "Ça se voit qu'il s'est repris en main."
Les chaussures fluo, imposées par les sponsors
Une anecdote qui va faire pleurer les nostalgiques des chaussures noires, qui étaient encore la norme il y a vingt ans : "Moi j'aimais bien les Adidas Pure, les Copa, leur côté vintage revisité. Malheureusement, j'ai dû jouer avec des Nike jaune fluo. Je n'en voulais pas. Parfois, je maquillais mes chaussures en noir. Le sponsor appelait le club, et me remettait dans le droit chemin du jaune flashy."
Désormais, les chaussures bariolées sont quasiment partout. Ce n'était pas le cas aux débuts du "footballeur masqué", dans les années 1990 : "Quand j'ai commencé, il n'y avait que Marco Simone qui jouait en chaussures blanches. Il savait qu'il jouait bien, que c'était lui la vedette. Beckham a démarré en chaussures blanches. Il fallait toujours que le mec soit bon pour se permettre ça. Toi, si tu essayais des chaussures blanches, on te disait vite d'en remettre des noires. Tu te faisais chambrer."
Un joueur est prêt à manger des pâtes pendant des mois pour une voiture
"La plupart des joueurs sont influençables. Ils ne font pas confiance à leur propre goût. Ils n'en ont pas. Ils copient et font confiance à ce qui est cher", écrit le "footballeur masqué". D'où la soudaine mode des Bentley sur les parkings des terrains de Ligue 1, même chez les plus jeunes joueurs qui n'en avaient pas les moyens. "A Lille, il y avait des jeunes qui mangeaient du poulet et des chips à la fin du mois" pour payer le crédit indispensable à l'acquisition de cette voiture de luxe dont le prix tourne autour de 200 000 euros, poursuit-il. "Mais honnêtement, qu'est-ce que tu as besoin d'avoir une Bentley ?"
D'autant plus que de nombreux clubs, y compris Manchester United, imposent aux joueurs de venir dans la voiture offerte par le sponsor du club. Au début des années 2000, à Sedan, alors en D1, les joueurs étaient obligés de venir dans la Smart aux couleurs du club (rouge et vert), avec leur numéro de maillot peint sur la carrosserie.
Les politiques, premiers à s'incruster dans les vestiaires
N'allez pas croire que Roselyne Bachelot, qui zieutait les rugbymen du XV de France sous la douche, est une exception. Même après un match de championnat, il y a du beau linge dans le vestiaire du PSG, raconte le "footballeur masqué" : "Au Parc, Sarkozy est un habitué. Chirac venait aussi. Là ça va, on connaît, on reconnaît. Parfois, c'est un chef de cabinet d'untel ou untel. On nous fait passer le message en nous précisant l'importance de la personne qui débarque dans le vestiaire alors que tu as le cul à l'air. Une petite brune avec des lunettes qui ne payait pas de mine venait très régulièrement. Chef de cabinet de Chirac, quand même."
Les choses se compliquent à Monaco, où le joueur de l'ASM doit être un minimum physionomiste pour repérer les gens qui accompagnent le prince Albert dans les vestiaires de Louis-II, pour qui le "bonjour, votre Altesse Sérénissime" est de rigueur. Selon que le visiteur fait partie ou pas de la famille princière, le salut doit être différent. "Si tu n'es pas le premier à saluer, tu fais ce qu'ont fait les autres. Tu répètes bêtement. Au moins, si le protocole est foiré, il l'est pour tout le monde."
Chez les femmes de joueurs aussi, il y a les titulaires et les remplaçantes
Dans son autobiographie, Sidney Govou raconte avoir assisté à un "concours de sacs Vuitton" entre les femmes des joueurs de l'équipe de France lors de la funeste Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud. La vérité du terrain rejaillit dans la tribune où prennent place les familles des joueurs. Le "footballeur masqué" détaille : "Les femmes sont prioritaires sur les copines. Et celles des joueurs importants plus que celles des remplaçants. Hiérarchie dans le vestiaire et en tribune pour l'entourage. La femme du remplaçant doit prendre place plus haut, plus loin du champagne. Il en va de la bonne vie du groupe."
A l'OM, quand le Stade Vélodrome n'était pas encore couvert, un terrible orage avait éclaté pendant un match. La femme du défenseur argentin Gabriel Heinze, alors enceinte, avait voulu trouver refuge dans une loge, occupée par les amis du défenseur Souleymane Diawara, qui ne l'avaient pas laissé entrer. "Elle n'a fait aucun scandale, mais c'est revenu aux oreilles de Gabi. Soulé était gêné."
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